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Rachetés il y a huit ans par le milliardaire Steven Lansdown qui les a sortis de l'anonymat, les Bristol Bears attaquent la Coupe d'Europe de rugby contre Clermont, samedi, avec un objectif qui a le mérite d'être clair: tout gagner comme les Exeter Chiefs la saison dernière.
"Je ne pense pas qu'on ait été particulièrement discrets sur ce qu'on veut faire: on veut gagner davantage de trophées et être l'une des meilleures équipes d'Europe", a calmement affirmé l'arrière australien et capitaine, Luke Morahan.
Leur victoire, l'an dernier, dans la "petite" Coupe d'Europe, le Challenge européen, en dominant Toulon (32-19) à Aix-en-Provence, et leur demi-finale en Premiership, n'étaient que des hors-d’œuvres.
Les Bears visent plus haut avec un modèle tout trouvé: les Exeter Chiefs, qui ont réalisé l'an dernier le doublé.
"Ils ont établi une nouvelle référence sur ce qui peut être accompli", a admis Morahan.
L'histoire des deux clubs se ressemble un peu, d'ailleurs: deux belles endormies réveillées par un Prince charmant et surtout très riche.
A Bristol, c'est Steven Lansdown, milliardaire ayant fait fortune dans les services financiers et 105e fortune britannique avec un patrimoine estimé à 1,35 milliards de livres (1,5 mds EUR), qui a tiré les Bears de leur hibernation en prenant le contrôle officiellement en 2012, même s'il les finançaient déjà depuis 4 ans.
- Force, témérité, discipline -
Ils ne portaient pas encore ce nom là à l'époque.
Le Bristol Rugby Club s'était brièvement appelé les Bristol Shoguns au début des années 2000 en raison d'un partenariat avec le constructeur automobile japonais Mitsubishi, avant de retrouver son nom originel.
Le club avait connu une première aventure européenne en 2002/2003, croisant d'ailleurs la route de ceux qui s'appelaient encore à l'époque Montferrand et les battant lors des deux confrontations.
A l'arrivé de Lansdown, Bristol peinait à s'extirper du Championship (D2) avec trois finales de barrage perdues (2010, 2014, 2015). Ils ont ensuite fait l'ascenseur, montant en 2016, pour redescendre en 2017, avant de finalement s’installer dans l'élite depuis l'été 2018.
C'est d'ailleurs à cette occasion que le club plus que centenaire a cédé aux sirènes du marketing et de la "franchisation" des clubs pour prendre le nom du plantigrade.
"L'ours est une figure qui protège sa famille et son territoire. L'ours représente aussi la force, la témérité et la discipline, tout comme les joueurs sur et en dehors du terrain", avait alors expliqué l'entreprise chargée de la nouvelle identité visuelle du club.
- Des matches qui font grandir -
Avec le recrutement pour cette saison du Fidjien Semi Radrada, passé par Bordeaux-Bègles, du pilier Kyle Sinckler ou du troisième ligne Ben Earl, deux internationaux anglais, les Bears ont montré qu'ils avaient les dents longues et se sont donnés les moyens de leurs ambitions.
Avec deux victoires et une défaite en championnat --lors de la première journée chez les Wasps, leurs bourreaux en demie l'an dernier--, Bristol fait moins bien que les intouchables Chiefs et les surprenants promus des Newcastle Falcons (3 V, 0 D).
Mais la confrontation contre Clermont sera un premier test de poids sur la scène européenne, pour leur troisième participation seulement à la compétition la plus prestigieuse.
"Il va falloir que l'on maîtrise bien notre jeu", a averti Morahan.
"Ces gars, tout particulièrement, ont l'habitude de bien figurer dans ces compétitions et ils savent comment gagner ces matches", a-t-il ajouté.
"Je suis particulièrement impatient. Cela fait longtemps que Bristol n'avait pas fait partie" de cette compétition, a rappelé l'entraîneur Pat Lam.
"C'est le genre de matches que l'on veut disputer parce qu'ils vous font grandir en tant que club, en tant que joueurs, ils prouvent que vous faites partie de l'élite du rugby", a poursuivi le coach.