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Soupçons d'agressions sexuelles: prison avec sursis requise contre Pierre Ménès, qui dénonce un "coup monté"

Appelant à sanctionner un "abus de notoriété", le parquet a requis mercredi de la prison avec sursis contre l'ex-chroniqueur vedette de Canal+ Pierre Ménès, soupçonné d'agressions sexuelles qu'il conteste catégoriquement en dénonçant notamment un "coup monté".

Le journaliste sportif de 59 ans, qui a quitté la chaîne à l'été 2021 après la diffusion d'un documentaire sur le sexisme dans les rédactions, était jugé dans une affaire distincte concernant trois soupçons d'attouchements en 2018 et 2021.

Au cours d'une audience de plus de cinq heures, le tribunal a d'abord examiné des faits remontant au 18 juin 2018, dans le magasin Nike situé sur les Champs-Elysées, où Pierre Ménès se rendait régulièrement.

Selon une vendeuse qui a porté plainte, à son arrivée ce jour-là, elle lui a proposé de l'aide pour choisir des chaussures. "J'en ai déjà 18 chez moi", "je viens pour la beauté des vendeuses", lui aurait-il répliqué, en lui caressant le dos "jusqu'aux fesses".

Une seconde vendeuse a expliqué qu'il lui avait "pris les mains" en "entrelaçant ses doigts", qu'il avait "collé sa poitrine à la (sienne)", puis désigné se seins en disant: +c'est énorme+". Elle a en outre indiqué qu'il était passé derrière elle "en se frottant", "le sexe contre (ses) fesses".

Arrivé au tribunal avec des béquilles, Pierre Ménès, qui dit souffrir de graves problèmes de santé, a comparu à la barre assis sur une chaise.

Il a affirmé ne pas se souvenir "du tout" de la première vendeuse et, concernant la seconde, parlé d'une femme qui "fait quasiment (sa) taille. Elle était au rayon basket et pour rigoler j'ai fait un check comme font les basketteurs, torse contre torse".

Il a invoqué ensuite la "géographie" du magasin Nike, disant être passé près d'elle sans intention sexuelle: "objectivement, il n'y avait pas de place".

Relevant le "déséquilibre" entre lui, "personnalité connue" et la vendeuse, "liée par son entreprise", le président l'a interrogé: "est-ce qu'avec le recul, cela vous semble approprié ?"

"Aujourd'hui, tout geste envers une femme est inapproprié", a répondu Pierre Ménès. "Je vous parle avec mon expérience, ce que je vis depuis deux ans, donc effectivement mes rapports avec les femmes, d'abord j'en ai plus, et puis ils ont totalement changé".

- "Banalisation" -

L'ex-chroniqueur du "Canal Football Club" a quitté l'entreprise le 1er juillet 2021, mettant fin à près de douze ans de collaboration, après un scandale lié à la diffusion du documentaire "Je suis une journaliste, je ne suis pas une salope".

Des accusations découlant de ce documentaire font l'objet d'une enquête à Nanterre pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel.

Mercredi, Pierre Ménès devait aussi s'expliquer sur d'autres soupçons à la mi-temps du match PSG-Nantes le 20 novembre 2021 au Parc des Princes.

Une hôtesse d'accueil, qui n'a pas porté plainte, a signalé qu'elle s'occupait d'un client quand elle a senti qu'on lui touchait brièvement la poitrine et le ventre. "Restée figée", elle a expliqué avoir alors reconnu Pierre Ménès à quelques pas.

"Je suis tombé des nues" puis "j'ai tout de suite pensé à un coup monté", a assuré le prévenu. A l'époque, après son "départ négocié" de Canal+, "j'avais rebondi", mais "cette histoire, ça a été le coup de grâce".

Une affirmation balayée par la procureure, qui a souligné que les trois femmes, absentes de l'audience et non-représentées par un avocat, "n'ont rien à avoir avec le milieu de la télévision et du journalisme" et "ne demandent pas un centime".

"On n'est pas là simplement dans des traits d'humour (...) on est dans la banalisation de comportements qui sont sur le plan pénal répréhensibles" et qui "correspondent à une sorte d'abus de notoriété, de pouvoir", a-t-elle insisté, demandant huit mois de prison avec sursis et 6.000 euros d'amende.

Des réquisitions "colossales" et "complètement en décalage avec la réalité", s'est insurgée pour la défense Caroline Wassermann, fustigeant un "dossier complètement vide, avec des témoins qui ne sont pas là, des vidéos qui ne sont pas là, des victimes qui ne sont pas là".

Avec son confrère Arash Derambarsh, elle a plaidé la relaxe pour "un homme à terre qui a tout perdu".

Jugement le 19 avril.

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