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Malgré deux tirs au but arrêtés pour justifier le choix culotté de son sélectionneur, la gardienne N.3 des Bleues Solène Durand a failli devenir l'héroïne française contre l'Australie au Mondial, mais elle a cédé au bout d'une séance étouffante.
Hervé Renard a longtemps cru tenir le coup de poker de la décennie dans le football féminin en envoyant l'ancienne Guingampaise faire face aux Australiennes - et à tout un stade - sur sa ligne de but.
"C'était le plan pour les penalties de faire rentrer Solène Durand, nous connaissons ses qualités, elle est incroyable. Elle a arrêté deux penalties, même trois (un poteau, NDLR). Si on avait gagné ce soir, j'aurais été le roi du monde, mais ce soir je ne suis rien car nous avons perdu pour quelques millimètres", a réagi le sélectionneur.
Le "sorcier" blanc, adepte de ces signes du destin, a vu la réussite le quitter au bout d'une interminable séance de tirs au but, qui a vu 20 joueuses s'élancer et quatre Tricolores manquer leur tentative.
Tout avait été fait, pourtant, pour brouiller les cartes et offrir au football français une deuxième demi-finale de Coupe du monde féminine après 2011, au bout de deux heures et demie d'un combat sans répit, à haute pression.
"Tout avait été préparé... On aurait aimé une meilleure finalité mais c'est le football, il faut un vainqueur. Les poteaux ont souri aux Australiennes, pas pour nous. On sortira grandies de cette expérience", a regretté Durand, les yeux embués.
Toute de rose vêtue, floquée de son N.1, la portière récemment transférée à Sassuolo a pourtant fait passer des frissons à tout le public australien, en se préparant à entrer après 122 minutes de jeu. La titulaire Pauline Peyraud-Magnin n'était pas surprise: le scénario était prévu de longue date car les Bleues s'y sont préparées depuis des semaines, dans le secret de leurs séances d'entraînement.
- "Moment incroyable" -
Le câlin entre les deux gardiennes au moment du changement, sans ressentiment, aurait pu devenir l'image de cette soirée à Brisbane, avant une séance haletante, jouée devant 49.000 supporters en folie.
"Ce moment était incroyable. Juste pour elle, j'aurais voulu que ça passe", s'est émue Peyraud-Magnin, impressionnée par la performance de sa coéquipière.
L'ancienne gardienne de Guingamp (28 ans), surprise de la liste des 23 pour le Mondial, peut-elle s'en vouloir ?
Avec un visage concentré, presque détaché, elle a détourné avec autorité deux tentatives, celle de Stef Catley puis celle de Clare Hunt. Mais sa main fut trop peu ferme sur le tir de Katrina Gorry, qui aurait pu faire basculer la séance du bon côté.
Ce scénario rare dans le football aurait pu faire mouche, comme l'entrée devenue historique du Néerlandais Tim Krul à la place de Jasper Cillessen au Mondial-2014 contre le Costa Rica. Lui aussi avait stoppé deux deux tirs au but. Mais lui avait qualifié son équipe.
Les Australiens, chez les hommes, avaient eux aussi réussi pareil exploit pour se qualifier pour le dernier Mondial au Qatar, en barrages contre le Pérou... Mais les Bleues n'ont pas su faire revenir le boomerang sur l'équipe organisatrice.
Les échecs successifs de Selma Bacha, Eve Périsset, Kenza Dali et Vicki Becho, inconsolable à 19 ans, n'ont pas permis, cette fois, à l'équipe la plus culottée de l'emporter...
Près de huit mois après une séance de tirs au but maudite à Doha chez les garçons contre l'Argentine de Lionel Messi, le foot français est encore victime de ces séances souvent comparées à des loteries.
"Ca s'est joué à peu de choses. Quand Solène arrête le premier, on se dit que c'est pour nous", s'est désolée la capitaine Wendie Renard après cette fin cruelle. "Une fois, deux fois, mais la troisième va au fond, malheureusement pour nous".
La malédiction continue pour la France lors des séances de tirs au but: les Bleues ont été éliminée pour la 4e fois en cinq séances de tirs au but disputées dans son histoire en tournois majeurs (Coupe du Monde, Euro et Jeux Olympiques), à chaque fois au stade des quarts de finale.