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L'eau libre s'acharne à lui résister? Aurélie Muller a décidé de riposter en essayant de s'inviter aux JO-2020 en bassin, sur 1500 m: "Mon rêve olympique n'est pas brisé", insiste-t-elle dans un entretien à l'AFP mercredi.
La nageuse de 29 ans entretient jusque-là une relation contrariée avec les jeux Olympiques. A Rio en 2016, elle a été disqualifiée du 10 km en eau libre et privée de médaille d'argent pour avoir gêné une concurrente. Puis aux Mondiaux-2019 mi-juillet, à Yeosu (Corée du Sud), elle a manqué d'extrême justesse une qualification pour le 10 km des prochains Jeux de Tokyo.
Q: Malgré votre nouvelle désillusion olympique, vous êtes de retour à l'entraînement. Avec quel objectif ?
R: "L'objectif, c'est que je veux aller à Tokyo en natation course, sur le 1500 m, qui est maintenant une discipline olympique. Pendant l'été, j'ai regardé un peu les temps pour voir où je me situais et est-ce que ce serait possible. Aujourd'hui, je vois que ça l'est, le temps de qualification est de 16 min 21 sec (16:21.21 précisément), mon meilleur temps, c'est 16 min 24 sec (34), sachant que ces dernières années, je ne m'étais pas mise à 100% au 1500 m, c'était toujours une compétition de travail. Je me dis que gagner une dizaine de secondes sur 1500 m, c'est très faisable. C'est un pari, un challenge que je me lance, et comme j'adore ça, je m'y sens bien."
Q: De votre non-qualification en eau libre à cette décision, quel a été votre cheminement ?
R: "Je n'ai pas passé un superbe été... Je me suis posée beaucoup de questions, et j'ai mis longtemps à trouver des réponses. La première, c'était: +Est-ce que je continue ? Est-ce qu'il n'est pas temps pour moi d'arrêter ?+ J'y ai répondu tard dans l'été. Après, c'était: +D'accord, j'ai encore envie, je ne suis pas blessée, mais comment je continue ? Avec qui ?+ J'ai lancé quelques pistes et j'ai eu Fabrice (Pellerin, qui entraîne à Nice) au téléphone. C'est quelqu'un qui travaille différemment, beaucoup sur la qualité des entraînements. Il y avait un bon groupe (Bonnet et Stravius notamment, ndlr), une bonne dynamique et j'avais besoin d'un peu de changement, de variété. Et me voilà à Nice. "
Q: Pourquoi avoir quitté Philippe Lucas et Montpellier ?
R: "Philippe a trois qualifiés pour les JO dans son groupe (Olivier, Aubry et van Rouwendaal, ndlr) et pour moi, c'était impossible mentalement de m'entraîner tous les jours avec des gens qualifiés pour les JO, et avec un travail orienté à fond sur le 10 km. C'était vraiment la double peine. Philippe l'a très bien compris."
Q: Avez-vous été proche de dire stop ?
R: "Ça fait quelques années que je donne de ma personne en eau libre, et qu'à la fin, elle ne me donne pas trop en retour, que là où je veux performer, ça ne fonctionne pas, notamment pour les JO. Mais il y avait cette voix qui résonnait en moi et qui me disait: +C'est pas possible, mon rêve olympique n'est pas brisé, je ne peux pas abandonner, je suis persuadée d'avoir un destin olympique+. Cette opportunité de pouvoir me qualifier sur 1500 m, c'était ma chance et il fallait que je la saisisse. Sinon, j'allais le regretter."
Q: Le principal chantier, c'est la technique ?
R: "Complètement! En eau libre, le plus important, c'est la nage. Les virages, ça fait quelques années que je ne les travaille pas. Donc j'étais très mauvaise sur les parties non nagées, les virages, le départ... Et ma technique s'était beaucoup dégradée. Avec Fabrice, on remet les choses en place. Ça se passe super bien. Évidemment, c'est beaucoup de changement, c'est un travail différent. Mais me mettre au 1500 m, ça peut toujours m'aider dans les années à venir, si je continue à nager. C'est un travail qui ne sera pas perdu."
Q: On comprend que ce n'est pas forcément le dernier chapitre de votre carrière et que vous n'avez pas tiré un trait sur l'eau libre...
R: "Je laisse les portes ouvertes. Évidemment, j'avance étape par étape et je ne me dis pas que je vais faire Paris-2024. Mais aujourd'hui, j'ai encore envie de nager, je sens que je peux encore faire de belles choses. Cette année, je me concentre sur le 1500 m et la qualification olympique. Et ensuite, on verra."
Propos recueillis par Elodie SOINARD