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Super Ligue: joueurs et anciens joueurs dénoncent "un crime contre le football"

"Tragique", "escrocs", "crime contre le football": les anciennes gloires du ballon rond, et quelques joueurs encore actifs, n'ont pas de mots assez durs lundi pour pourfendre le projet de Super Ligue privée présenté dimanche par douze grands clubs pour supplanter la Ligue des champions.

"C'est un acte criminel contre les fans, une honte, ce sont des escrocs", a hurlé Gary Neville, l'ancienne idole de Manchester United, l'un des clubs fondateurs de cette Super Ligue.

"Qu'ils soient sévèrement punis. Des amendes dissuasives, des retraits de points, qu'on leur retire leur titres !", a-t-il fulminé sur Sky dans un furieux monologue de trois minutes.

La même rage anime Rudi Völler, vainqueur de la Ligue des champions avec Marseille (1993) aujourd'hui dirigeant à Leverkusen: "Un crime contre le football !", s'est-il emporté. "Que ceux qui veulent jouer dans cette Ligue soient exclus de toutes les compétitions nationales, avec toutes les équipes, y compris les jeunes et les femmes. Ils doivent tous être virés !".

Et Völler d'accorder un satisfecit à Dortmund et au Bayern Munich, qui ont refusé de se joindre au groupe des douze: "Ça montre qu'ils ont du courage (contrairement à) Liverpool, où les fans chantent +You'll Never Walk Alone", c'est une honte".

Toujours chez les Allemands, le champion du monde 2014 Lukas Podolski crache sur un "projet dégueulasse, injuste (...) Je suis déçu que des clubs pour lesquels j'ai joué y soient associés", ajoute cet ancien d'Arsenal et de l'Inter Milan, deux des dissidents.

Parmi les joueurs en activité, le champion du monde français Benjamin Pavard a rappelé "les émotions indescrptibles" sucitées par l'actuelle Ligue des champions qu'il a remportée avec le Bayern la saison passée.

"Ce sont des émotions indescriptibles en tant que joueur, des souvenirs incroyables en tant que fan. C’est une compétition à laquelle tous les joueurs et tous les clubs doivent pouvoir aspirer s’ils le méritent", a-t-il expliqué sur son compte Twitter.

- "Les riches ont volé le foot" -

"Les enfants rêvent de gagner le Mondial ou la Ligue des champions, pas n'importe quelle Super Ligue", renchérit Mesut Özil, lui aussi champion du monde 2014 avec la Mannschaft. "Le plaisir des grands matches, c'est qu'on en joue un ou deux dans l'année, pas toutes les semaines", soupire l'ancien d'Arsenal.

Ander Herrera, joueur du PSG, vibre des mêmes émotions: "Je suis tombé amoureux du foot populaire, du foot des supporters, avec le rêve de voir le club de mon cœur jouer contre les plus grandes équipes. Si cette Super Ligue se concrétise, tous ces rêves vont disparaître (...) Les riches ont volé ce que les gens ont créé, et qui n'est rien d'autre que le plus beau sport de la planète".

Dans l'après-midi, le Portugais Bruno Fernandes, qui évolue pourtant à Manchester United, l'un des douze clubs renégats, a semblé lui aussi prendre position contre l'idée.

Sur son compte Instagram, il a partagé, en rajoutant la mention "les rêves ne peuvent s'acheter", la publication de son compatriote de Wolverhampton, Daniel Podence, qui exprimait son attachement à la C1 actuelle en évoquant "la volée de Zidane" ou la finale dramatique de Ligue des champions en 1999 où Manchester United avait renversé le Bayern dans le temps additionnel.

Le Real Madrid compte parmi les fondateurs de la Super Ligue, mais son ancien meneur de jeu Luis Figo s'en désole: "Cette démarche cupide et sans cœur serait un désastre pour notre base, pour le football féminin et pour toute la communauté du football dans son ensemble, juste pour servir les intérêts de propriétaires qui ont cessé depuis bien longtemps de s'intéresser à leurs fans et n'ont que mépris pour le mérite sportif. Tragique".

Ancien de Liverpool aujourd'hui au Zenit Saint-Petersbourg, Dejan Lovren estime lui que "le football sera dans un avenir proche au bord de l'effondrement total".

"Personne ne regarde le problème dans son ensemble, on ne voit que l'aspect financier (mais) je crois qu'on peut encore sortir de cette désagréable situation", dit-il cependant, dans un élan d'optimisme très peu partagé par ses pairs après ce séisme sur la planète foot.

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