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Athlétisme: Tokyo s'éloigne pour Coleman, suspendu pour dopage

Le nouveau roi de la ligne droite ne devrait pas voir les Jeux de Tokyo. L'Américain Christian Coleman, champion du monde du 100 m, a été suspendu deux ans pour manquements à ses obligations de localisation antidopage.

Après avoir échappé une première fois à une sanction en 2019, puis avoir été suspendu provisoirement en mai, Coleman, 24 ans, est cette fois bel et bien sanctionné, comme l'a annoncé mardi l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU), cet organe créé en 2017 par la Fédération internationale et chargé de la lutte antidopage.

Coleman est privé de piste jusqu'au 13 mai 2022, de quoi lui fermer la porte des JO de Tokyo, reportés à 2021 (23 juillet-8 août) en raison de la pandémie de coronavirus, mais pas a priori des Mondiaux d'Eugene, décalés à 2022 (15-24 juillet 2022).

Il a 30 jours pour faire appel.

Christian Coleman avait déjà échappé de peu à une sanction pour des faits similaires en septembre 2019, blanchi par l'Agence antidopage américaine, qui avait commis une erreur dans la date de son premier manquement. Il avait ainsi pu briller quelques semaines plus tard aux Mondiaux de Doha en remportant le 100 m en 9 sec 76 et le relais 4x100 m.

- Une semaine après Naser -

Le meilleur sprinteur depuis la retraite de la légende jamaïcaine Usain Bolt en 2017, également double médaillé d'argent mondial (100 et 4x100 m en 2017), se voit reprocher trois manquements à ses obligations de localisation antidopage, une semaine après l'abandon des charges contre la Bahreïnie Salwa Eid Naser, championne du monde du 400 m, qui était poursuivie pour les mêmes motifs.

Les athlètes de très haut niveau sont soumis à de scrupuleuses obligations de localisation (adresse, stages, entraînements, compétitions), devant en plus renseigner chaque jour un créneau d'une heure et un lieu afin de pouvoir être testé de façon inopinée.

Trois manquements à ces obligations (un contrôle manqué, le "no show", ou des renseignements imprécis) en moins d'un an sont passibles de deux ans de suspension.

D'après la décision du Tribunal disciplinaire, Coleman avait d'abord manqué un test le 16 janvier 2019, qu'il n'a pas contesté.

Puis le 26 avril 2019, sa localisation sur le logiciel Adams indiquait sa présence à Lexington (Kentucky), alors qu'il se trouvait en fait dans l'Iowa à la compétition des Drake Relays. Appelé par un contrôleur, Coleman avait tenté de modifier ses informations après coup. Mais le tribunal a rappelé qu'un tel changement doit être effectué "aussi vite que possible", alors que Coleman se trouvait dans l'Iowa depuis deux jours.

- "Signe d'alerte" -

Le recordman du monde du 60 m en salle (6 sec 34) a également contesté son contrôle manqué du 9 décembre 2019.

Ce jour-là, deux contrôleurs se présentent à sa porte de 19h15 à 20h15, sur son créneau de test d'une heure.

Coleman n'est pas présent car il fait du shopping dans un centre commercial proche. Il assure qu'il est rentré brièvement chez lui vers 20h10 pour regarder le coup d'envoi d'un match de football américain, avant de ressortir.

Ses relevés d'achats montrent qu'il a fait des emplettes à partir de 19h13, à 19h53, puis d'autres courses à Walmart à 20h22. Le tribunal a jugé impossible qu'il ait eu le temps de rentrer chez lui puis de ressortir, vu les trajets, et que les contrôleurs l'auraient de toute façon vu passer devant eux si ça avait été le cas...

Coleman et sa défense ont également pointé du doigt le fait que les contrôleurs n'avaient pas essayé de lui téléphoner pour le prévenir, un acte "pas obligatoire", a rappelé le tribunal.

Dans le rapport, le responsable des contrôles de l'AIU admet que l'instruction avait été donnée aux contrôleurs de ne pas appeler Coleman, car "l'athlète avait manqué quatre tests dans un passé relativement proche, ce qui est un signe d'alerte" et qu'il avait "l'impression que l'athlète avait pu avoir été prévenu pour des tests précédents."

Malgré sa défense, Coleman est ainsi le troisième champion du monde américain du 100 m suspendu pour dopage, après Tyson Gay et Justin Gatlin.

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