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Brest Atlantiques: quatre maxi géants des mers plongés dans l'aventure

Quatre bateaux grandioses, une course en double inédite, un parcours atypique, un 3e homme à bord chargé de raconter l'histoire, l'angoisse d'un scénario catastrophe pour la classe Ultim: ce sont les ingrédients de la Brest Atlantiques, partie mardi de Brest pour une boucle d'un mois.

Sérieusement endommagés lors de la dernière Route du Rhum il y a un an, les Ultim, ces maxi-trimarans de 32 m de long maximum capables de voler, se sont enfin lancés dans leur première confrontation, entre grands bateaux de ce monde.

Ils sont peu nombreux, encore en phase de défrichage d'une navigation devenue volante mais pas encore à toute épreuve. Ils ont pris le pari d'une première course, faite pour eux et par eux, longue de 14.000 milles nautiques (environ 26.000 km) sur les océans atlantiques nord et sud. Soit un mois fait d'imprévus sur les mers, de Brest à Rio (Brésil), de Rio au Cap (Afrique du sud) puis du Cap à Brest - une portion quasi inconnue -, le tout sans escale.

"C'est la moitié d'une longueur d'un tour du monde, c'est ce qu'on fait sur le Trophée Jules Verne même si là, on doit passer devant Rio et faire une remontée depuis l'Afrique du sud. C'est particulier et innovant dans la voile, il n'y a pas de parcours comme celui-là dans la course au large moderne", explique à l'AFP Franck Cammas, associé à Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild).

- Machines volantes -

Face à lui, d'autres marins émérites: François Gabart/Gwnénolé Gahinet (Trimaran Macif), Thomas Coville/Jean-Luc Nélias (Sodebo Ultim 3) et Yves le Blévec/Alex Pella (Actual Leader).

Tous ont des machines volantes, arrivées sur un marché très restreint en raison de leur coût (entre 10 et 15 millions d'euros) ces trois/quatre dernières années. Gabart a été le premier à mettre son bateau à l'eau à l'été 2015. Le Maxi Edmond de Rothschild a suivi en 2017 et le tout dernier est celui de Coville, sorti en mars dernier. Seul Le Blévec se retrouve à la barre d'un multicoque géant vieux de 10 ans mais qui a plusieurs records à son actif.

Tous se savent attendus, avec dans un coin de la tête des casses qui pourraient décimer une flotte déjà réduite à son strict minimum pour faire de cette longue aventure en mers, un flop.

"Je ne tiendrai jamais le discours: il y a 4 bateaux au départ, il y en aura 4 à l'arrivée, on n'aura aucune casse. Ce n'est pas vrai, il va y avoir de la casse à bord du Trimaran Macif, on le sait", souligne Gabart, détenteur du record du tour du monde en solitaire (42 jours fin 2017).

- Risques -

"C'est inhérent à la course au large, j'ai gagné pas mal de courses ces dernières années, il n'y en a quasi aucune que j'ai gagnée sans casser à bord. Surtout que ça va durer un mois. Mais je reste convaincu et persuadé qu'on ne peut pas faire ce genre de bateaux extraordinaires sans prendre de risques".

"On veut naviguer sur des bateaux exceptionnels et repousser un peu ce qu'on pense être le possible. Et quand on fait çà, on se confronte à des avaries, il faut juste arriver à trouver le bon équilibre, on ne peut pas se permettre d'avoir une belle course s'il y a trop d'abandons", poursuit Gabart, qui avait terminé deuxième de la dernière Route du Rhum après avoir subi 4 avaries majeures.

Les skippers ont à coeur de montrer que leur bateaux peuvent être fiables et offrir un beau spectacle, grâce à la présence d'un media man, qui peut participer à la vie à bord mais sans contribuer à la performance du bateau.

Ils entendent aussi poser les bases de la course autour du monde en solitaire qui les fait tant rêver et qu'ils projettent de faire en 2023 avec deux nouveaux bateaux en plus: celui de Gabart, qui sera vendu après la sortie de sa nouvelle machine en 2020, et celui de Banque Populaire, barré par Armel Le Cléac'h, appelé à remplacer leur Ultim détruit lors de la Route du Rhum (attendu en 2021).

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