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Top 14: Toulouse au drop niveau

Quel pied! Toulouse, qui n'avait pas marqué un seul drop tout au long de la saison, en a passé deux en une mi-temps pour faire plier La Rochelle (18-8) vendredi en finale du Top 14.

Titularisé à l'ouverture en l'absence de Romain Ntamack, victime d'une commotion le week-end dernier en demi-finale, Thomas Ramos est le premier, dès la 9e minute, à avoir tenté - et réussi - ce geste, dans un "fauteuil", à 25 mètres en face des poteaux.

Pas vraiment un habitué de la chose, son coéquipier Cheslin Kolbe, aligné lui à l'arrière plutôt qu'à l'aile, l'a imité juste avant de rentrer aux vestiaires, avec un coup de pied de mammouth depuis la ligne médiane qui a donné 12 points d'avance à son équipe et sûrement fait beaucoup de mal psychologiquement aux Rochelais.

"C'est de l'improvisation", a commenté Ramos au micro de Canal+ à la pause. "On les travaille à l'entraînement, mais de là à en taper en match... Ce n'est pas trop notre philosophie, mais quand les opportunités se présentent en finale, il faut les prendre. Tant mieux pour nous".

Sous la pluie fine de Saint-Denis, les Toulousains n'ont pas tenté d'autre drop en deuxième mi-temps, mais l'équipe la plus prolifique du Top 14 cette saison en nombre d'essais marqués a inscrit tous ses points au pied, laissant paradoxalement aux Maritimes le seul essai de la partie dans les dernières minutes.

- Une première depuis 2014 -

Réputé pour son jeu de mouvement, inscrit dans son ADN, le Stade toulousain n'avait cette saison pas encore marqué le moindre drop, mais il sait visiblement se montrer pragmatique dans les grands rendez-vous.

C'est même une sorte de tradition chez les Rouge et Noir, symbolisée par l'ancien demi d'ouverture Yann Delaigue, qui, à 18 ans seulement, avait passé deux drops lors de la finale 1992 contre Biarritz (19-14), gâchant alors les adieux de Serge Blanco.

Le Toulousain avait fait encore mieux lors de la finale 2001 contre Montferrand (34-22), avec trois drops à lui seul, tandis que Christophe Deylaud avait parachevé de cette façon en toute fin de match le succès des siens contre le voisin castrais (31-16) en 1995.

Cette arme redoutable est depuis peu à peu tombée en désuétude dans le rugby moderne. "Tout est fait aujourd'hui pour s'approcher au plus près de la ligne adverse afin de décrocher les 7 points", expliquait en début d'année à l'AFP Pierre Albaladejo, jadis surnommé "Mister Drop".

"C'est mathématique et psychologique, on est dans la comptabilité et dans le business. Les choses ont bien changé", regrettait-il.

Ce geste technique, aussi élégant qu'extrêmement difficile à réaliser sous pression, retrouve tout de même par moments ses lettres de noblesse dans les matches de phase finale à gros enjeu, avec des défenses hermétiques, comme vendredi.

"Quand il y a plus de pression, qu'il faut marquer vite et beaucoup, bizarrement, le drop retrouve son intérêt", notait un autre ancien adapte du "drop-goal", l'ancien ouvreur des Bleus Christophe Lamaison.

Il fallait pourtant remonter en 2014 pour retrouver la trace d'un drop dans une finale de Top 14, par le grand expert international en la matière, l'Anglais Jonny Wilkinson, avec Toulon contre Castres (18-10).

Le RCT avait réalisé ce jour-là le doublé Coupe d'Europe-championnat. Comme Toulouse cette année.

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