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Afin de lutter contre un marché "dicté par la spéculation", la Fifa a approuvé mercredi un ensemble de règles encadrant les transferts de joueurs et qui prévoient de plafonner les commissions parfois abusives des agents et de limiter les prêts de joueurs à des clubs étrangers.
Pour la Fifa, le cadre réglementaire actuellement en vigueur pour les agents "produit des résultats indésirables", le marché étant "dicté par la spéculation et non par la solidarité", selon un document confidentiel consulté par l'AFP.
Face à l'inflation des commissions touchées par certains agents, la commission des "partenaires" de la Fifa a donc décidé de plafonner à 6% la commission d'un agent sur le montant total du salaire contracté par le joueur.
Cette commission pourra aller au maximum jusqu'à 10% versés par le club vendeur pour un agent qui a négocié l'accord de transfert avec le club qui engage.
La Fifa va également rétablir une licence d'agents, délivrée par chaque fédération.
Ainsi, en 2016, l'agent Mino Raiola a touché 27 M EUR de la Juventus pour le transfert supérieur à 100 M EUR de Paul Pogba à Manchester United, soit plus de 25% de commissions.
Pour mieux les encadrer, ces commissions seront versées à un chambre de compensation créée par la Fifa avant d'être reversées aux agents. Cette chambre sera aussi chargée de reverser aux clubs les indemnités de formation des joueurs transférés.
"Certaines mesures ne plairont sans doute pas à certains agents, mais il y a eu un consensus sur ces mesures et plus d'un an de discussions", a expliqué un responsable de la Fifa à quelques médias présents au siège à Zurich, dont l'AFP. "C'est un pas en avant important vers la moralisation des transferts", a-t-il ajouté.
- 6 prêts à l'étranger maximum en 2022 -
Autre décision, la limitation à 8 du nombre de joueurs prêtés par un club à des clubs situés dans un autre pays, et ce, dès la prochaine saison (2020/2021). La règle s'aplique aux joueurs âgés de plus de 21 ans. Jusqu'à 21 ans, le nombre de prêts est illimité.
Ce chiffre devra descendre à 7 à partir de 2021/22 et à 6 à partir de 2022/23.
De nombreux clubs, "notamment ceux issus des championnats du Big 5, accumulent les joueurs" sous la forme de prêts, afin notamment d'affaiblir la concurrence, déplore la Fifa. Dans le viseur, des clubs comme Chelsea ou la Juventus.
Sur la période 2011-2017, "le record du nombre de joueurs prêtés par un seul et même club s'est ainsi élevé à 146 tandis que le club au 20e rang de ce classement a de son côté +placé+ 61 joueurs auprès d'autres équipes", souligne le document confidentiel de la Fifa.
Selon le Livre blanc de la FIFA réalisé en 2018 et cité dans ce document, "l'utilisation dérégulée du mécanisme des prêts permet à certains clubs d'augmenter sensiblement leur valeur sportive, notamment lorsqu’ils entretiennent une relation étroite avec un grand club leur prêtant régulièrement des joueurs. Les résultats des compétitions s’en retrouvent par conséquent faussés".
En parallèle, les clubs qui accumulent des joueurs "peuvent faire en sorte de ne pas les prêter dans des clubs qui sont considérés comme une menace dans les compétitions nationales ou internationales".
La Fifa va également augmenter l'indemnité versée aux clubs formateurs par les clubs qui recrutent un joueur.
"Le principe de cette réforme est bon car il faut limiter les prêts, mais le diable est dans les détails, il faut voir comment cela sera appliqué et que les choses positives ne deviennent pas négatives", a réagi pour l'AFP Philippe Piat, président de la Fifpro, le syndicat des joueurs, qui participait à cette réunion.
"On doit faire confiance aux organes de régulation pour de voir si les principes édictés ne sont pas galvaudés", a-t-il ajouté.
Les principes de cette réforme seront soumis pour approbation à la prochaine réunion du Conseil de la Fifa, le 24 octobre à Shanghai (Chine) avant d'être intégrés dans les règlements de la Fifa pour la saison 2020/2021.