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Coupe d'Europe de rugby: Bernard Le Roux, le retour du bon vieux roc

Doyen du XV de France à seulement 31 ans, Bernard Le Roux fait aussi partie des plus anciens du Racing 92, qui aura besoin de sa dureté et de son appétit vorace des contacts en finale de Coupe d'Europe face aux Anglais d'Exeter, samedi à Bristol.

Tellement vorace qu'il en avait fait tomber l'arbitre lors de son dernier match, en quart de finale, à Clermont le 19 septembre (victoire 36-27). Mais c'est surtout dans ses plaquages et son apport dans les rucks que le deuxième ligne d'origine sud-africaine s'illustre.

"Bernie, il ne se respecte pas lui-même, surtout sur les déblayages... Il y va à 100% et veut faire mal, bien sûr, dans les règles", dit à son propos le N.8 du Racing 92, Antonie Claassen, qui partage avec lui les racines Springboks et le fait d'avoir porté le maillot bleu.

Mais si Claassen, 35 ans, n'a plus joué en équipe de France depuis 2014, Le Roux en est lui toujours un titulaire indiscutable (41 sélections), sept ans après sa première cape. "C'est le doyen de notre équipe", a d'ailleurs souligné le sélectionneur Fabien Gathié, en le nommant dans une liste de 31 joueurs pour préparer la rencontre contre le pays de Galles, le 24 octobre.

Freiné par une blessure, Le Roux a l'occasion de rebondir sur la pelouse anglaise samedi et d'aider son club à conquérir cette Coupe d'Europe qui manque à son palmarès, après deux finales perdues en 2016 et 2018.

- Barré en Afrique du Sud -

Le "roc" (1,96 m, 113 kg) a déjà fait la démonstration de sa résilience. Absent du Tournoi des six nations 2019 pour cause de genou récalcitrant, il avait réussi à se faire une place pour la Coupe du monde. Et ce, sans disputer de match de préparation en raison d'une suspension pour plaquage dangereux.

L'avant polyvalent, également capable de jouer troisième ligne, a eu la bonne idée de délaisser ce poste soumis à une forte concurrence en équipe de France (Arthur Iturria, Wenceslas Lauret, Charles Ollivon, Yacouba Camara, François Cros...) pour s'imposer.

"Il a développé cette polyvalence qui fait de lui un joueur moderne et l'amène à avoir une activité autant offensive que défensive. En seconde ligne, sa polyvalence lui offre un plus", explique à l'AFP l'ancien sélectionneur Pierre Berbizier, coach du Racing 92 de 2007 à 2012. C'est lui, en 2009, qui a fait venir Le Roux en France quand il n'avait que 20 ans.

"Il était un peu barré au poste de troisième ligne là-bas (en Afrique du Sud) du fait de la densité de concurrence au poste", ajoute l'ex-entraîneur du Racing 92, qui avait décelé "ses dispositions athlétiques" et son "esprit ouvert" l'ayant amené à varier les postes. Aujourd'hui, avec sa mobilité et "son rayonnement en défense", il devient presque "un quatrième troisième ligne", estime-t-il.

- "Rentrer dans les murs" -

"Le poste de seconde ligne lui va mieux parce que son point fort, c'est plus de rentrer dans les murs que de les éviter", renchérit auprès de l'AFP l'ex-sélectionneur Philippe Saint-André (2011-2015), qui l'avait lancé en Bleu.

"Il est devenu beaucoup plus discipliné qu'auparavant, avec une efficacité assez impressionnante dans les plaquages. Et il a quatre poumons!", poursuit l'actuel directeur du rugby au sein du club de Montpellier.

Pour le directeur technique nationale Didier Retière, l'atout de Le Roux est aussi d'être "capable d'enchaîner les actions", ce qui n'est pas forcément évident pour "un joueur grand et puissant".

Claassen loue aussi sa discrétion et son humilité: "Il ne parle pas beaucoup, mais quand il le fait, c'est toujours pour dire quelque chose d'important".

Berbizier se souvient aussi, à son arrivée au Racing 92, "d'un jeune homme curieux, qui en profitait pour visiter Paris et s'intéressait à autre chose qu'au rugby".

A Le Roux, maintenant, de revenir de sa visite à Bristol avec la Coupe.

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