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Sur les traces de Cavani à Naples: la "storia d'amore" inachevée

Que reste-t-il du règne napolitain d'Edinson Cavani ? Dans une ville qui voue un culte sans partage au légendaire Diego Maradona, le souvenir de l'attaquant uruguayen, idole du San Paolo de 2010 à 2013, ressemble davantage à celui d'un amour perdu... qui ne demande qu'à vite reprendre vie.

Pour mesurer la popularité d'une personnalité à Naples, le meilleur baromètre se trouve dans la vieille ville sur la Via San Gregorio Armeno, la fameuse ruelle des santons. Plus les figurines à votre effigie sont présentes sur les étals pris d'assaut par les touristes, plus vous êtes quelqu'un d'important.

Au milieu des innombrables répliques de Maradona, Marek Hamsik ou Lorenzo Insigne, les nouveaux princes de la cité, Cavani a, lui, complètement disparu. "Désolé je ne l'ai pas, s'excuse un vendeur. Mais essayez d'aller voir à +Di Virgilio+, il en reste sûrement une ou deux".

Quelques mètres plus loin, même son de cloche chez ce célèbre artisan de crèches de Noël napolitaines: "C'est fini, il n'y en a plus". Même Gonzalo Higuain, le "traître" parti à la Juventus Turin en 2016, a encore droit à son santon... quitte à être désormais représenté avec des cornes de diable !


De "saint" à simple star parmi les autres 

De Cavani, il ne reste plus qu'une photo où il pose avec sa figurine et Gennaro, le patron de l'enseigne familiale inaugurée en 1830. Qui comporte toutefois un détail important: le dessin d'une auréole au-dessus de sa tête, accompagné de l'inscription "santo subito" ("canonisez-le tout de suite !" en italien).

C'est dire à quel point le "Matador" avait réussi à conquérir l'affection de l'exigeant public napolitain... jusqu'au jour d'été 2013 où il a brisé le coeur des tifosi en ralliant le PSG contre 64 millions d'euros. De quoi faire disparaître quasiment toute trace de lui, plus de cinq ans après.

Edinson Cavani, arrivé de Naples, est présenté officiellement par le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi, le 16 juillet 2013 à Paris

"Son départ a été assez inattendu et donc assez douloureux", explique à l'AFP Daniele "Decibel" Bellini, le speaker du San Paolo. "Mais on ne peut pas comparer avec le départ de Higuain, tout simplement parce que Cavani n'est pas parti chez notre ennemi sportif absolu."

Si contrairement à l'Argentin, il n'a pas à craindre des insultes pour son retour au San Paolo, mardi en Ligue des champions, le taiseux uruguayen, pas forcément à l'aise à l'époque avec l'intense ferveur napolitaine, risque de ne pas vivre l'ovation espérée.

"Quand il y a eu l'amical Naples-PSG (à l'été 2014), +Pocho+ Lavezzi (ancien du Napoli, parti aussi au PSG) est venu vers moi, il m'a embrassé. Avec Cavani, c'était beaucoup moins chaleureux. Il est allé tout droit, il m'a salué, mais rien à voir avec le +Pocho+", se souvient Bellini.


Un retour possible ? 

Autre incompréhension chez les "Partenopei", son relatif isolement au milieu des Neymar et Kylian Mbappé, en inadéquation avec son statut de meilleur buteur de l'histoire du PSG. D'autant plus que sa relation technique avec les deux "cracks" parisiens est proche du néant depuis le début de saison.

"Le vrai +Matador+ est celui qui était à Naples parce que durant trois saisons, il a marqué 104 buts (en 138 matches)! Il était le roi, la grande star incontestée. Aujourd'hui à Paris, il n'est qu'une étoile parmi les autres", renchérit auprès de l'AFP Maurizio Nicita, journaliste à la Gazzetta dello Sport.

Le Parisien Edinson Cavani, alias "El Matador", au duel avec le défenseur du Napoli Kalidou Koulibaly en match amical, le 11 août 2014 à San Paolo

Il n'en fallait pas moins pour relancer les rumeurs d'un hypothétique retour à Naples, où Cavani a gardé des attaches familiales. Au point de provoquer, en août dernier, une scène cocasse à l'aéroport Capodichino: des centaines de tifosi se sont spontanément rendus sur place pour l'accueillir, après avoir lu sur les réseaux sociaux que son arrivée était imminente.

"On l'attend à bras ouverts", a confirmé le président napolitain Aurelio de Laurentiis sur RMC Sports, à la veille du match aller (2-2) fin octobre. "Le jour où Cavani acceptera de baisser son salaire, et voudra vivre auprès de ses deux enfants qui sont à Naples, il est le bienvenu".

"Cavani ? C'est prématuré d'évoquer ce genre de sujet, surtout que nous allons l'affronter dans seulement quelques jours !", a toutefois tempéré son entraîneur Carlo Ancelotti, vendredi sur Sky Sports. Si le "Matador" retrouve le sens du but dans son ancien jardin mardi, la machine à fantasme sera encore plus dure à arrêter !

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