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Le Brésil annonce sa liste de joueurs pour une Copa América en suspens

Le Brésil a communiqué mercredi la liste de ses 24 joueurs appelés à disputer dès dimanche la Copa América à domicile, alors que le suspense demeure entier sur la tenue de la compétition, la Cour suprême brésilienne devant trancher cette question jeudi.

La star du Paris Saint-Germain Neymar, blessé lors de la précédente édition de la compétition en 2019, aura la charge de porter les Auriverdes jusqu'à leur 10ème titre dans la plus vieille compétition de football du monde.

A ses côtés, Thiago Silva (Chelsea), Marquinhos (Paris SG), Casemiro et Vinicius Jr (Real Madrid), Roberto Firmino (Liverpool) ou encore Gabriel Jesus (Manchester City), devraient être sur le terrain pour le match d'ouverture contre le Venezuela, dimanche à Brasilia, soit dans quatre jours.

Mais il faudrait pour cela que la compétition, prévue du 13 juin au 10 juillet, se tienne, ce qui n'est pas garanti. La Cour suprême statuera jeudi sur le sujet au cours "d'une session virtuelle extraordinaire d’une durée de 24 heures", a fait savoir l'instance mardi soir dans un communiqué.

Les 11 juges se prononceront en urgence en raison du caractère "exceptionnel" des recours présentés par un syndicat et un parti de gauche. Ce jugement aura lieu sans débat entre les magistrats, qui enverront leur vote écrit tour à tour, jeudi, de 00h00 à 23h59.

- Deux recours -

Leur décision représentera un énième rebondissement pour un tournoi qui devait se jouer initialement il y a un an, en Argentine et en Colombie, avant d'être reporté à cause de la pandémie de Covid-19.

Il y a huit jours, la Confédération sud-américaine de football (Conmebol) avait annoncé à la surprise générale que le Brésil allait accueillir l'évènement après les désistements de l'Argentine et de la Colombie, très affectées par le Covid-19, la Colombie étant en outre touchée par des troubles sociaux.

Le président d'extrême droite Jair Bolsonaro avait accepté aussitôt la requête de la Conmebol, déclenchant une avalanche de critiques dans un pays qui devrait atteindre, d'ici la fin du mois de juin, le chiffre d'un demi-million de morts de la pandémie, avec la menace d'une troisième vague ces prochaines semaines.

Mardi soir, les joueurs de la Seleçao avaient manifesté leur opposition au tournoi, mais en écartant toute possibilité de boycott, un temps envisagé. "Nous sommes contre l'organisation de la Copa América, mais nous ne dirons jamais non à la sélection brésilienne", ont-ils publié sur les réseaux sociaux.

- Bataille politique -

Les principaux sponsors ont également marqué leur mécontentement. Mastercard a annoncé mercredi retirer son logo de la compétition, une première depuis qu'il la parraine (1992). L'entreprise américaine honorera toutefois son contrat de sponsoring, dont le montant n'a pas été divulgué.

Le brasseur brésilien Ambev, qui fait partie du géant mondial AB Invev, s'est fendu d'une déclaration similaire: "Nos marques ne seront pas présentes à la Copa América" mais "la société poursuit (...) son soutien au football brésilien", a-t-il fait savoir.

Le choix du Brésil a été fortement critiqué par les épidémiologistes, la situation sanitaire dans ce pays restant préoccupante. La Copa América y dépasse dès lors largement le cadre du football, entrant de plein pied sur le terrain de la politique.

Jair Bolsonaro n'a cessé de défendre le tournoi, arguant que le pays allait observer les mêmes protocoles sanitaires que pour les matches de la Copa Libertadores, l'équivalent sud-américain de la Ligue des Champions, avec des rencontres à huis clos.

Dès l'apparition de rumeurs de fronde au sein de l'équipe nationale, le sélectionneur brésilien Tite a été traité de "gauchiste" par des partisans du président d'extrême droite sur les réseaux sociaux.

Un autre sénateur, Renan Calheiros, farouche opposant du président Bolsonaro, avait au contraire demandé à Neymar de boycotter le "championnat de la mort". Le sénateur Flavio Bolsonaro, fils aîné du chef de l'Etat, avait demandé aux joueurs de "ne pas se laisser manipuler".

Même si la Cour suprême autorise la Copa, d'autres menaces pèsent encore sur le tournoi: le maire de Rio de Janeiro a déclaré qu'il pourrait faire annuler les matches prévus dans sa ville si la situation sanitaire s'aggravait.

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