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Coupe d'Europe de rugby: Exeter, les Chiefs sur les sentiers de la gloire

Il y a dix ans, Exeter découvrait l'élite du rugby anglais. Samedi, les Chiefs accueilleront Toulouse pour leur première demi-finale européenne, une étape de plus sur la patiente mais inexorable ascension d'un club modèle.

A l'heure où les Saracens s'apprêtent à tirer leur révérence, au moins temporairement, comme équipe dominante en Angleterre et en Europe, rattrapés par leurs violations répétées du salary cap, Exeter est tout prêt à occuper la place vacante.

Finaliste lors des quatre dernières saisons et assuré de finir en tête de la saison régulière pour la troisième année de suite, le club de l'ouest de l'Angleterre fait preuve d'une remarquable régularité sur le plan national. Même si son palmarès reste encore léger.

S'ils ont été sacrés champions contre les Wasps en 2017, les Chiefs ont perdu leurs trois autres finales contre les Sarries dont ils sont, à bien des égards, l'exact opposé.

Ils n'étaient encore qu'un club qui peinait à se maintenir en D4 quand leur chemin a croisé celui de l'homme qui a changé leur destiné, leur truculent propriétaire Tony Rowe, 70 ans.

Clairon dans la Marine royale à 15 ans, champion de motonautisme dans les années 1970, entrepreneur à succès au début des années 1980 en fondant Southwest Communication, une entreprise de réseaux de télécommunication qui emploie aujourd'hui 150 personnes et réalise près de 30 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, Rowe s'y connait en success stories.

- "Des expériences qui ont fait mal" -

C'est en 1993 qu'il met un premier pied dans le club en en devenant le sponsor maillot pour 4.000 livres de l'époque et en s'investissant déjà dans la marche des Chiefs.

En 1995, c'est l'accession en D3. Et, l'année suivante, en D2.

Rowe prend alors la tête du club avec une idée fixe: monter en Premiership pour y rester.

En 2006, Exeter emménage au Sandy Park, construit pour lui, et passe au professionnalisme intégral. Deux ans plus tard, le club échoue aux portes de l'accession. Rebelote l'année suivante. Mais 2010 sera la bonne: les Chiefs battent Bristol en barrage. Ils montent en Premiership pour ne plus jamais redescendre.

Leur relation avec la Coupe d'Europe - débutée par une défaite contre Montpellier, un après-midi d'octobre 2010, en Challenge Cup - a suivi le même chemin lent, parfois cruel, mais déterminé.

Un an après avoir atteint les demi-finales de la Challenge Cup en 2015, les Chiefs sortent des poules de la "grande" Coupe d'Europe mais perdent d'un point en quart contre les Wasps (25-24).

"Il y a eu quelques expériences qui ont fait mal", a admis l'entraîneur Rob Baxter, récemment, dans les colonnes du site internet "i".

"Le quart de finale contre les Wasps était l'un des matches de la saison et le perdre sur une transformation au coup de sifflet final a été très dur", a-t-il confié.

- Pas d'auto-satisfaction -

Cette année, avec le deuxième bilan de la phase de poule derrière le Leinster, éliminé par les Saracens en quart, les Chiefs se sont assuré un adversaire à leur portée, Northampton, battu 38-15, et l'avantage du terrain en demi-finale.

Mais ne comptez pas sur eux pour verser dans l'auto-satisfaction. "Il n'y a pas le sentiment au sein du club que (cette place en demi-finale) suffise et les joueurs n'ont pas un grand sourire sur le visage comme s'ils avaient gagné le gros lot", avertissait Baxter mardi.

Cette demi-finale n'est qu'une nouvelle étape de développement pour le club, passé sous la houlette de Rowe d'un budget de 150.000 livres à 16,5 M GBP (18 M EUR) en 22 ans et avec une solidité économique enviable en cette période de crise sanitaire.

"Parce que nous avons eu une politique commerciale saine ces vingt dernières années ou plus, nous avons eu la chance de pouvoir nous reposer sur certains actifs pour lever les sommes nécessaires à la poursuite des opérations", avait souligné Rowe en août, en référence aux activités d'hospitalité du stade.

Mais l'exposition offerte par la demi-finale - en attendant mieux - doit permettre de poursuivre le développement, via l'extension du stade de 13.500 places actuellement à 20.000 à terme.

Toulouse est prévenu: les Chiefs ne sont pas prêt d'enterrer la hache de guerre.

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