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Rallye Monte-Carlo: Sébastien Ogier, l'épouvantail du Monte-Carlo

Appelez-le "monsieur Monte-Carlo": le Français Sébastien Ogier (M-Sport Ford) a construit sa cinquième victoire consécutive dans le Rallye Monte-Carlo dimanche en opposant savamment à la concurrence une image d'intouchable.

"Avant même la course, je savais qu'il ne servait à rien d'essayer de se battre avec lui car il est vraiment très fort ici", lâchait ainsi le Finlandais Jari-Matti Latvala (Toyota), 3e, à l'arrivée en Principauté.

Il est vrai que les chiffres parlent pour le quintuple champion du monde, désormais six fois vainqueur (cinq en WRC et une en IRC en 2009) de son "rallye de coeur", disputé autour de sa ville natale, Gap (sud-est de la France).

Avant lui, aucun pilote n'était parvenu à remporter l'épreuve la plus ancienne du calendrier plus de quatre fois de rang.

Seul le Portugal lui réussi aussi bien dans la catégorie reine des rallyes, avec cinq succès.

"Il est à domicile, poursuit Latvala, lui-même plus à l'aise sur les routes scandinaves. Il connaît les conditions, il peut s'y adapter vraiment très rapidement, il sait à quelle vitesse aller, il ne prend pas de risques non nécessaires."

- 'Aucune chance' -

"La façon dont Sébastien a approché l'événement, sa stratégie, ses choix de pneus, tout était absolument parfait", confirme le patron d'Ogier chez M-Sport, Malcolm Wilson.

Mais pour le Britannique, la force du Français est ailleurs. "Ca n'est pas juste le Monte-Carlo. Il a cette capacité incroyable, quand une spéciale est difficile, de maximiser son avantage sur ses concurrents", explique-t-il.

"Il place la barre si haut que tout le monde se dit +OK, je n'ai aucune chance+ et, ensuite, il gère", poursuit Wilson.

On en a vu la démonstration sur la neige, dans des conditions d'adhérence plus que précaires, samedi et dimanche matin. A chaque fois, Ogier a porté un grand coup dans la première spéciale du jour (ES9 et ES14), entamant d'entrée le moral des ses adversaires.

A commencer par l'Estonien Ott Tänak (Toyota), 2e à 14 sec 9/10 vendredi soir. "En principe, il ne lâche rien jusqu'au bout et, là, force a été de constater qu'il s'est un peu résigné", estime le Français Bryan Bouffier, engagé par M-Sport aux côtés d'Ogier.

"Il s'est clairement dit: +il n'y a plus rien à gagner. Ogier, c'est le plus fort ce week-end, il n'y a qu'à assurer une 2e place", analyse-t-il.

- Record de Loeb -

"Je vais rester à mon rythme, assurait d'ailleurs Tänak samedi soir. L'objectif n'est pas de rattraper Ogier, mais c'est un rallye où tout peut arriver, alors nous verrons..."

Or le Français et son copilote Julien Ingrassia ont compris mieux que personne que le Monte-Carlo se conquiert à la régularité plutôt qu'à la vitesse.

"On sait qu'il ne faut pas partir le couteau entre les dents, résume ce dernier. Il y a des fois où il faut savoir enfoncer le clou mais, globalement sur un Monte-Carlo, il faut plutôt être du côté +safe+ (prudent, ndlr) de la limite que de l'autre."

Ca n'a pas empêché le duo de partir à deux reprises en tête-à-queue jeudi et vendredi. "C'était mission impossible, dans des conditions si compliquées, de faire la course parfaite, considère Ogier. On a fait quelques petites erreurs mais on en a fait moins que les autres."

Avec "un peu de réussite", elles lui ont aussi coûté moins qu'aux autres. Notamment au Belge Thierry Neuville (Hyundai), qui a perdu plus de quatre minutes suite à un tête-à-queue dans l'ES1, quand le sien n'a coûté qu'une trentaine de secondes à Ogier dans l'ES7, des spectateurs l'ayant rapidement dégagé du fossé.

"Monsieur Monte-Carlo" a passé la sixième dimanche. L'an prochain, il aura l'occasion de s'attaquer au record de sept victoires détenu par Sébastien Loeb. "Selon moi, Ogier est encore plus fort que lui ici", avance déjà Latvala.

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