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L'incroyable histoire de Son Heung-min, la star sud-coréenne de Tottenham

Elevé à la dure par son entraîneur de père, ayant souffert de l'exil adolescent, la star sud-coréenne de Tottenham Son Heung-min a pris un versant difficile pour remporter la Ligue des champions. Mais celui-ci n'a jamais été aussi proche.

Mercredi, l'attaquant âgé de 26 ans, de retour de suspension, va tenter de conduire son équipe vers un exploit sur le terrain de l'Ajax Amsterdam lors de la demi-finale retour, comme il l'avait fait en quarts face à Manchester City, contre qui il a marqué trois fois.

A 8.500 kilomètres de là, son frère Son Heung-yun, de trois ans son aîné, sera collé à son écran.

Tous les deux ont été entraînés par leur père, Son Woong-jung, ancien footballeur professionnel qui entendait bien propulser ses fils au sommet à grands coups de discipline.

"Tout ce qu'on faisait tournait autour du football", raconte Heung-yun. "Notre père nous disait qu'il fallait qu'on se couche tôt pour jouer au football et qu'on devait bien manger pour jouer au football".

"Il disait que la vie était courte, qu'il fallait faire ce qui nous plaisait, et qu'il fallait chercher à le faire y compris en devenant un peu fou", poursuit-il.

La méthode du père était originale pour la Corée du Sud: elle se focalisait sur la technique, et moins sur la nécessité de gagner. Les deux frères enduraient aussi des séances d'entraînement quotidiennes très dures.

"Volonté de gagner"

Heung-yun se rappelle s'être entraîné à 13 ans un jour de Nouvel an glacial sur un terrain enneigé. Il s'était couvert les oreilles avec les mains pour les protéger du froid mais son père l'avait immédiatement réprimandé, comme souvent quand il pensait que ses enfants ne donnaient pas le meilleur d'eux-mêmes.

"On a été élevés à la dure", poursuit Heung-yun, aujourd'hui entraîneur à l'Académie de football SON de son père, à Chuncheon, à une centaine de kilomètres à l'est de Séoul.

"Notre père nous frappait beaucoup pendant l'entraînement, ce qui serait inimaginable aujourd'hui. Certains de nos voisins doutaient même qu'il soit notre père", explique-t-il.

Les deux garçons respectaient leur paternel, qui pouvait passer des heures à ôter le moindre caillou d'un terrain avant d'autoriser ses fils à s'y entraîner. Ce qu'il disait avait force de loi.

Toutefois, l'aîné allait souvent au clash avec le père, dont il avait hérité le tempérament colérique, à la différence du cadet qui acceptait tout.

"Même quand notre père le grondait, Heung-min était capable de hausser les épaules et de sourire", dit Heung-yun.

Espoir coréen mué en star européenne, la transformation de Son a commencé à l'académie de Hambourg, où il a débuté à l'âge de 16 ans.

Une adaptation difficile

Mais tout n'a pas été rose. Peu après son arrivée en Allemagne, Heung-min avait appelé sa famille pour lui dire qu'elle lui manquait, de même que le kimchi, plat traditionnel à base de chou fermenté qu'on trouve sur toutes les tables coréennes.

"Il n'avait jamais vraiment aimé le kimchi mais il pleurait, il disait qu'il voulait manger du kimchi et que la famille lui manquait", se souvient Heung-yun, ajoutant que son frère avait également été confronté à la barrière de la langue et au racisme.

Il avait dit à son frère qu'il devait surmonter les difficultés, avant que la famille toute entière ne déménage à Hambourg pour le soutenir.

En primaire, Heung-min mangeait des cochonneries et était plutôt rondouillard, dit son frère. Mais il était déterminé à devenir footballeur.

"Il savait ce qu'il voulait", ajoute Kwon Soon-young, un de ses professeurs de collège. "Il essayait d'apprendre l'anglais et tenait un journal où il écrivait qu'il réaliserait son rêve de devenir footballeur".

Son était brillant, sympathique et heureux, ajoute son frère. Tout en étant très compétitif.

"Heung-min comme moi avions le même but, jouer en équipe nationale, et en ce sens, je n'ai pas réussi, à la différence de lui".

Avec la sélection (77 sél.), dont il est le capitaine incontestable, Son n'a pas réussi à gagner la Coupe d'Asie, ni à sortir de sa poule de la Coupe du monde 2018. Il a même terminé en larmes après la défaite face au Mexique (2-1) qui scellait l'élimination précoce des Guerriers Taeguk.

Mais il "pleurait de rage", dit son frère. "Je crois qu'il faut le vouloir aussi fort pour gagner".

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