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A Roland-Garros, le fiasco des Bleues

Du jamais-vu depuis 33 ans. Après l'élimination jeudi de Caroline Garcia (29e) à Roland-Garros, aucune Française ne sera au 3e tour sur la terre battue parisienne: un triste bilan, mais pas vraiment une surprise.

La question agace. En tout cas elle n'a pas plu du tout à Kristina Mladenovic après son élimination mercredi au 2e tour. "Vous êtes au courant qu'on est en finale de Fed Cup?", a-t-elle lancé à un journaliste qui avait osé lui demander s'il y avait un "trou générationnel" dans le tennis féminin français. La question n'avait pourtant rien d'absurde. Il suffit d'ailleurs de se plonger dans les classements pour le voir. Une lecture qui donne d'ailleurs le vertige.

"On n'a que 5 joueuses dans le top 100. Ca fait des années qu'on a que 4 joueuses dans les tableaux de Grand Chelem", rappelle Pierre Cherret, DTN à la FFT."C'est la réalité, il ne faut pas se cacher".

Et cette année Porte d'Auteuil, en dehors de la contre-performance de Caroline Garcia (22e) face à la 117e mondiale, les autres résultats des autres Françaises du top 100 épousent la logique du classement. Une logique qui a conduit à ce zéro pointé.

- "On a perdu une génération" -

Au premier tour, Pauline Parmentier (66e) a en effet logiquement perdu face à la 4e mondiale Kiki Bertens, tout comme Alizé Cornet (48e) face à la Slovaque Viktoria Kuzmova (46e), tout comme Fiona Ferro (82e) face à Kristina Mladenovic (53e).

Et +Kiki+ n'a pas non plus fait de miracle au 2e tour face à la Croate Petra Martic (31e). Implacable. Et si l'on gratte un peu, ce bilan n'est que la partie immergée de l'iceberg. Car il y a encore plus vertigineux: seulement deux Françaises (Jessika Ponchet et Chloé Paquet) entre le top 100 et 200.

"C'est notre tennis féminin. Mais ça fait des années que c'est comme ça, donc on n'est pas surpris", détaille Pierre Cherret.

"Il y a quelques années on a tout fermé. On a fermé les pôles, on a fermé l'Insep, on a gardé juste quelques filles au CNE, mais sans construire de système à côté", a expliqué Pierre Cherret.

"Fermer les structures c'est bien si on met un système à la place pour accompagner les filles sur le circuit junior. Et aujourd'hui c'est ce qu'on fait. Mais on a perdu une génération", a-t-il dit.

Une perte passée quelque peu inaperçue, masquée par les bons résultats des filles. Il n'y pas si longtemps, en 2017, Garcia et Mladenovic étaient toutes les deux en quart de finale de Roland-Garros, et elles ont flirté avec le top 10. En Fed Cup aussi, l'équipe de France accumule les bonnes campagnes.

- Formation -

Les Françaises iront d'ailleurs défier en finale de Fed Cup l'Australie en novembre pour tenter de ramener le 3e trophée de leur histoire (après 1997 et 2003). Mais ces épopées collectives, aussi grandes soient-elles, ne peuvent être mises en face des carences individuelles.

La DTN est bien consciente du problème, et tente d'y remédier, en misant sur la formation de jeunes joueuses dont certaines ont d'ailleurs plutôt bien performé à Roland Garros cette année comme la jeune Diane Parry, 16 ans. La native de Nice, 457e mondiale, a passé un tour en éliminant une joueuse classée 102e mondiale. Un résultat qui ne suffit toutefois pas.

"Diane elle passe un tour, mais il y a aussi Elsa Jacquemot (16 ans, un tour passé en qualifications), n'oublions pas Clara Burel (18 ans, N.1 mondial juniors, blessée cette année). Derrière ces têtes de pont, il y a des joueuses qui ne sont pas encore sorties, mais qui performent sur le circuit Juniors", assure Pierre Cherret.

Il va juste falloir être un peu patient, le temps que ces joueuses arrivent à maturité.

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