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Athlétisme: une Coupe du monde mal née

Une Coupe du monde, vraiment? Londres accueille samedi et dimanche les huit meilleures nations de la planète athlétisme pour un rendez-vous inédit et richement doté mais l'absence de stars et la concurrence du Mondial de football et de Wimbledon mettent à mal l'intérêt de l'évènement.

Sur le papier, le concept est alléchant: réunir durant deux soirées les places-fortes de la discipline (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, France, Afrique du Sud, Pologne, Jamaïque, Allemagne) pour une compétition par équipes avec à la clé 2 millions de dollars (1,71 million d'euros) à se partager sur un week-end. Au total, 34 épreuves sont prévues (17 chez les femmes, 17 chez les hommes) avec un représentant par pays, dont quatre relais (4x100 m, 4x400 m).

Un format dynamique donc qui répond au souhait de la Fédération internationale et de son président Sebastian Coe de casser les codes, de dépoussiérer le premier sport olympique et d'accrocher le grand public au moment où l'athlétisme cherche un second souffle depuis la retraite de sa superstar Usain Bolt. Sans y accoler son label, l'IAAF soutient d'ailleurs cette initiative lancée par la Fédération anglaise.

En optant pour le stade olympique de la capitale britannique, qui a largement fait ses preuves lors des JO-2012 et des Mondiaux en 2017, les organisateurs imaginaient également jouer sur du velours.

- Bide? -

Seulement voilà, à y regarder de plus près, le tableau est beaucoup moins reluisant et le casting loin d'être digne d'une "Coupe du monde". Les Américains sont venus sans leurs leaders (Gatlin, Coleman, Lyles, Baker, Taylor, Bowie, Felix, Muhammad, Morris...), les Britanniques, pourtant à domicile, n'aligneront pas non plus leurs têtes d'affiches (Asher-Smith, Muir, Prescod, Hughes, le relais 4x100 m champion du monde en titre), la double médaillée d'or olympique sud-africaine Caster Semenya (800 m) a fait faux-bond au dernier moment et les Français envoient "une équipe A'", selon le Directeur technique national Patrice Gergès, après les forfaits sur blessure de leurs sprinteurs N.1, Jimmy Vicaut (adducteur) et Carolle Zahi (ischio-jambier).

Malgré l'argent mis sur la table et l'absence cette année de JO ou de Championnats du monde, les cadors, plus intéressés par les deux étapes de Ligue de Diamant, vendredi à Rabat (Coleman, Lyles, Baker, Rodgers, Lavillenie, Semenya) et le 20 juillet à Monaco (Lyles, Taylor, Morris, Semenya), ont fait défection.

Autre écueil: les finales du Mondial de football et du simple messieurs de Wimbledon, dimanche, qui risquent de faire de l'ombre à la compétition. Les organisateurs ont d'ores et déjà prévu seulement 30.000 spectateurs samedi et un peu moins le lendemain dans une enceinte de 50.000 places, loin des fortes affluences de 2012 et 2017.

L'élimination de l'Angleterre en demi-finales en Russie permettra peut-être d'éviter un bide total et les Londoniens pourraient ainsi faire un petit effort pour venir admirer les exploits de la sprinteuse jamaïcaine Elaine Thompson ou du champion du monde américain du saut à la perche Sam Kendricks.

- L'Euro en vue -

Pour les Bleus, même en l'absence des piliers, la traversée de la Manche entre dans le cadre de la préparation pour les Championnats d'Europe (6-12 août à Berlin).

"Cela permet de mettre les Français en confrontation avec des athlètes de niveau mondial, c'est intéressant dans l'optique de préparer Berlin", a déclaré à l'AFP Patrice Gergès.

Le DTN français avoue avoir "pris le temps de réfléchir à l'intérêt sportif" de la compétition avant de donner son aval, "en acceptant l'idée que les Top athlètes décideraient ou non d'y aller".

Le DTN se réjouit surtout de voir de nouvelles formes de compétitions se mettre en place car "c'est dans l'intérêt de l'athlé de proposer autre chose".

"Cette idée de matches entre nations, ça casse l'hégémonie des organisateurs de meetings et des agents. Cela redonne aux Fédérations la possibilité de faire des choses intéressantes. Le format court de deux heures par soir, c'est bien aussi. On n'est plus prêt à rester des heures et des heures dans un stade. Après, il faut que ça s'inscrive dans une cohérence de calendrier général. Pour l'instant, c'est intéressant pour ceux qui ne font pas la Ligue de diamant", a-t-il observé.

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