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Leopoldo Luque, le neurochirurgien et médecin personnel de Diego Maradona, considéré comme étant le principal responsable des soins prodigués à la légende du football décédée en novembre, doit être entendu lundi par la justice argentine.
Médecin traitant et confident de Maradona, M. Luque, 39 ans, sera le dernier à être interrogé par le procureur de San Isidro, dans la banlieue de Buenos Aires, dans le cadre d'une enquête pour "homicide involontaire avec circonstances aggravantes".
Deux infirmiers, leur supérieur, une médecin coordonnant les soins à domicile, un psychologue et la psychiatre Agustina Cosachov --tous membres de l'équipe soignante du joueur-- ont déjà été auditionnés.
Diego Maradona, qui souffrait de problèmes rénaux, au foie, d'insuffisance cardiaque, de détérioration neurologique et de dépendance à l'alcool et aux psychotropes, est mort à 60 ans d'une crise cardiaque.
L'accusation soupçonne les soignants d'avoir "violé les devoirs qui incombaient à chacun d'eux (...) en augmentant le risque au-delà de la marge autorisée, ce qui a entraîné l'issue fatale du patient, qui aurait pu être évitée".
Un rapport d'experts avait conclu début mai que Diego Maradona avait été "abandonné à son sort" par son équipe soignante, dont le traitement "inadéquat, déficient et imprudent" l'avait conduit à une agonie d'environ douze heures.
Leopoldo Luque et Agustina Cosachov ont été pointés du doigt comme étant les principaux responsables de la santé de l'idole argentine.
"Je n'ai pas peur d'aller en prison", avait déclaré M. Luque peu après le début de l'enquête. Blouson de cuir et casque de moto, il était devenu un personnage médiatique après avoir opéré début novembre son célèbre patient pour un caillot sanguin à la tête.
C'est lui qui a coordonné la convalescence dans une maison louée, avec l'accord de la famille, dans un quartier privé de la banlieue de Buenos Aires où l'ancien champion du monde 1986 décèdera, seul, le 25 novembre.
"Je suis fier de ce que j'ai fait, je n'ai jamais quitté Diego et j'ai essayé de l'aider", a assuré M. Luque, décrivant Diego Maradona comme son ami.
- Problème coronarien -
Entendue vendredi, Agustina Cosachov, 36 ans, a rejeté toute responsabilité.
Son avocat, Me Vadim Mischanchuk, a fait valoir que sa cliente "était un médecin psychiatre, qu'elle n'avait rien à voir avec le contrôle clinique du patient et que le patient était mort d'un problème coronarien qui n'est en aucun cas lié aux problèmes psychiatriques dont elle s'occupait".
Les autres membres de l'équipe se sont également dits innocents, rejetant la responsabilité sur le Dr Luque et sur la psychiatre.
"Il existe une responsabilité des médecins traitants. Il y a eu beaucoup de signaux d'alerte selon lesquels Maradona allait mourir du jour au lendemain. Aucun des médecins n'a rien fait pour l'éviter", a déclaré Me Rodolfo Baqué, conseil de l'infirmière Dahiana Madrid.
La médecin coordinatrice des soins à domicile, Nancy Forlini a assuré que sa tâche se limitait à gérer les prescriptions "des médecins traitants" qui avaient rejeté une recommandation d'hospitalisation.
Le coordinateur des infirmiers au chevet de Diego Maradona, Mariano Ariel Perroni, 40 ans, a affirmé que son rôle était purement administratif et organisationnel.
Mais l'accusation estime que "l'état de santé grave" de Diego Maradona "était connu au moins par tous les professionnels de santé" impliqués dans cette affaire.
Les sept soignants risquent un renvoi devant un tribunal en fonction des conclusions de l'enquête et, le cas échéant, des peines de 8 à 25 ans de prison.
Deux filles de l'ex-capitaine de l'équipe d'Argentine, Gianinna, 32 ans, et Jana, 25 ans, avaient peu après le décès publiquement pointé la responsabilité du Dr Luque dans la détérioration de l'état de santé de leur père, déclenchant la procédure judiciaire.
Le décès de Diego Maradona, considéré comme un génie du football, a créé une onde de choc planétaire et bouleversé l'Argentine. Des dizaines de milliers de personnes ont participé à la veillée funèbre de sa dépouille autour du palais présidentiel à Buenos Aires.