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Beñat Marmissolle, paysan basque et révélation de l'ultra-trail

Sa victoire lors de la mythique Diagonale des Fous à La Réunion, en octobre, a braqué sur lui une attention nouvelle: à 41 ans et en deux saisons seulement, Beñat Marmissolle s'est hissé parmi les meilleurs coureurs d'ultra-trail de la planète.

Le Basque ne veut pas se contenter de ce coup d'éclat, achevé en 23 heures et 14 minutes. En 2023, il compte s'aligner au départ des trois courses les plus prestigieuses de la discipline - la Hard Rock 100 aux États-Unis en juillet, l'Ultra-trail du Mont-Blanc (UTMB) en septembre puis la Diagonale des Fous, le mois suivant, sur l'île de l'océan Indien.

"Jusqu'à présent, aucun athlète Élite de la planète ne s'est lancé ce challenge-là et j'ai envie de le tenter".

Depuis sa ferme de Tardets, petit village d'une vallée montagneuse du Pays basque, Beñat Marmissolle pointe "sa colline", le sommet d'Erretzü, et sa pente technique: son terrain d'entraînement favori, avec des passages inclinés à 24%.

La terrasse de la maison offre une vue imprenable sur le sentier qu'il arpente depuis tant d'années. "Quand j'étais petit, j'allais y chercher les brebis avec mon père mais à l'époque, c'était surtout une contrainte", sourit le quadragénaire.

Quand il ne s'entraîne pas, Beñat Marmissolle vient voir ses bêtes et effectuer quelques travaux, mais il convient volontiers que "sans [ses] parents, rien ne serait possible". "Mon cocon familial, c'est mon équilibre, c'est ce qui me permet de repartir au combat."

- Coup de tête -

L'amour de la course s'est révélé à lui sur le tard. Joueur de handball jusqu'à sa majorité, le sportif ne se met à courir qu'à 28 ans, sur un coup de tête. Mais "pas à moitié": il enchaîne les courses, les compétitions escarpées de skyrunning en altitude, avant de se lancer sur les longues distances de l'ultra-trail, dans des courses allant de 80 à 160 kilomètres, sur les conseils de son ancien entraîneur.

C'est la révélation: en 2021, il remporte la course de l'Aneto-Posets dans les Pyrénées espagnoles et finit troisième de la Diagonale des Fous, puis se classe 6e de l'UTMB en 2022, avant de remporter la course réunionnaise.

"Il y a trois ans de ça, la Diagonale des Fous, on n'en parlait même pas. Tout ça s'est fait au petit bonheur la chance, un peu malgré lui", sourit Sébastien Choy, son beau-frère qui l'accompagne sur de nombreuses courses.

"C'est un pur amateur, Beñat, c'est un paysan", rigole son ami d'enfance Pierre Blanco, natif du même village et aujourd'hui installé à Bordeaux. "Courir pour moi, c'est naturel, je pense avec le recul que c'était mon sport", résume Marmissolle.

Il compte sur "son mental" pour dépasser la douleur, "quand on a l'impression de faire une crise cardiaque et qu'on a le goût du sang qui monte dans la bouche". "Je n'aime pas souffrir mais oui, je me fais énormément de mal", admet l'athlète qui aspire désormais à vivre de son sport.

"Il est taré et il le sait, mais il est comme ça, il se donne au maximum", abonde Pierre Blanco.

Hygiène de vie, alimentation, stress, sommeil, distractions, le Basque ne tolère "aucun écart". "Je suis un grand fan de foot et de rugby par exemple mais les matchs du soir me mettaient trop de tension avant d'aller dormir donc plus de télé, je lis seulement les comptes-rendus !", sourit Marmissolle.

Qui n'ignore pas qu'il lui reste des adversaires de taille, dont les Français François D'Haene, quadruple vainqueur de la Diagonale des Fous et de l'UTMB, ou Xavier Thévenard. Sans oublier le Catalan "ultra-terrestre" Kilian Jornet ou l'Américain Jim Walmsley.

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