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L'Espagne, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie ont réussi là où la France a échoué: en trouvant un consensus entre clubs, instances du foot et autorités, les quatre championnats les plus puissants en Europe, parfois surnommés "Big 4", ont obtenu une reprise de leur saison.
. Allemagne: argument économique et protocole sanitaire
L'Allemagne est le premier des grands championnats à avoir repris, et ce dès le 16 mai. Le contexte sanitaire, moins tendu qu'ailleurs, a contribué à un dialogue constructif.
Les dirigeants politiques ont été sensibles aux arguments économiques présentés par le président de la Ligue (DFL) Christian Seifert, qui a répété avec force qu'un arrêt de la Bundesliga allait entraîner la ruine d'un secteur jusque-là florissant.
Pour finir de convaincre les autorités, en particulier les puissants Länder (régions), les acteurs du football ont élaboré un protocole sanitaire extrêmement détaillé qui a permis de lever les derniers doutes.
Il y a eu quelques voix discordantes, reprochant au foot de bénéficier d'un passe-droit (les autres sports n'ont pas encore repris) uniquement pour des raisons économiques. Mais la DFL ne s'en est jamais cachée: si les équipes abandonnent l'idée de jouer devant du public, elles récupèrent, en rejouant, les droits TV dont elles sont très dépendantes.
. Espagne: la Ligue et la Fédération reprennent langue
Contrairement à la France, très peu de voix en Liga se sont élevées contre l'idée d'une reprise, alors que l'Espagne a été durement touchée par la pandémie. Seuls les joueurs d'Eibar ont fait part de leur opposition, évoquant leur "peur" de revenir sur les terrains... avant de s'entraîner à nouveau, comme tous les autres clubs, en mai.
La volonté politique a pesé: la présidente du Conseil supérieur du sport Irene Lozano, qui a rang de secrétaire d'Etat aux Sports, a réussi l'exploit de réunir autour d'une table le président de la Ligue (LaLiga) Javier Tebas et celui de la Fédération Luis Rubiales, en bisbille depuis plusieurs saisons.
L'argumentaire de LaLiga a également fait son chemin dans les esprits: l'instance a poussé dès le début du confinement pour la reprise du Championnat, en agitant le spectre des pertes estimées à près d'un milliard d'euros en cas d'arrêt définitif.
"Ce qui aurait été grave, ça aurait été de ne pas être présent au départ de cette étape", a déclaré Tebas vendredi lors d'un colloque organisé par le quotidien Marca. "En France, ils sont déjà en train de regretter leur décision qui, je crois, a été prise de manière très précipitée. Pour nous, une telle décision aurait été une catastrophe."
. Italie: longtemps sur un fil
Le chemin pour arriver à la reprise de la Serie A a été abrupt et tortueux. "Je vois un sentier de plus en plus étroit", disait fin avril le ministre des Sports Vincenzo Spadafora.
Mais après des semaines de défiance, Spadafora et les dirigeants du football italien ont fini par s'entendre sur une ligne prudente, qui conditionnait la reprise au suivi de protocoles stricts et à une amélioration de la situation sanitaire.
Les dirigeants en question ont de leur côté réussi à présenter un front uni qui a permis de peser sur les choix politiques. Malgré quelques réticences, comme à Brescia et au Torino, la Ligue a voté à l'unanimité pour la reprise et a maintenu le cap.
La Fédération de son côté a toujours rappelé le poids économique du football, mais aussi son importance sociale, sans doute plus évidente qu'en France.
Au bout du compte, les médias ont souligné la persévérance de Gabriele Gravina, le président de la Fédération, qui refusait d'être "le fossoyeur du football."
Le Corriere dello Sport a aussi salué l'alliance entre Gravina et Paolo Dal Pino, président de la Ligue, qui "a permis au football italien de cultiver l'espérance de la survie, puis de faire triompher les institutions sur les castes et les clans".
. Angleterre: un accouchement dans la douleur
Avec une épée de Damoclès de 762 millions de livres (842 M EUR) à rembourser aux diffuseurs en cas d'annulation de la saison, une reprise du Championnat "dès qu'il sera possible de le faire en toute sécurité" a toujours été la ligne directrice en Premier League.
Face à une opinion publique partagée entre sa relation passionnelle avec le ballon rond et le lourd bilan de l'épidémie, la saison a parfois vacillé.
Même en son sein, la Premier League a été en prise à des résistances, comme celle des clubs refusant les matches sur terrain neutre ou les craintes des joueurs pour leur santé. Son image a été aussi écornée par le refus quasi généralisé des joueurs de baisser leurs salaires.
Mais avec l'appui du gouvernement, qui voulait absolument remonter le moral des citoyens, et le ralentissement du nombre de victimes, l'annonce de la reprise a été accueillie positivement.
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