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A mi-chemin entre son opération aux ischio-jambiers et les JO-2024 pour lesquels il espère se qualifier à 37 ans, Renaud Lavillenie se dit dans les temps de passage prévus. "S'il y a quelqu'un qui peut le faire, c'est lui", estime le perchiste star Mondo Duplantis.
Cinq mois après avoir été opéré pour une rupture partielle d'un tendon au niveau des ischio-jambiers de la cuisse gauche, le champion olympique 2012 et ex-détenteur du record du monde du saut à la perche vient de rechausser les pointes à l'entraînement.
"C'est une étape positive, non négligeable, parce que tu ne vas pas t'amuser à courir en pointes quand t'es éclaté, que t'as mal partout et que tu ne vaux rien", lance Lavillenie, dans la peau de l'organisateur en chef de son meeting de perche à Clermont-Ferrand la semaine dernière.
"Ça amène vers la prochaine étape, la reprise de la perche, poursuit-il. Je n'ai pas encore de date exacte. Mais ça avance bien, je suis dans le plan prévu, même à peine en avance, c'est plutôt cool."
"Avec mon coach, le kiné, on est confiant. Pas archi confiant, mais en tout cas, il n'y a pas de coup d'arrêt et c'est quelque chose d'important", résume le quintuple médaillé mondial.
- "Tant qu'il peut courir" -
Malgré tout, les cinq mois qui le séparent de son objectif olympique ressemblent à une course contre le temps pour Lavillenie, qui devra franchir 5,82 m avant la date butoir du 30 juin pour s'inviter à la grand-messe parisienne (26 juillet-11 août), dans une des rares disciplines où l'athlétisme français compte plus de prétendants que de billets disponibles.
"Ça va être dur, constate Duplantis, l'héritier du perchiste français, passé tout près de porter le record du monde à 6,24 m la semaine dernière. S'il y a quelqu'un qui peut le faire, c'est Renaud. Mais ça ne va pas être simple. Il sait que ça va lui demander beaucoup d'efforts."
"Mais je pense qu'il va faire les choses comme il faut, intelligemment: il va prendre les bonnes décisions, il va être patient, ne pas précipiter les choses, et s'assurer de choisir les bons endroits pour essayer de se qualifier", reprend le phénomène suédois.
"Tant qu'il peut courir, il peut le faire, tant qu'il est en forme, il peut le faire. Il n'a même pas besoin d'être à 100%, juste assez en forme pour faire ça. Parce que techniquement, il saute depuis tellement longtemps qu'il va retrouver ses sensations avec la perche comme ça, dit Duplantis en claquant des doigts. Très facilement. Il a juste besoin de vitesse."
- Retour à la compétition fin mai -
Lavillenie vise un retour à la compétition fin mai, peut-être le 28 à Ostrava, en République tchèque. S'ouvrirait alors pour lui une fenêtre d'un mois pour arracher sur le fil sa qualification olympique -- sa quatrième --. Avec "une +compète+ tous les week-ends, le 9 juin à Clermont-Ferrand, le 15 au Bourget, le 22 à Toulouse, et les Championnats de France (les 29 et 30 à Angers, ndlr), un rythme assez intéressant, énumère-t-il. C'est le plan de base. Après, on est prêt à s'adapter à tout moment."
Comment appréhende-t-il le fait de s'y attaquer après avoir si peu sauté depuis un an et demi, lui qu'on n'a pas vu en compétition entre mi-septembre 2022 et fin mai 2023 -- sa première saison hivernale manquée --, puis depuis fin juillet dernier ?
"Ce n'est pas une situation dans laquelle on aime se mettre, convient Lavillenie. Mais comme certains le disent, s'il y en a un qui peut le faire, c'est bien moi: personne ne m'imaginait battre le record du monde et je l'ai fait (6,16 m en 2014, ndlr)."
Invité à se projeter dans une telle perspective, "ce serait dur, ça demande beaucoup de force mentale", répond Duplantis à l'AFP.
"La perche, je l'ai en moi, résume Lavillenie. Quand j'ai repris après cinq, six mois d'arrêt l'année dernière, je ne me suis posé aucune question et tout est revenu naturellement. Quand tu me mets une perche en main, j'arrive à faire des trucs que beaucoup pensaient inimaginable. C'est mon atout."