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Avec une seule médaille, en argent, rapportée par Florent Manaudou sur 50 m dimanche, la natation française connaît son moins bon bilan olympique depuis plus de vingt ans et les Jeux de Sydney en 2000.
Si, à part Manaudou, certains nageurs installés n'ont pas présenté leur meilleur visage, la jeune génération, Maxime Grousset et Léon Marchand en tête, s'est montrée à la hauteur de sa première aventure olympique.
. Manaudou en "patriarche"
De l'argent comme en 2016, après l'or en 2012, grâce aux deux meilleurs chronos de sa deuxième carrière (21.53 en demi-finales et 21.55 en finale), le tout après un break post-Rio de trente mois avant de replonger au printemps 2019: Florent Manaudou a relevé son pari dans le bassin tokyoïte. Seule la fusée Caeleb Dressel l'a privé d'or.
Le directeur technique national Julien Issoulié ne tarit pas d'éloges sur le désormais triple médaillé olympique de l'aller simple.
"Il a été monstrueux à Londres (en 2012) en prenant tout le monde par surprise. A Rio, il ne passe pas loin de refaire un titre. Et là, avec tout ce qu'il s'est passé, il se remet dans le bon esprit, le bon relâchement. C'est un des plus grands sportifs français", estime-t-il.
"Médaillés olympiques sur trois éditions, ils sont peu nombreux. Et il est parmi ces athlètes d'une humilité incroyable, d'un charisme assez déconcertant, vraiment positifs pour l'environnement", salue Issoulié. "Quand on le met quelque part, ça aide tout le monde. Il est un peu le patriarche, mais il ne prend pas d'espace. On a de la chance d'en avoir un comme ça", salue Issoulié.
Est-ce que ça se poursuivra jusqu'en 2024 ? "Bien sûr que j'ai envie de vivre les Jeux dans mon pays, ça doit être incroyable, mais je ne sais pas quel sera mon niveau de performance", répond Manaudou.
. Au ralenti
Déjà médaillés au niveau mondial ou européen, ils sont trois en particulier à avoir nagé loin de leur meilleur niveau: Charlotte Bonnet, championne d'Europe 2018 du 200 m, Mehdy Metella, médaillé de bronze mondial 2017 du 100 m, et David Aubry, médaillé de bronze mondial 2019 du 800 m.
Mais ce n'est pas franchement une surprise, tant ils ont navigué à vue ces derniers mois, entre blessures et méforme persistante. Metella (29 ans) peine à se remettre d'une opération à une épaule en janvier 2020, Aubry d'une blessure à la même articulation en début d'année.
Si bien qu'aucun des trois n'a atteint la moindre finale individuelle, en six tentatives. Forcément pénalisant pour la natation bleue.
Fantine Lesaffre, championne d'Europe 2018 du 400 m 4 nages mais elle aussi en difficulté encore récemment, s'est bien glissée en finale, mais sans pouvoir se mêler à la lutte pour le podium.
La bonne nouvelle est venue de Marie Wattel (24 ans), trait d'union entre les deux générations, record personnel abaissé de plus de 8/10e sur 100 m papillon (6e) et émotionnellement, longtemps son talon d'Achille, au rendez-vous.
. La génération 2024 avec mention
"On savait que cette saison, ça allait être juste pour nous" mais "quatre ou cinq ont réussi à casser des plafonds de verre, et ça va les mettre dans une autre démarche", estime Issoulié.
"On avait notamment peur de l'enjeu et de leur capacité à passer les tours, or certains ont réussi à le faire, c'est positif", souligne-t-il.
On pense ici à Maxime Grousset (22 ans), prometteur quatrième du 100 m derrière le trio Dressel-Chalmers-Kolesnikov, plus d'une seconde retranchée à son record personnel en à peine plus de deux mois (de 48.56 à 47.52 en finale du 4x100 m à Tokyo). A Léon Marchand, qui a nagé dans les eaux de son record de France pour s'inviter en finale du 400 m 4 nages à 19 ans (6e).
Et, dans une moindre mesure, à Yohann Ndoye Brouard, capable de signer son meilleur chrono sur 100 m dos (52.77) au départ du 4x100 m 4 nages messieurs, quatre jours après sa mésaventure en demi-finales du 100 m dos, quand il a percuté le mur au virage. Ou encore à Cyrielle Duhamel, record personnel coup sur coup en séries et demi-finales du 200 m 4 nages.
Issoulié apprécie : "On a un bon terreau pour 2024".