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"J'ai gagné au Mans en 1969 en faisant le coup de la panne", se souvient Jacky Ickx

"En 1969, j'ai gagné en faisant le coup de la panne", se souvient le pilote belge Jacky Ickx à l'occasion du 50e anniversaire de sa première victoire aux 24 heures du Mans, l'une des plus serrées de l'histoire de l'épreuve mancelle.

Il avait alors battu au volant de sa Ford GT40, la Porsche 908 pilotée par Hans Herrmann d'une centaine de mètres après 24 heures de course, le dépassant dans la dernière ligne droite grâce à la puissance supérieure de sa voiture alors que la Porsche allait plus vite dans les virages.

"J'avais prévu de dépasser Hans Herrmann dans un endroit particulier, ce que j'ai fait, mais il a fallu parcourir un tour de plus, ce que je n'avais pas prévu", la course devant se terminer à 16h00 et les voitures devant franchir la ligne d'arrivée après cette heure précise.

"Comme je lui avais fait le coup une fois, je savais qu'il ne s'y ferait pas reprendre, alors j'ai ralenti, ralenti en faisant semblant d'être en panne et il m'a dépassé. J'ai réaccéléré et je l'ai passé juste avant la ligne", se souvient celui qui remportera encore cinq fois l'épreuve mythique, dont quatre sur une Porsche, la même marque qu'il avait privée d'une première victoire au Mans en 1969.

Mais ce n'est pas seulement pour sa victoire que Jacky Ickx a marqué les esprits cette année-là. Pour protester contre le manque de mesures de sécurité pour les pilotes et le fait qu'ils n'avaient pas le temps d'attacher leur ceinture de sécurité avant de prendre le départ, il avait franchi en marchant la vingtaine de mètres le séparant de sa voiture, alors que ses adversaires couraient. Il avait aussi pris le temps de s'attacher, s'élançant du coup bon dernier.

Sa spectaculaire initiative avait sonné le glas du traditionnel départ "en épi" du Mans pour faire place à un départ voitures lancées et pilotes harnachés.

Mais cela ne l'avait pas empêché de gagner 24 heures plus tard. "Cela aurait pu être le scénario inverse car quand vous faites le malin sur la ligne de départ, si vous terminez second à cent mètres, ce n'est pas tout à fait la même histoire", reconnaît-il lors d'un entretien accordé à l'AFP.

- Ange gardien -

"Pour un crétin demeuré de Belge, je me suis quand même rendu compte que c'était un peu +too much+ de se taper une heure et demie de relais à 330 km/h sans être attaché. Je me suis dit +c'est une course d'endurance, on aura bien le temps de se rattraper+", se remémore le natif de Bruxelles.

"Les nostalgiques ont regretté que le départ se termine ainsi mais si cela n'avait pas été moi, cela aurait été un autre l'année suivante ou celle d'après", affirme-t-il.

L'accident mortel du Britannique John Woolfe à la fin du premier tour de la course en 1969 lui avait donné tragiquement raison, l'une des causes possibles étant les efforts du malheureux pilote pour tenter de se harnacher tout en conduisant.

"Je trouve incroyable que le temps passe si vite", constate Jacky Ickx, aujourd'hui âgé de 74 ans et qui a été vice-champion du monde sur Ferrari en F1 en 1969 et 1970. Il compte aussi à son palmarès le rallye Paris-Dakar en 1983.

"Si j'additionne tout, j'ai fait un kilométrage de fou. Quand on fait un tel kilométrage à haut niveau, il y a avait de fortes probabilités de se faire mal dans ces années-là et je trouve miraculeux d'avoir survécu sans me faire trop mal. Je suis infiniment respectueux de mon ange gardien car il a vraiment souffert avec moi", ironise le champion belge.

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