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Lyon espère une décision "avant la fin mai" concernant les deux recours engagés devant le tribunal administratif sur l'arrêt prématuré du championnat, a déclaré mardi son président Jean-Michel Aulas, disant craindre des conséquences néfastes pour les résultats d'OL Groupe et le mercato en Ligue 1.
L'emblématique dirigeant, qui conteste le choix de la Ligue de football professionnel (LFP) d'arrêter la saison face à la pandémie de coronavirus, a précisé lors de la présentation des résultats financiers du groupe qu'il espérait une décision judiciaire "avant la fin mai, peut-être avant".
Ces deux recours portent d'une part sur la décision de mettre fin de manière anticipée à la saison et d'autre part sur les modalités d'arrêt du championnat et le mode de calcul du classement après la 28e journée, la dernière disputée.
En l'état, l'OL est classé 7e du championnat et pourrait ne pas participer à une coupe d'Europe la saison prochaine, une première depuis 1997, sauf s'il venait à gagner la finale de Coupe de la Ligue contre le Paris-SG (date à définir), voire gagner la Ligue des champions (actuellement arrêtée au stade des huitièmes de finale).
- Baisse de revenus redoutée au mercato -
Outre le manque à gagner lié à l'arrêt des rencontres, Lyon redoute aussi une perte de revenus sur la vente de ses joueurs, qui ne vont pas pouvoir se mettre en valeur dans les prochaines semaines alors que d'autres championnats européens ont choisi le scénario d'une reprise.
"On peut craindre que les traditionnelles ventes au 30 juin ne se fassent pas", a déploré Jean-Michel Aulas. "On va se priver de ce qui était la principale ressource du football français - 800 millions d'euros l'an dernier - que sont les droits de transfert."
Sur les neuf premiers mois de son exercice s'achevant fin juin, OL Groupe, la holding cotée qui coiffe le club, a dégagé un chiffre d'affaires de 265,7 millions d'euros, en hausse de 19%, selon un communiqué. Le produit des transferts, en hausse de 133% à 90,6 millions d'euros, a ainsi généré un tiers de l'activité totale du groupe.
Des chiffres "hyper-brillants", selon M. Aulas, avant que la crise sanitaire ne vienne tout remettre en cause.
"L'arrêt des compétitions, anormal et irraisonné, va poser d'énormes problèmes même si ça ne se voit pas au niveau du chiffre d'affaires au 31 mars", a-t-il redouté.
Le club est à l'arrêt quasi-total (seule perdure l'activité de e-commerce) depuis la mi-mars. La pandémie de Covid-19 lui a coûté 9 millions d'euros sur le trimestre écoulé, somme qui devrait monter à environ 50 millions sur l'exercice.
- "Inquiet pour le football français" -
En face, le groupe espère économiser de 35 à 40 millions d'euros, en partie du fait de la disparition mécanique des frais liés à la tenue des matches, mais aussi en réduisant sa masse salariale. Si les discussions sont toujours en cours avec les joueurs, les membres de la direction ont accepté une baisse de 15% de leur rémunération fixe (-30% pour M. Aulas).
Reste une impasse de 10 à 15 millions d'euros, correspondant peu ou prou au montant du bénéfice dégagé sur les six premiers mois de l'exercice. D'où l'importance du prochain mercato, pour lequel l'OL avoue avoir "peu de visibilité".
OL Groupe évoque aussi la possibilité d'un "complément de revenus" de 20,4 millions d'euros correspondant aux droits TV des matches de championnat non disputés.
Le groupe, qui affiche une trésorerie de 90 millions d'euros, négocie par ailleurs un prêt garanti par l'Etat.
A moyen terme, le groupe a confirmé ses objectifs à l'horizon 2023-24, en dépit de revenus de partenariats moindres qu'espérés.
"Je reste serein pour l'OL mais suis très inquiet pour le football français" a conclu Jean-Michel Aulas.