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Stand, garage, voiture, lieu secret: ce team belge nous immerge dans les coulisses des 24h de Spa (vidéo)

La semaine passée, le petit monde du sport auto se donnait rendez-vous dans les Ardennes belges. Les mythiques 24h de Spa se sont tenues de manière ‘normales’ pour la première fois depuis la crise mondiale du covid. Écuries et supporters étaient à bloc pour ce week-end de folie dont l’ambiance avait manqué à tous les passionnés.

Pour l’occasion, RTL INFO s’est glissé dans les coulisses d’une équipe belge qui participait à la course : le Boutsen Racing. L’écurie, basée à Wavre, est active "depuis 26 ans dans le sport automobile", commence par présenter Amaury Lainé, le responsable marketing. Ce dernier nous a ouvert les portes de l'équipe, à la découverte des coulisses de cette course tant attendue. 

Un travail d’équipe

Les 24h de Spa sont considérées comme la plus grande course de GT au monde. Le niveau y est incroyablement relevé, avec 66 voitures de performances équivalentes sur la grille de départ. C'est LE monument du calendrier pour le Boutsen Racing. 

Pour pouvoir performer aux 24h, il faut certes avoir une bonne voiture, mais surtout être bien organisé. Pour perdre le moins de temps possible lors des arrêts aux stands, tout a été optimisé. Avec leur pompe, les mécanos peuvent envoyer "une centaine de litres d’essence en 40 secondes" dans le réservoir. "On change les roues en environ 20 secondes", ajoute Amaury Lainé. "Quatre roues, deux hommes et un ‘gun’" qui leur permet de réussir ce tour de force. 

Une voiture de tueur

La voiture des Wavriens est une Audi R8 GT3, "une voiture de 600-650 chevaux", confie le responsable marketing avec une certaine fierté.

Les pneus "slicks", pour piste sèche, sont préchauffés à 90 degrés pour obtenir une adhérence optimale. "Ça a un grip phénoménal. Dans le Raidillon, ça passe à fond à 260 km/h. C’est dingue comme voiture, c’est absolument incroyable."

Le siège est fixe "pour tous les pilotes". Il faut pourtant que les 4 pilotes qui se relayent au volant soient parfaitement assis. Pour pallier les différences de gabarits, une idée simple a émergé : prendre des "inserts" (des petites cales en mousses) pour ajuster la position d’un pilote à un autre de manière très rapide. Les pédales, elles, peuvent avancer ou reculer en fonction de la taille de chacun. "Pour les changements de pilotes, il faut essayer d’être aussi rapide que pour les roues, donc en 20-25 secondes", nous explique Amaury Lainé. 

À l’intérieur de l’habitacle, tout est pensé pour la performance. Une bande fluo entoure par exemple le tableau de bord. De nuit, une petite lumière éclaire l'endroit et permet aux pilotes de profiter d'une visibilité idéale pour continuer à peaufiner le réglage de la voiture sans avoir à consommer d'énergie complémentaire. Tout se dirige au volant, des assistances électroniques aux phares, en passant par un bouton "kill", qui permet d'arrêter la voiture automatiquement à son arrivée au stand. 

Sur la portière, les pilotes ont aussi un plan du circuit. "Il permet deux choses", détaille Amaury Lainé, "quand l’ingénieur vient discuter avec le pilote, ce dernier peut lui dire plus facilement à quel virage il ressent telle ou telle sensation. Ça permet aussi de localiser la voiture si elle se retrouve à l'arrêt en bord de piste, le pilote peut dire où il est arrêté."

Les détails

Pour pouvoir tenir à un rythme effréné durant 24h, il est important de veiller au confort de chacun. En ce sens, les pilotes ont des emplacements ventilés pour leurs casques. "Il y a un ventilateur qui permet de sécher l’intérieur du casque. Quand on sort [de la voiture] on est mouillé, il fait 40-45 degrés à l’intérieur de l’habitacle donc ça fait transpirer."

A l'arrière des stands, nous découvrons une nuée d'écrans, utilisés par les ingénieurs pour comprendre comment la voiture fonctionne. Ils sont 3 à se relayer, jour et nuit, pour veiller sur ces écrans, détectant la moindre petite faille au passage: crevaison, usure moteur ou mécanique... 

Qui dit efforts intenses dit également coin détente pour pouvoir tenir le coup. A cet endroit, les pilotes et leurs familles peuvent décompresser avant de reprendre le volant. "Il y a un traiteur qui vient toutes les 3-4 heures pendant la course pour nous amener un peu de tout, de la soupe, des crêpes… Pour que tous les membres de l’équipe se tiennent éveillés, parce qu’il faut être éveillé pendant 24h et c’est très compliqué."


Mis à rude épreuve tout au long de la course, les pneus occupent une place centrale. Avant d’être mis sur la voiture, ils sont préchauffés à une température de 90 degrés, "c’est à cette température que le pneu aura la meilleure adhérence". Mais attention à ne pas chauffer trop fort, "sinon la gomme brûle et ça devient de la pâte à pizza, elle cloque. Pour éviter ça, on a une personne qui va gérer les pneus pendant toute la course et qui vérifie toutes les 10 minutes que les pneus ne chauffent pas trop."


Le cocon

Juste derrière le garage, l’équipe dispose d’un grand van aménagé. Il comprend des écrans "si les ingénieurs veulent venir se brancher avec leur pc", ce qui permet aux pilotes de débriefer leur relais au calme. Un espace est aussi réservé aux pilotes "avec leurs barres énergétiques, leurs combinaisons" ainsi qu’un espace physio/kiné "où il y a tout l’outillage qui permet la récupération, de soigner un petit bobo ou une petite douleur". "On ne peut pas se permettre d’avoir un pilote qui ne se sent pas bien avant de rentrer dans la voiture, il doit être au top comme tous les membres du team."

Dans le paddock supérieur, près du virage de la source, les pilotes disposent aussi d'un motor-home, dans lequel ils passent quelques heures pour dormir en pleine course. Mais cela ne dure pas longtemps, chacun devant être disponible en cas de pépin avec l'un de ses coéquipiers. 

Fin des 24h, mais pas la fin de la course

Toutes ces installations sont installées en un jour et demi sur le circuit. Les membres de l'équipe arrivent au circuit en début de semaine et ne partent pas avant l'arrivée de l'épreuve. 

Une fois le drapeau à damier agité et les moteurs éteints, la deuxième course commence… dans les paddocks. "À la fin des 24h, on a cinq heures pour tout démonter. Le lendemain, il y a des événements sur le circuit. Il est utilisé toute l’année", explique Amaury Lainé.

Heureusement, le démontage va bien plus vite que le montage. D’autant que "tout le monde a envie de rentrer chez soi, surtout quand tu as passé une semaine ici. Tout le monde a envie d’être proche de sa famille donc [c’est vite rangé]", conclut le responsable marketing de l’écurie brabançonne wallonne.  

Malheureusement pour le Boutsen Racing, leur Audi R8 GT3 n'a pas tenu le coup, renonçant après un peu plus de 7h de course. Mais l'intention est bien de revenir tenter sa chance l'année prochaine !

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