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Chronique du bivouac du Dakar: "Je garderai mon sourire jusqu'à la fin" affirme Sara Jugla

Plus jeune pilote moto du paddock de cette 43e édition du Dakar, Sara Jugla, 28 ans, participe pour la première fois au célèbre rallye-raid qui s'est élancé dimanche en Arabie saoudite.

Arrivée dernière de la première étape dans la nuit de dimanche à lundi, elle termine à la même place quelques heures plus tard, peu avant minuit, lors de la 2e étape.

Le visage couvert de sable, les yeux marqués et rougis par les 685 kilomètres d'effort dans le désert, elle affirme à l'AFP qu'"elle serre les dents mais qu'elle gardera toujours le sourire", quels que soient les efforts et les difficultés.

"Je sais bien que des milliers de gens voudraient être à ma place, moi ça fait huit mois que j'en rêve, alors même dans les moments difficile ou la galère, je garde le sourire. Hier, ils avaient annoncé 3% de cailloux et finalement, on s'est retrouvé avec des kilomètres et des kilomètres de grosses pierres. La moto bougeait dans tous les sens et elle fait 170 kilos, trois fois mon poids, donc c'est très difficile. Et puis elle est haute, quand je veux poser les pieds... eh bien je ne peux pas, je ne touche pas le sol, je suis trop petite! Donc j'ai enchaîné chute sur chute, je me suis fait très mal aux pouces, j'ai des bleus le long de la jambe, du corps, à gauche. Mais je serre les dents et je continue.

A l'arrivée de la première étape, je suis rentrée frustrée et en colère. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si dur, toutes ces pierres. Mais en même temps, j'ai vécu un moment extraordinaire. David Castera (le directeur du Dakar NDLR) est venu me sortir du piège dans lequel je m'étais engouffrée. La moto était "tankée" (posée) sur un rocher. Pendant 20 minutes, en plein soleil, j'ai essayé de la redresser pour repartir. Rien à faire, j'ai usé toutes mes forces, j'ai même fait un petit malaise. Alors, j'ai décidé de me reposer, le temps que ça passe. J'ai cherché un rocher pour me mettre à l'ombre, au frais. Et là, je vois un hélicoptère approcher et se poser. C'était le directeur du Dakar qui était à bord. Il m'a décoincé la moto de l'endroit où elle se trouvait, et j'ai pu repartir. Il m'a donné une seconde chance, en gros.

Finalement, quand je suis arrivée au bivouac, toute l'équipe m'attendait et c'était un moment magique. Comme l'entraide entre pilotes esseulés ou les paysages magnifiques. J'essaye de tout garder dans ma mémoire parce que c'est une aventure de dingue. Les dunes sont moins difficiles à passer que ce que je pensais, et je me suis entraînée au Maroc. Par contre, j'ai dû rouler dedans de nuit et c'est vraiment très compliqué. On doit se servir des phares des camions ou des 4x4 locaux pour arriver à passer et sortir des dunes. Bon, il restait 100 kilomètres à faire ensuite, mais je l'ai fait. De toute façon, je n'ai pas peur, je vais tout donner, ne pas avoir de regrets. Et si cela doit s'arrêter, je l'accepterai. Cette expérience est belle quoiqu'il arrive. Maintenant que je mesure la difficulté réelle, je suis un peu moins sûre d'arriver au bout. Mais ce qui est sûr, c'est que je donnerai tout pour aller au maximum de cette aventure".

Propos recueillis par Boris Descargues

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