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"Ca ne sert rien de pleurnicher" a déjà prévenu Joachim Löw: l'équipe d'Allemagne, qui vient défendre en Russie son titre mondial, est attendue mardi dans son camp de base de Vatutinki, à 40 km au sud de Moscou. Après le paradis tropical de Campo Bahia au Brésil-2014, le contraste est rude.
"Ce n'est pas le genre d'endroit où vous auriez envie de passer vos vacances", commentait récemment la télévision publique allemande après un reportage dans ce gros bourg de lointaine banlieue, siège des services russes de renseignement militaire, le GRU.
"Campo Bahia était extraordinaire, une oasis de calme. Maintenant, nous avons des conditions différentes", a lancé le sélectionneur Joachim Löw, qui avait pris au Brésil l'habitude d'aller courir seul le matin sur la plage au bord de l'océan, où il pouvait parfois observer des dauphins folâtrer dans les vagues.
"Si on commence à se lamenter, on y laisse toute son énergie", a-t-il tranché. Devenir le premier coach de l'après-guerre à remporter deux coupes du monde mérite quelques sacrifices!
"D'autant, a ajouté le manager de l'équipe Oliver Bierhoff, qu'on n'y va pas en vacances, mais pour gagner le tournoi".
De hauts murs cachent à la vue des visiteurs le domaine où vivra la Mannschaft pendant son séjour en Russie. Tout autour, des forêts de feuillus, mais aussi d'immenses barres d'immeubles décatis, héritage mal entretenu des cités "HLM" de l'ex-Union soviétique.
- "On ne naît pas héros..." -
A vrai dire, plutôt que ce complexe de 72 chambres (avec piscine, spa et salle de gym) perdu au milieu de nulle part, Löw aurait préféré retrouver l'ambiance plus ensoleillée de la Coupe des confédérations 2017, en installant sa sélection à Sotchi, la station balnéaire chic de la Mer Noire.
"Nous n'avons pas eu le choix", assure Oliver Bierhoff. Si tout se passe au mieux, l'Allemagne jouera en effet trois matches à Moscou (en cas de finale), et l'encadrement est soucieux d'éviter au maximum le stress des longs déplacements.
Vatutinki, où des policiers peu bavards montaient une garde nonchalante lundi devant les grilles fermées, a l'avantage de n'être qu'à une heure de route du stade Loujniki (où l'Allemagne débutera son tournoi dimanche contre le Mexique), à trente minutes de l'aéroport de Vnukovo, et surtout à quelques jets de ballon des terrains d'entraînement du CSKA Moscou, propriété du ministère russe de la Défense.
Löw retrouvera tout de même Sotchi très brièvement, le 23 juin pour le deuxième match contre la Suède, avant un autre déplacement à Kazan le 27, pour affronter la Corée du Sud.
Pendant leurs heures libres, on imagine mal les champions du monde sortir de leur enceinte fortifiée pour se promener dans un village où la seule curiosité est le parc dédié aux combattants russes de la Seconde Guerre Mondiale.
Ils pourraient pourtant y méditer la maxime apposée sur le monument à la victoire, transposable à des sportifs en quête d'un second titre mondial: "On ne naît pas héros, on le devient".