Accueil Sport

PSG-Basaksehir: on a reconstruit la scène minute par minute

Le Paris Saint-Germain et le Basaksehir Istanbul jouaient leur match de Ligue des champions depuis moins d'un quart d'heure quand la rencontre a été interrompue sur fond d'accusations de racisme portées par les Turcs contre le quatrième arbitre, une première dans l'histoire de la C1.

Entre le Basaksehir, déjà éliminé, et le Paris SG, presque qualifié pour les huitièmes de finale, le score est toujours de 0-0 et il n'y a encore eu aucune occasion franche.

Sur le terrain, l'ambiance est tendue. Neymar subit des fautes chaque fois qu'il a le ballon. Dans le premier quart d'heure de jeu, deux joueurs du Basaksehir, Mahmut Tekdemir (10e) puis Rafael (12e), sont sanctionnés d'un carton jaune.

"Shame on you!" ("C'est honteux!"), lance un défenseur du Basaksehir après une décision de l'arbitre, Ovidiu Hategan.

Le Roumain, âgé de 40 ans, est un vieux routier de la Ligue des champions, où il arbitre depuis 2011, avec plus d'une trentaine de matches à son actif.

"Pourquoi dites-vous 'ce noir'?"

Mais après un nouvel accrochage, cette fois impliquant le défenseur parisien Presnel Kimpembe, le ton monte sur le banc de touche du Basaksehir.

Pierre Achille Webo, assistant camerounais de l'entraîneur turc Okan Buruk, conteste une décision de l'arbitre.

S'ensuit une discussion, en roumain, entre Ovidiu Hategan et le quatrième arbitre, Sebastian Coltescu, roumain lui aussi.

L'arbitre inflige un carton rouge à Webo, lequel proteste en anglais, affirmant avoir entendu "negro", terme très imprégné de racisme en français et anglais, dans la bouche de Sebastian Coltescu.

La tension monte et tandis que le chronomètre continue de tourner, les joueurs des deux équipes et le corps arbitral se réunissent au bord du terrain.

Selon des images télévisées, le Sénégalais du Basaksehir Demba Ba, remplaçant, proteste auprès du quatrième arbitre. "Vous ne dites jamais 'ce Blanc', vous dites 'celui-là', alors quand vous parlez d'un homme noir, pourquoi dites-vous +ce Noir+?", s'emporte-t-il.

Sebastian Coltescu rétorquent en évoquant la langue roumaine, dans laquelle "negru" ("noir") n'a pas de connotation raciste.

Selon des extraits de la conversation entre les deux arbitres diffusés à la télévision et traduits par un journaliste de l'AFP, le quatrième arbitre dit en roumain "Le noir là-bas. Ce n'est pas possible. Allez vérifier qui c'est. Celui-là, le noir".

Poings levés

Au bout de dix minutes d'explications, les joueurs du club turc quittent la pelouse, suivis par ceux du PSG, sous quelques applaudissements du staff dans le Parc des Princes à huis clos.

Selon le PSG, "l'arbitre a invité les deux équipes à regagner leur vestiaire respectif".

"Le quatrième arbitre a dit 'negro' devant tout le monde ! Si le quatrième arbitre est écarté du terrain, alors nous reprendrons. Si le quatrième arbitre reste sur le terrain, alors Basaksehir ne reviendra pas", déclare le président du club Göksel Gümüsdag à la chaîne de télévision turque TRT Spor.

Les réseaux sociaux s'emballent. Le Basaksehir tweete le slogan de l'UEFA "No to racism/Respect", accompagné d'emojis représentant des poings levés, blanc et noir.

Des joueurs de toute l'Europe embrayent en partageant ces poings: le Brésilien d'Everton Richarlison, puis les Turcs du Championnat de France Umut Bozok (Lorient) et Yusuf Yazici (Lille).

Puis l'affaire prend une tournure politique. Après plusieurs ministres, le président turc Recep Tayyip Erdogan, réputé très proche des dirigeants du Basaksehir, "condamne fermement les propos racistes tenus à l'encontre de Pierre Webo, membre du staff technique de Basaksehir". Sur Twitter, il se dit "convaincu que l'UEFA prendra les mesures qui s'imposent".

Les joueurs du PSG Presnel Kimpembe et Kylian Mbappé dénoncent eux aussi le racisme, le premier en partageant sur Instagram "No to racism", le second en affirmant "M. Webo nous sommes avec vous", accompagné d'un poing levé.

Au bout de la soirée, lorsque les autres matches de poules sont déjà terminés, scellant la qualification du PSG quoi qu'il arrive, l'officialisation arrive: la fin du match sera jouée le lendemain.

À lire aussi

Sélectionné pour vous