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Basket: l'instinct retrouvé d'Elie Okobo

Meilleur marqueur d'Euroligue, Elie Okobo a redressé sa trajectoire sinueuse en France, trois ans après l'avoir quittée pour son rêve contrarié de NBA. A Villeurbanne, qui se déplace à Monaco mardi (18h00) pour le choc de l'Elite, le meneur a retrouvé à 24 ans le basket instinctif de ses débuts.

Entre la meilleure moyenne de points de l'Euroligue (18,5) et les 35 passés au Panathinaïkos (2e meilleur total de la saison), Elie Okobo a rappelé qu'il pouvait marquer, beaucoup. Un rappel seulement car Monaco en avait déjà fait les frais lors des play-offs 2018.

Ce soir là, le joueur de Pau-Orthez - où il a été formé - avait empilé 44 points, une performance qui lui avait ouvert les portes de la NBA. Drafté au deuxième tour par Phoenix, l'espoir du basket français s'était ensuite brûlé les ailes aux Suns. Premier contretemps depuis ses débuts fulgurants en France.

"En 2013, au Final 4 du championnat de France U17, il est énorme. Le meilleur joueur du tournoi", se souvient son entraîneur cadets à Bordeaux, Arnold Bouazza.

Devenu responsable de la catégorie à l'Elan Béarnais, il jure avoir fait "du lobbying, des pieds et des mains" pour que Pau-Orthez le recrute en 2014.

- Un contre un -

"C'était le même type de joueur, brosse à l'AFP Arnold Bouazza. A chaque fin d'entraînement, il faisait une demi-heure de un contre un. Et c'est encore le cas. Trente minutes par jour, en huit ans, ça commence à faire."

Après Devin Booker à Phoenix, il se fait aujourd'hui la main avec Kymany Houinsou et Victor Wembanyama à Villeurbanne. "Pour être très à l'aise dans certains gestes à force de répétitions, développe à l'AFP Elie Okobo. Victor (2,18 m, ndlr), avec ses longs segments, me permet de jauger mon jeu face aux très grands gabarits."

Un jeu au registre soliste hors du commun pour un meneur français. En témoignent ses "floaters" (tirs en cloche à mi-distance) en fin de dribble et ses "step-back" avant un tir de loin, un gestuaire typé NBA développé très tôt.

"Il n'avait rien à envier de ce côté aux joueurs américains de l'équipe pro. C'était assez étonnant", se souvient pour l'AFP Julien Martin, l'entraîneur espoirs avec lequel il a été champion de France 2016 à Pau-Orthez. "Lors de son premier match dans la catégorie, il met 21 points. Arrivé à l'Elan béarnais, il a tout fracassé. C'était facile."

Jusqu'à Phoenix... Avec les Suns, il réalise une saison 2018-2019 "plutôt honorable pour une première année NBA" observe son agent Hirant Manakian, chiffres à l'appui: 53 matches à près de 18 minutes de jeu en moyenne.

"Il se blesse ensuite à la cheville droite mais pas assez gravement pour que cela demande une opération", explique-t-il à l'AFP.

"C'est quelque chose qui ne m'empêchait pas de jouer, sauf que physiquement, j'étais à 60% de mes capacités, décrit l'intéressé. C'était frustrant: pour pouvoir attaquer le cercle, les grands, les extérieurs, il faut de l'explosivité et de la puissance."

- Covid "sévère" -

S'ajoute à cela le recrutement à son poste de Ricky Rubio. Ses minutes fondent. Le Covid-19 interrompt cette deuxième saison et, juste avant la reprise dans la bulle d'Orlando, Elie Okobo le contracte "sévèrement", selon son agent.

"Il a perdu du poids, il est resté alité plusieurs jours, détaille-t-il. Et comme il était affaibli, il s'est blessé à nouveau à la cheville".

A l'issue de l'exercice, Chris Paul atterrit à Phoenix dans un échange avec Rubio et les Suns se séparent d'Okobo. Faute de mieux, le Français se retrouve en G League, la ligue de développement de la NBA, et passe sur la table d'opération en mars dernier après une saison anonyme.

"J'ai reçu après un message de Tony (Parker, propriétaire de Villeurbanne, ndlr) me demandant ce que je pensais faire cette année", raconte Okobo, qui a opté pour l'Asvel "parce que tout collait". "Si je retourne en NBA, ce sera dans un projet sûr et cadré. Il faut que je connaisse des joueurs et le +coaching staff+."

Avec TJ Parker, il a un entraîneur-admirateur de longue date, à écouter Arnold Bouazza, diplômé en même temps que lui en 2015: "TJ me disait +j'aimerais trop avoir un joueur comme Okobo+". Il n'est plus le seul.

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