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Pilote ou cheffe d'équipe, la moto s'ouvre doucement aux femmes

Les femmes, longtemps cantonnées au rôle de "grid girls" tenant le parapluie avant le départ des Grands Prix moto, ouvrent une brèche dans cet univers très masculin comme pilote ou responsable d'équipe.

Lors du dernier Bol d'Or, épreuve d'endurance de 24 heures, en septembre, il y avait six femmes au départ (sur 168 pilotes au total) dont un équipage entièrement féminin, le "Girls Racing Team" qui a terminé 28e sur 44 classés et 14e dans sa catégorie.

En Supersport 300, un championnat utilisant des motos proches de la série, l'Espagnole Ana Carasco a remporté le titre mondial l'an dernier et a gagné l'épreuve française à Magny-Cours dimanche.

Mais le pinacle de la discipline, les Grand Prix de vitesse, ne compte aucune femme parmi ses pilotes, que cela soit en MotoGP - la catégorie suprême -, en Moto2 ou Moto3. Seule l'Espagnole Maria Herrera, 23 ans, court actuellement en MotoE (électrique) après s'être alignée régulièrement en Moto3 (des motos de 250 cm3) de 2015 à 2017.

"Il faut du talent et de la technique, ce n'est pas la force physique qui compte le plus", souligne-t-elle lors d'un entretien à l'AFP, alors même que les machines utilisées en MotoE sont plus lourdes que celles de MotoGP.

- Avant tout une pilote -

"Mais lorsque vous êtes une femme, toute l'attention va être concentrée sur vous en tant que femme alors que je me considère avant tout comme une pilote", regrette-t-elle.

Pour Line Vieillard, seule concurrente féminine d'une formule de promotion en France pour accéder à la Moto3, "ce n'est pas un souci d'être une jeune fille, je suis la plupart du temps considérée comme une athlète. Cela apparaît plutôt dans les contacts avec les journalistes", ironise la pilote de 18 ans.

Elle reconnaît toutefois qu'être une femme peut aider dans la recherche de parraineurs "car ce n'est pas encore quelque chose qui est très ancré et les sponsors se disent: +On va l'aider elle car cela donne une belle image et ouvre la porte aux filles dans ce sport+".

D'autres rôles s'ouvrent aux femmes: Milena Koerner est à 34 ans "team manager" pour l'écurie MV Agusta en Moto2, après avoir commencé comme "grid girl". "J'ai aussi fait la logistique, les relations presse et publiques, le suivi des pilotes", souligne-t-elle.

Quand on lui a proposé en 2017 de devenir cheffe d'écurie, "je me demandais si j'en étais capable sur le plan technique et j'ai interrogé des gens dans le paddock. Ils m'ont fait observer que Livio Suppo (ex-responsable chez Ducati et Honda, ndlr) vendait des vêtements avant de devenir +team manager+ et que j'en savais certainement plus sur les motos que lui quand il a commencé!"

- Hostiles aux quotas -

"Mais il y a des choses que je déteste: j'étais invitée à une réception de la Fédération internationale motocycliste (FIM) avec beaucoup de mes collègues avec qui on bavardait mais, parce que je ne portais pas les vêtements habituels de mon team, le seul sujet de conversation était la façon dont j'étais habillée. Je préfère parler motos, règlements, mais si vous le dites franchement, les gens ont l'impression que vous vous plaignez."

Elle reconnaît par ailleurs que les pilotes de son écurie se confient peut-être plus facilement à elle qu'à un homme.

L'Allemande se déclare prête à aider d'autres femmes à percer dans le milieu de la moto mais écarte l'idée de quotas. "Les pilotes doivent participer à un championnat du monde parce qu'ils sont bons, pas parce qu'elles sont des femmes."

Maria Herrera, qui a participé à une conférence sur la place des femmes dans la moto organisée par la FIM en août en Finlande, ne veut pas voir se créer un championnat réservé. "J'ai le même niveau qu'un homme, alors je ne veux pas être dans une course qu'avec des femmes. Toute ma vie, j'ai montré que je pouvais gagner contre des hommes", affirme la jeune Espagnole.

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