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C1: l'esthète Guardiola enfin récompensé avec City

L'équilibriste Pep Guardiola, maître du beau jeu et des innovations, s'est réconcilié avec la Ligue des champions, douze ans après son dernier sacre, sa consécration à la tête de Manchester City samedi effaçant ses déconvenues passées.

Après 2009 et 2011, le roi retrouve enfin sa couronne!

A 52 ans, l'entraîneur espagnol referme une longue parenthèse de désillusions sur la scène européenne, une anomalie pour celui qui a empilé onze titres nationaux en quatorze saisons de championnat avec Barcelone, le Bayern puis les Citizens.

Alors, oui, la quête d'une nouvelle C1 était devenue pour lui un "rêve" et une "obsession" à la fois. "Pour réaliser des choses, il faut toujours avoir la bonne proportion d'obsession, de désir. L'obsession est un mot positif", a-t-il reconnu à la veille de la finale à Istanbul.

Le Catalan, considéré comme l'un des meilleurs entraîneurs de sa génération, s'est longtemps cassé les dents sur la Coupe aux grandes oreilles, de quoi alimenter les critiques en Angleterre, un pays qui aime le rabrouer au moindre faux-pas.

Ses choix tactiques ont été pointés du doigt après ses trois échecs consécutifs avec le Bayern dans le dernier carré, puis les cinq années qu'il a mis à passer les quarts avec City. La finale perdue en 2021 face à Chelsea a aussi noirci le tableau.

- "Un autre match" -

A Istanbul, le professeur a fait table rase du passé. "J'aimerais vous dire les leçons qu'on en retient, mais je ne peux pas. C'est un autre match, deux ans plus tard, avec des joueurs différents".

Contre les Blues, "les gens disent que mes choix étaient mauvais". Face à l'Inter Milan, "ce sera pareil, j'ai un plan, et si on gagne il sera bon", s'est-il amusé.

S'il a parfois "gambergé" en C1, sa capacité à innover, surprendre, s'adapter est pourtant sans conteste l'un des secrets de son incroyable longévité au plus haut niveau.

Vraie ou fausse modestie, lui a répondu vendredi que la clé du succès était plus prosaïque: "Avoir des bons joueurs. Avoir Messi dans le passé, et maintenant Haaland. Et je ne rigole pas, c'est la vérité", a-t-il répondu en conférence de presse.

Depuis son intronisation à City, en 2016, ses Sky Blues ont montré des visages très différents: l'équipe avec les feux-follets Leroy Sané et Raheem Sterling sur les ailes et le "tueur" Sergio Agüero dans l'axe, puis celle avec Bernardo Silva, Phil Foden, voire Ilkay Gündogan en "faux-neuf", lorsque les blessures d'Agüero et l'échec du recrutement d'Harry Kane, à l'été 2021, l'avaient laissé sans avant-centre.

Et si Erling Haaland, qui a comblé cette lacune l'été dernier, était un joueur aux antipodes de l'esthétisme recherché, les 52 buts du Norvégien pour sa première saison sont une nouvelle preuve du "QI football" unique du Catalan.

- Pouvoir de conviction -

"Pep vous fait comprendre que le football est plus simple que vous ne le pensez", a récemment expliqué Fernandinho, ancien capitaine emblématique des Citizens, dans un entretien avec Alan Shearer pour le site The Atheltic.

"Il a ce pouvoir de vous convaincre, de vous montrer, de vous démontrer quotidiennement dans ses séances d'entraînement, lors des causeries et surtout lors des matches, que tout ce qu'il vous raconte va se passer", a poursuivi le Brésilien, devenu meilleur "techniquement, tactiquement, physiquement" sous ses ordres.

Le technicien a su faire évoluer sa formation sans jamais renier ses principes. Et City a été constamment l'équipe avec la plus forte possession de balle, celle qui fait le moins de passes longues, subit le moins de tirs et a toujours été, ou peu s'en faut, la meilleure attaque en même temps que la meilleure défense.

"Fondamentalement, rien" n'a changé au fil des ans, a même affirmé Guardiola la semaine dernière.

"Je ne me souviens pas d'un match où je n'ai pas dit à mes joueurs de ne pas presser quand l'adversaire à le ballon, et je ne me souviens pas d'un jour où on n'a pas essayé de construire nos actions du mieux possible. Les fondamentaux ont toujours été rigoureusement les mêmes du premier jour à aujourd'hui", avait-il insisté.

En offrant la première Ligue des champions de son histoire à City, il vient de remporter douze trophées majeurs en sept saisons à Manchester.

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