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Assurer la conquête pour priver de munitions les trois-quarts fidjiens, confirmer les progrès défensifs entrevus sur l'ère Brunel et maîtriser le tempo face à une équipe au jeu "déstructuré": c'est par un collectif méthodique que le XV de France pense prendre le dessus samedi sur la folie des individualités fidjiennes.
. Conquête: gare au complexe de supériorité
Les joueurs du Pacifique sont plus réputés pour leurs appuis déroutants que leur poussée en mêlée? Sébastien Vahaamahina n'est pas d'accord: "leur pack n'a pas changé depuis la Coupe du Monde en 2015 et je me souviens d'une mêlée contre l'Australie de 17 secondes qu'ils remportent, donc il faut s'en méfier", avertit le deuxième ligne.
Pour autant, les Fidjiens "n'adorent pas les phases ordonnées, mêlées, touches, ballons portés", estime le demi de mêlée remplaçant Antoine Dupont, qui a noté comme tout le monde que les Ecossais avaient inscrit deux essais sur maul contre ce même adversaire (54-17).
Le sélectionneur des Fidjiens John McKee a conscience du danger: "Si nous pouvons arrêter leurs ballons portés, ils devront jouer (le ballon à la main). (...) C'est un défi pour nous de les contrer dans ce secteur. S'ils déroulent sur les mauls, ils feront cela toute la nuit", estime le Néo-Zélandais.
. Défense: plus on est, mieux c'est
Dominer les Fidjiens en conquête servira aussi à "les priver du ballon un maximum", souligne le troisième ligne Mathieu Babillot, non retenu. Sinon gare! La passe après contact, spécialité de Leone Nakarawa, l'infatigable deuxième ligne du Racing 92, devrait sans surprise être l'arme offensive N.1 des Mélanésiens.
"Même avec deux, trois joueurs (défendant sur eux), des joueurs comme Yato ou Nakarawa sont parfois capables de libérer le ballon", souligne le troisième ligne centre Louis Picamoles. "Il va falloir trouver un équilibre entre les empêcher de mettre ce jeu-là en place sans non plus vouloir trop se consommer (mobiliser plusieurs défenseurs), parce qu'ils ont ce pouvoir de sortir le ballon dans des situations rocambolesques et de nous mettre en difficulté derrière avec leur vitesse et leur qualité d'appuis" ajoute-t-il.
La solution? "Le premier (défenseur) va défendre en bas (aux jambes) et les joueurs autour devront être vigilants et couper les relations au niveau des bras", dévoile l'ouvreur Camille Lopez. Même si à deux, c'est toujours mieux, "dans certaines situations, on ne pourra pas et on se retrouvera à un contre un", poursuit le Clermontois. "Mais c'est la défense collective qui permettra de les faire déjouer". Celle-là même qui a fait ses preuves lors du dernier Tournoi des six nations, ou samedi contre l'Argentine (28-13).
. Eloge de la patience et de l'occupation
Une ligne défensive bien en place permettra aussi "d'exploiter un maximum de ballons de contre-attaque", selon l'ailier Yoann Huget. "Il faut réussir sur les turnovers (ballons perdus) à mettre très rapidement l'adversaire en danger", abonde Picamoles, pour qui il sera impératif d'être "forts à l'impact" dans le jeu courant face à des athlètes hors normes. "Si on arrive à les remettre en question sur leur point fort, le physique, ça réglera beaucoup de choses", assure le Montpelliérain.
Les Fidji ont craqué sur la longueur à Murrayfield, après avoir fait douter les Ecossais. Les Bleus ne s'attendent pas prendre le large d'entrée et savent qu'il faudra être patient: "C'est vrai qu'ils accrochent au début et après plus ça va et plus ça lâche. A nous de rester froids jusqu'à la 82-83e minute", réclame Vahaamahina.
"Il faudra construire notre match", édicte Dupont, "bien sortir du camp, être rigoureux. Et si on met beaucoup d'intensité, les portes s'ouvriront au bout d'un moment."
"A nous de rester structurés, propres, de nous adapter aux conditions: s'il faut taper 40 coups de pied et les garder chez eux, on fera ça", affirme Lopez. Un jeu d'occupation que les Français ont dû préparer toute la semaine, à en croire Huget: "Jouer chez nous ne va pas être la première chose à faire. On va essayer de les enfermer chez eux."