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Dix-sept saisons. Quatre titres NBA. Tony Parker a tourné cet été la page des San Anonio Spurs pour rejoindre les Charlotte Hornets, la franchise de son idole Michael Jordan et de son ami Nicolas Batum. "Un nouveau challenge" pour le Français, qui assure à l'AFP n'avoir "plus grand chose à prouver".
Son maillot N.9 devrait s'élever au plafond de l'AT&T Center de San Antonio mais, en attendant, c'est du côté de Charlotte que le Français prépare sa première saison NBA loin du Texas, lui qui a rejoint, à la fin de son contrat, les Hornets pour les deux prochaines saisons.
T-shirt de l'équipe de France sur le dos, l'ancien international tricolore (181 sélections) sort de l'entraînement et va se soumettre à une séance de dédicaces avec ses nouveaux fans.
C'est pourtant devant les supporters texans que Parker, 36 ans, pensait prendre sa retraite. Dans cette optique, à l'été 2018, les Spurs lui avaient bien fait une proposition de contrat. Mais les conditions n'étaient pas satisfaisantes.
"Au niveau du rôle dans l'équipe, on n'avait pas la même vision avec coach Popovich", l'entraîneur mythique des Spurs, explique-t-il lors d'un entretien avec l'AFP.
Depuis sa blessure au quadriceps au printemps 2017, "TP" sait qu'il ne peut plus prétendre à une place de titulaire (19 minutes et 7,7 points par match en moyenne la saison dernière). Mais il tient à être numéro 2 dans la hiérarchie au poste de meneur de jeu et pas une simple troisième option au temps de jeu famélique.
"Il faut comprendre comment +Pop+ est. Il veut gagner un titre chaque année. La NBA est une ligne de jeunes, il voyait mon rôle autrement", confie Parker.
Il a donc fallu savoir partir, même si la relation qu'il entretient avec Popovich, qui l'a lancé en NBA, est quasi filiale. "Je comprends son point de vue", assure-t-il placidement.
Direction alors la Caroline du Nord, où il sera chargé de suppléer la star Kemba Walker à la mène. "Je peux encore jouer 15 minutes à fond mais ça ne serait pas possible de dire que je vais jouer 35 minutes. Il faut être réaliste à un moment donné. Ca fait 22 ans que je suis pro, j'ai beaucoup de kilomètres dans les jambes", reconnaît-il.
- "Milieu de tableau" -
Des jambes lourdes mais qui ont emmagasiné de l'expérience et un esprit de victoire comme rarement vus dans le sport français. "C'est le joueur en activité qui a le plus de titres de champion dans toute la NBA, c'est énorme, il apporte ce côté vainqueur dont on avait besoin" a expliqué son compatriote et coéquipier Nicolas Batum, un des visages de la franchise, à l'AFP.
Pendant l'entraînement, sous l'oeil du staff, Parker encadre les recrues les plus jeunes, à peine nées quand il est entré dans la ligue. Il observe, conseille, discute. Et quand ses coéquipiers regagnent le vestiaire, il reste sur le parquet pour répéter ses gammes et parfaire sa technique de tir.
Batum, ancien coéquipier en équipe de France, est l'une des raisons qui a poussé le natif de Bruges à choisir la Caroline du Nord. Il y retrouve également un entraîneur qu'il connaît bien: James Borrego, assistant pendant 10 ans... à San Antonio.
Ajoutez au cocktail la présence de l'idole de jeunesse Michael Jordan, largement reconnu comme le meilleur joueur de tous les temps et propriétaire du club, et Parker se dit convaincu.
De quoi faire presque oublier qu'après avoir visé le titre pendant presque chaque saison et n'avoir jamais raté les play-offs pendant 17 ans, il se retrouve maintenant dans une franchise au palmarès vierge et plus jeune que lui - elle a été fondée en 1988.
"Une équipe milieu de tableau qui n'a pas eu beaucoup de chance, on va dire", analyse-t-il lucidement.
"Ils ont essayé de faire venir des joueurs mais ça n'a pas marché, comme Dwight Howard l'année dernière. Ils ont du mal à arriver en haut de l'affiche régulièrement à l'Est".
- "Plus grand chose à prouver" -
Mais pour lui, l'important n'est plus le succès sportif: "J'ai privilégié l'aventure humaine à rejoindre Houston ou Golden State pour essayer de gagner des titres".
"L'objectif ici c'est simplement d'arriver en play-offs. Pour moi c'est un nouveau challenge, j'ai déjà tout gagné dans ma carrière: quatre titres, trophée de MVP (meilleur joueur) des finales, All-Star (six fois, NDLR), je n'ai plus grand chose à prouver".
Et puisque les ambitions sont revues à la baisse, la célèbre salle des trophées du Français, pièce ultra-sécurisée où il stocke ses nombreuses récompenses, reste dans sa maison de San Antonio. Sa famille n'est d'ailleurs pas venue à Charlotte où, contrairement à Nicolas Batum, il ne s'est pas installé en banlieue mais s'est contenté de prendre un appartement dans le centre-ville.
"Le Texas, ça sera toujours la maison", reconnaît-il en souriant. "Aux yeux des gens, je serai toujours un Spur."