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L'ancien attaquant international ivoirien Bonaventure Kalou se lance en politique

"Georges Weah et moi on était tous les deux footballeurs et on fait de la politique. On a tous les deux joué au Paris-Saint-Germain... mais la comparaison s'arrête là!", rigole l'ancien attaquant international ivoirien Bonaventure Kalou, candidat à la mairie de Vavoua (Centre-Ouest).

"Il est président, moi je veux devenir maire. On ne jouait pas au même poste!", ajoute-t-il en soulignant: "il a fait une plus belle carrière que moi mais surtout, c'est un modèle d'éthique. Il a des valeurs".

"Je veux aider ma ville qui n'a pas ce qu'elle mérite. C'est un grand centre agricole historique du pays qui produit cacao, café, anarcarde... Qui contribue beaucoup au PIB mais il n'y a rien. Les gens n'ont pas d'eau, d'électricité, il y a des ordures partout dans les rues, pas de routes goudronnées. Ce n'est pas normal!", souligne l'ancien footballeur, double vainqueur de la Coupe de France avec le PSG et Auxerre mais aussi du championnat néerlandais et de la C3 avec Feyenoord ou du championnat ivoirien avec l'Asec Mimosas.

Ville de 400.000 habitants selon le recensement de 2014, Vavoua qui en compte probablement plus de 500.000 aujourd'hui respire la pauvreté avec des routes boueuses parsemées de poubelles.

Même s'il est né à Oumé (centre), Bonaventure, qui s'exprime en gouro (ethnie de sa mère) comme en sokya (ethnie de son père décédé en 2016), est un enfant de la région.

Avec son frère Salomon Kalou, star du Hertha Berlin et de Chelsea, et un ami, ils ont mis en place, sur leurs deniers, la candidature indépendante, sans appui politicien.

"Plus fort dans nos diversités", affirme une des affiches électorales.

"On l'a montré en sélection, il y avait toutes les ethnies, toutes les religions", rappelle Kalou, 50 sélections, qui a été finaliste de la CAN 2006. "Pour gagner il faut jouer ensemble", explique Kalou dans une région meurtrie par une décennie de crise politico-militaire et son épilogue sanglant de 3.000 morts.

Dans la région, cohabitent plusieurs ethnies dont une diaspora burkinabè installée depuis plusieurs générations mais parfois en conflit foncier avec les "autochtones".

Sur ses affiches, le footballeur est en costume cravate et lunettes. Il ne veut pas filer systématiquement la métaphore footballistique: "Les gens savent qui je suis. Je veux parler des vrais problèmes. Il faut une véritable réconciliation nationale, apporter du travail aux gens, débarrasser les ordures de la ville", où sévit souvent la fièvre typhoïde, "amener le courant et l'eau, donner de l'éducation".

"C'est notre maire 'choco' (chocolat, bon). Quelqu'un qui ne va pas 'manger' (corruption). Lui il a déjà l'argent", lance une dame.

Le football revient toutefois très vite. "Kalou allait droit au but ballon au pied. A la mairie, il va faire pareil", affirme un des animateurs d'un meeting.

Ce mardi, Kalou était en campagne dans un campement de cultivateurs, Koffiblekro, 400 habitants environ. Une demi-heure de piste boueuse où s'enlisent des 4x4.

Il est accueilli en héros. "J'aime Kalou. Il ne marquait pas de faux buts. C'est lui qu'il nous faut", affirme René Bean, cultivateur d'un campement voisin. "On n'a pas d'eau. On doit marcher 5 km pour une pompe. Pas d'électricité. Au marché de Vavoua, il n'y a pas de place pour nos femmes. La route est mauvaise. Quand il pleut, on reste au campement et on ne peut pas vendre et si quelqu'un a besoin d'aller à l'hôpital...".

Kalou promet de réorganiser la mairie après un audit et "mieux gérer l'argent public: le changement ne peut venir que de nous". Il compte sur son nom tout en restant réaliste: "je peux présenter des projets mais il faut que ce soit rentable pour attirer les investisseurs".

La star n'a pas match gagné et devra dribbler deux autres candidats, dont celui de la coalition RHDP du président Alassane Ouattara et toute sa machine électorale.

Originaire de Vavoua, le candidat RHDP Dirassouba Saika, proche de la ministre de l'Education, est un homme neuf lui aussi même si le maire sortant est issu de son parti. Il tient un discours qui porte.

"Les populations sont venues nous demander de les sauver de l'insécurité grandissante, pour avoir le bitume, l'eau potable, l'électricité... Avant, Vavoua portait la région, mais aujourd'hui Vavoua est la dernière ville de la région", assure M. Saika, qui souligne sa proximité du pouvoir et sa faculté à obtenir des budgets dans un pays où la loi de décentralisation n'est pas appliquée.

Les budgets de mairies proviennent majoritairement de l'Etat. "Quand on fait de la politique, il faut préparer le terrain. Bonaventure Kalou est un frère mais le terrain politique n'a rien à voir avec le terrain sportif".

Résultat du match, samedi soir.

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