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Finale de la Ligue des champions: Jürgen Klopp et la malédiction des finales

Le Real Madrid, double tenant du titre avec Zinédine Zidane aux commandes, affronte le Liverpool de Mohamed Salah en finale de la Ligue des champions samedi à Kiev (20h45). Une rencontre à suivre en télé dès 20h20 sur RTL-TVI, sur notre site internet ou notre application RTLinfo.

Il a réveillé la légende oubliée de Liverpool, son équipe fait rugir le public des Reds et son parcours en Ligue des champions fait des envieux dans toute l'Europe. Mais Jürgen Klopp a un défaut fâcheux: ses équipes ont (presque) toujours perdu en finale.

Pendant 45 minutes, il avait pu y croire. A la mi-temps de la finale d'Europa League 2016, face au Séville d'Unai Emery, le Liverpool qu'il commençait à construire menait 1-0, aurait pu inscrire deux autres buts et semblait bien parti pour emporter le trophée. Et puis la malédiction a rattrapé Jürgen Klopp, finalement défait 3-1 par les Espagnols.

L'Allemand de 50 ans n'a gagné qu'une seule de ses six finales, en Coupe d'Allemagne en 2012 avec le Borussia Dortmund (5-2 face au Bayern Munich).

Depuis, une défaite en finale de Ligue des champions (2013), deux en finale de Coupe d'Allemagne (2014, 2015), une en Coupe de la Ligue d'Angleterre (2016) et donc l'Europa League 2016 ont fini d'asseoir l'embarrassante légende du perdant magnifique, "beautiful loser", par opposition au statut de "normal one" que revendiquait l'Allemand à son arrivée à Liverpool, en 2015.

"Le fait est qu'à chaque fois, hormis contre Séville, son équipe était le challenger, pas le favori", plaide Raphael Honigstein, auteur de "Bring the noise", une biographie fouillée de la rockstar de Liverpool.

"Il n'est pas un entraîneur 'challenger' par essence, mais les équipes qu'il a coachées étaient de ce niveau. Le Borussia Dortmund ne pouvait être durablement compétitif par rapport au Bayern Munich", poursuit-il. "Et Liverpool n'a pas la puissance financière des deux Manchester".

Les Reds ont pourtant réussi à éliminer sans sourciller le puissant Manchester City, pour atteindre les demi-finales de la Ligue des champions (3-0, 2-1). Mais en finale, le challenge est encore supérieur, face à un Real au ratio inversement proportionnel à celui de Klopp: 12 victoires en 15 finales, dont les 6 dernières (1998, 2000, 2002, 2014, 2016, 2017).

Cela n'empêche pas les Madrilènes d'être méfiants. Toni Kroos, qui a rencontré sept fois une équipe coachée par son compatriote quand il jouait au Bayern Munich, n'a remporté qu'une seule des confrontations: "C'est toujours difficile de jouer ses équipes", a-t-il prévenu tandis que Zinédine Zidane a salué, avec son flegme habituel, "un formidable entraîneur".

"Il l'a déjà démontré à Dortmund, qu'il a pris en main il y a longtemps pour faire un travail formidable, et ce qu'il est en train de faire à Liverpool, pas seulement en Champions League mais aussi en championnat... Respect", a encore expliqué l'entraîneur du Real mardi.

Les états de service de Klopp sont en effet spectaculaires. Joueur médiocre à Mayence, il passe sur le banc à 34 ans, en 2001, un peu en dernier recours, et conduit le club jusqu'à l'élite pour la première fois de son histoire, en 2005.

Passionnant consultant TV lors du Mondial-2006, le grand (1,93 m) blond aux joues mangées par une barbe négligée rend ensuite à partir de 2008 son lustre au Borussia Dortmund à l'aide d'une tactique ébouriffante: pressing à la gorge et contres foudroyants, jusqu'à un improbable doublé Coupe-championnat d'Allemagne en 2012 au pays du Bayern Munich, déjà coiffé en 2011.

Et après sept années magnifiques à Dortmund, marquées aussi par la finale de Ligue des champions atteinte en 2013 (et... perdue contre le Bayern, 2-1), l'Allemand charismatique, aux célébrations insensées, a relevé le défi qui l'attendait à Liverpool. Avec succès jusqu'ici.

"C'était la bonne personne pour le poste, c'était clair même avant qu'il n'arrive", observe Raphael Honigstein. "Sa façon de faire conviendrait dans d'autres clubs, mais il aime davantage ce genre de club, et ce club aime davantage ce genre d'entraîneur".

"Il est capable de mettre l'ensemble du club, l'ensemble de la ville en mouvement, pour créer quelque chose, quelque chose qui lui permet, même sans être la meilleure équipe, de battre les meilleures équipes", ajoute-t-il à l'AFP.

Au point de battre le terrible Real Madrid? Après tout, la dernière fois que ce dernier a perdu une finale de Ligue des champions, c'était certes il y a 37 ans, en 1981, mais c'était face à Liverpool.

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