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Journée décisive pour le football italien: à l'issue d'une réunion jeudi à 18h30, le ministre des Sports doit dire si la Serie A peut reprendre, près de trois mois après avoir été interrompue par la pandémie de coronavirus qui a très durement frappé le pays.
Le Championnat d'Allemagne est reparti, celui d'Espagne pourra le faire à partir du 8 juin et la Serie A espère désormais obtenir elle aussi un feu vert.
La décision devrait sortir du bureau du ministre des Sports Vincenzo Spadafora à l'issue de cette visioconférence en fin d'après-midi avec tous les principaux dirigeants du football italien, notamment le président de la fédération Gabriele Gravina et celui de la Ligue Paolo Dal Pino.
Pour ces deux hommes, qui depuis l'arrêt du championnat le 9 mars se battent pour réussir à le mener malgré tout à son terme, le scénario le plus favorable est celui d'une reprise du "calcio" le 13 juin.
Elle pourrait se faire avec les demi-finales de la Coupe d'Italie afin d'offrir aux tifosi un week-end de football en clair à la télévision, ce qui est l'un des chevaux de bataille du ministre Spadafora.
- Signal d'alarme -
Le scénario intermédiaire est celui d'une reprise le 20 juin, cohérente avec la ligne de prudence défendue depuis le début de la crise par le gouvernement, mais qui laisserait peu de respiration au sein d'un calendrier extrêmement chargé.
Et l'hypothèse du pire est celle d'un refus du gouvernement qui, comme en France, imposerait de tirer le rideau sur cette saison du coronavirus, maladie qui a fait plus de 33.000 morts en Italie.
Jusqu'à mercredi, la possibilité d'un stop définitif semblait écartée. Après deux mois de confinement très strict, l'Italie s'est progressivement remise en route et les chiffres quotidiens de diffusion de la maladie sont rassurants, même si le virus circule encore, notamment en Lombardie.
Mais un signal d'alarme a retenti à Bologne, où un "cas suspect" a été détecté au sein du staff de l'équipe. Dans l'attente des résultats définitifs, l'équipe est repassée à un entraînement individuel.
Surtout, tous les joueurs et les membres de l'encadrement devront, si le test positif est confirmé, se soumettre à une quarantaine de deux semaines. Et même si les entraînements pourront continuer, l'incident est venu rappeler la fragilité du fil sur lequel évoluent les partisans de la reprise.
Car au milieu d'autres questions toujours en suspens - fins de contrat au 30 juin, droits TV non payés par les diffuseurs, horaires des matches -, celle de la quarantaine est la plus épineuse.
Pour ne pas risquer de froisser le Comité technique et scientifique qui conseille le gouvernement et doit valider le protocole de reprise de la compétition, les instances du football n'ont pas cherché à assouplir cette quarantaine.
- Pièges et surprises -
Mais ils espèrent que les courbes du Covid-19 vont continuer à descendre pour pouvoir demander à ce qu'elle soit ramenée à sept jours et qu'elle ne soit plus collective.
"Je suis prêt à parier sur la reprise du championnat, mais avec cette règle de la quarantaine de 14 jours, les possibilités de le mener à son terme ne sont pas immenses", a résumé mercredi Enrico Castellacci, le président du syndicat des médecins du football.
"Je ne vais pas mettre en quarantaine des gens qui sont en pleine santé. On ne le fait pas s'il y a un cas positif dans une usine", a de son côté plaidé Ivo Pulcini, le médecin de la Lazio Rome, le club le plus engagé en faveur d'une reprise du championnat, dont elle occupe la deuxième place à un point seulement de la Juventus, leader.
Mais avant de parler de quarantaine aménagée, clubs et dirigeants doivent donc attendre le feu vert du ministre Spadafora qui, tout au long de la crise, a soufflé parfois le chaud et souvent le froid.
Le quotidien sportif Corriere dello Sport, partisan déclaré de la reprise, qualifie ainsi le ministre de "formidable spécialiste des pièges et des surprises".
"Spadafora, pas de blagues !", titre de son côté l'éditorialiste du quotidien Tuttosport. Qui rappelle aussi qu'avec 1% du PIB et plus de 1,2 milliard d'euros d'impôts versés à l'Etat, le football n'est pas un secteur anodin pour l'économie italienne.