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La 11e édition de la Route du Rhum se jouera dès dimanche à Saint-Malo dans la classe des Ultim, avec cinq skippers dans les rôles principaux, dont trois pilotent des bateaux +volants+. Une première dans l'histoire de la course a large.
François Gabart (Macif), Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) et Armel Le Cléac'h (Banque Populaire IX) ont des voiliers dernière génération, capables de mettre moins de six jours pour rallier Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) alors que Thomas Coville (Sodebo) et Francis Joyon (Idec Sport) naviguent sur des maxi-trimarans de première génération.
A chacun sa machine, à chacun son histoire.
. Thomas Coville (Sodebo)
Après avoir consacré dix ans de sa vie aux records, Coville a atteint son objectif en mettant une claque au record du tour du onde en solitaire en décembre 2016 en 49 jours et 3 heures (avant la performance de Gabart). A 50 ans, le marin, qui navigue depuis 19 ans pour Sodebo, a choisi de revenir en confrontation. Il s'aligne sur un bateau entièrement refait en 2012 mais qui ne dispose pas des foils lui permettant de voler. Néanmoins c'est un marin d'expérience et fin stratège qui saura profiter de la moindre erreur ou difficulté de ses adversaires. Il connaît la saveur de la victoire sur une Route du Rhum puisqu’il s'est imposé en 1998 en monocoque. En 2014, alors qu'il était favori en multicoque, il percute un cargo lors de la première nuit de course. Après cette Route du Rhum, il aura une toute nouvelle super machine, capable de +voler+.
. François Gabart (Macif)
A 35 ans, François Gabart est le plus jeune de la flotte. Il a fait sensation en remportant le mythique Vendée Globe 2012/2013 (course autour du monde en solitaire en monocoque Imoca) à seulement 28 ans. En partenariat avec la Macif depuis 2009, il a depuis signé un exploit retentissant avec le record du tour du monde en solo en 42 jours et 16 heures, en décembre 2017, avec le maxi trimaran sur lequel il s'aligne sur la Route du Rhum. Le bateau a été mis à l'eau en 2015, mais tout ce qui est sous l'eau a été complètement changé l'hiver dernier, à savoir surtout les 'foils' (appendices qui élèvent le bateau au-dessus de l'eau pour filer à vive allure). La machine peut donc désormais voler plus haut et plus tôt. Gabart, à la tête de sa propre société de 35 salariés, n'a encore jamais traversé l’Atlantique en multicoques, en course et en mode +volant+. Mais il connaît parfaitement son bateau et saura le pousser au maximum.
. Sébastien Josse (Edmond de Rothschild)
Il a rejoint en 2011 la Team Gitana, l'écurie privée de la famille Edmond de Rothschild. Agé de 41 ans, il avait dû abandonner au 30e jour de course sur la dernière édition du Vendée Globe 2016/2017 en raison d'une avarie. Il s'est très vite relancé sur le projet Ultim avec ce nouveau maxi trimaran, mis à l'eau à l'été 2017. Ce voilier, conçu dès l'origine pour +voler+, est le seul de toute la flotte à être pleinement +volant+. Il a été inauguré en course en novembre 2017 avec la Transat Jacques-Vabre, mais les foils ont été endommagés et la machine n'a pas été exploitée comme elle l'aurait dû. Le bateau est retourné en chantier et depuis avril, il file sur l'eau de façon impressionnante. Josse est en pleine confiance sur un engin qu'il maîtrise mieux et assurément le plus rapide de la flotte. Mais Josse n'a encore jamais traversé l'atlantique seul sur un tel bateau.
. Francis Joyon (Idec Sport)
C'est le vétéran de la flotte des Ultim. A 62 ans, Joyon n'a rien perdu de sa motivation et se frotter à cette nouvelle génération est un vrai bon moteur. Le navigateur, qui a le même sponsor Idec depuis 16 ans, connaît par coeur la Route du Rhum pour y avoir déjà pris part six fois, sans réussir à s'imposer. Joyon arrive en ayant réalisé une performance inouïe: celle de faire le tour du monde en équipage en 40 jours (Trophée Jules-Verne en janvier 2017). Personne n'a fait mieux. Il s'engage sur un bateau qui a 12 ans d'âge, mais qui a un palmarès exceptionnel avec le Trophée Jules-Verne et les deux dernières victoires sur la Route du Rhum (Banque Populaire VII en 2014 et Groupama 3 en 2010). Ce n'est pas un bateau volant, mais Joyon est un marin sans cesse à l'affût.
. Armel Le Cléac'h (Banque Populaire IX)
Après sa victoire au Vendée Globe 2016/2017, Le Cléac'h a définitivement tourné la page des monocoques pour se dédier pleinement aux multicoques. Avec pour partenaire Banque Populaire depuis 2010, il s'est lancé dans l'aventure des Ultim avec la construction d'un maxi trimaran, conçu lui aussi dès l'origine pour +voler+, et mis à l'eau à l'automne 2017. Le bateau est présenté comme 'polyvalent', ce qui veut dire qu'il alterne mode volant et mode archimédien. En avril 2018, le bateau a chaviré au large des côtes marocaines lors d'un convoyage. Le bateau est retourné plusieurs mois en chantier pour ne revenir sur l'eau que fin août. Le Cléac'h a eu peu de temps pour se familiariser avec la machine.