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Mondial: pour les Iraniens, le dragon gallois s'est mis à genou devant le guépard

Aussitôt sifflée la fin du match victorieux contre le pays de Galles (2-0), vendredi au Qatar, les Iraniens sont sortis dans les rues pour laisser exploser leur joie après deux mois de violences ayant suivi la mort de Mahsa Amini, 22 ans, arrêtée pour avoir mal porté le voile islamique.

Les visages crispés et fermés des derniers jours sont devenus tout sourire sur la place Shohada (des Martyrs), dans un quartier populaire du centre de Téhéran.

Au milieu des drapeaux, des parents dansaient avec leurs enfants sur leurs épaules, au son des trompettes en plastique et de la musique qui s'échappait des voitures totalement immobilisées dans un immense embouteillage.

Devant une mosquée de Saadat Abad, un quartier huppé de la capitale, les klaxons des automobiles couvraient les cris de joie, car en un peu plus de 90 minutes les Guépards iraniens ont offert un formidable cadeau à une population éprouvée, en réussissant à mettre à genou les Dragons gallois.

De quoi relancer l'espoir d'une qualification pour les huitièmes de finale de ce Mondial au Qatar, ce qui serait une première dans l'histoire de la "Team Melli" et qui va dépendre du match hautement symbolique contre les Etats-Unis, mardi dans le Groupe B.

"Je me réjouis de cette victoire, a dit Mehdi 18 ans, car ma passion ce n'est pas la politique mais le foot. En plus je suis heureux que le gardien ait lavé l'humiliante défaite de lundi où il a encaissé six buts", lors du premier match contre l'Angleterre (6-2).

"Le match précédent, nous subissions une terrible pression en raison de la situation dans le pays, mais aujourd'hui nous avions décidé de jouer notre va-tout", a confié Reza, 24 ans venu regarder le match avec un ami.

- "C'est nous qui avons gagné" -

L'ambiance avait changé. Cette fois, l'équipe a entonné l'hymne national et dans les tribunes le public n'a pas scandé de slogan hostile à la "Team Melli", comme contre l'Angleterre.

Le désamour entre une partie du public et l'équipe nationale semble s'être estompé et les reproches qui lui étaient adressés ont laissé la place à des applaudissements.

Deux femmes, la cinquantaine, n'ont toutefois pas pardonné. "Nous avions toujours soutenu l’équipe nationale mais pas cette fois. Nous sommes en deuil pour les jeunes tombés durant les manifestations", a confié Fariba.

La police était omniprésente dans les rues comme ces deux derniers mois, mais cette fois pas pour frapper.

Dans la célèbre avenue Valiasr, la plus longue artère de la capitale, une escouade de policiers anti-émeute à moto ne faisaient pas tournoyer leur matraque en circulant mais tenaient un grand drapeau iranien.

Dans plusieurs autres villes du pays, l'ambiance était également festive, selon des images de la télévision officielle, même là où le sang a coulé comme à Zahedan, au Sistan-Balouchistan, où les affrontements des dernières semaines ont fait des dizaines de morts selon le bilan de l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège.

Pour Jaffar, un ouvrier de 48 ans de la province de Guilan (nord), "cette victoire nous fait du bien. C'est notre équipe nationale, pas celle du gouvernement, qui a remporté la victoire. C'est nous qui avons gagné".

Arman, 28 ans, ne partage pas cette opinion. "Cette équipe m'est totalement indifférente. Pour l'instant, les blessures ne sont pas cicatrisées".

les joueurs iraniens ont notamment été vivement critiqués par les opposants pour avoir accepté d'être reçus par le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi avant leur départ pour le Qatar.

Ce dernier a remercié dans un communiqué "l'ensemble de l'équipe nationale qui s'est battue de toutes ses forces pour offrir au peuple le goût agréable de la victoire".

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