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Demi-finales du Top 14: Racing, tes supporters sont-ils là?

Le Racing 92, opposé samedi à Castres en demi-finale du Top 14, a beau avoir les meilleurs joueurs à chaque poste, il lui manque un homme: le 16e, faute d'un public enflammé et malgré le bond en termes d'affluence généré par son déménagement à l'Arena.

Jacky Lorenzetti le concède volontiers: "Le Racing n'a jamais déclenché un engouement populaire". Et le président du club de rappeler cette boutade de Jean-Baptiste Lafond lors du titre de 1990: "au Racing, ce ne sont pas les supporters qui connaissent les joueurs, ce sont les joueurs qui connaissent les supporters tellement il y en a peu".

Très exactement 782 adhérents d'associations, selon le club, moitié moins selon les associations elles-mêmes, ce qui fait tout de même une certaine différence d'appréciation. Là où le collectif d'associations de Clermont, par exemple, compte 3.000 adhérents et le stade de l'ASM 11.000 abonnés.

"On est pauvres en supporters, pas pauvres en argent. C'est le contraste complet", résume Jean-Pierre Chivrac, président de Génération Yves-du-Manoir (GYDM), l'une des deux principales associations de supporters du Racing 92 forte d'environ 150 membres.

Depuis qu'il est passé de l'antique stade de Colombes à l'enceinte ultra-moderne de Nanterre, en décembre, le club des Hauts-de-Seine a pourtant réussi le tour de force de tripler son affluence moyenne, passant de 6.000 à 18.000 spectateurs, ce qui le classe dans le peloton de tête du Top 14.

- Un car gratuit... mais pas rempli -

Oui, mais "les gens viennent à l'Arena plus par curiosité que par amour du rugby", estime Chivrac en soulignant les nombreuses invitations distribuées par les partenaires.

Un argument qui agace l'entraîneur des avants Laurent Travers. "Arrêtons de penser que le Racing n'a pas de public", avait-il lancé en avril. "Avant d'être supporters, on est tous venus comme spectateurs. Et une fois qu'on a adhéré, on devient supporter."

Le club ne lésine pourtant pas sur les moyens pour montrer qu'il a du soutien. A longueur de saison, il distribue notamment 50.000 drapeaux ciel et blanc qui permettent une habile conversion visuelle des spectateurs en supporters.

Lorenzetti a même déjà offert des déplacements aux 7 associations de supporters, selon Chivrac, qui se souvient notamment d'un déplacement à Grenoble qui "n'avait pas rempli le car..."

Cibles de railleries sur les réseaux sociaux, les supporters du Racing répondent qu'en région parisienne, mobiliser les foules relève du casse-tête. "On a plus de possibilités de sortie", souligne Johanne D'hoossche, responsable du numérique chez XV Ciel&Blanc, l'autre association majeure.

- L'Arena n'aide pas -

Un problème qui touche aussi le voisin et rival du Stade Français, dont le projet de fusion avec le Racing en 2017 avait déclenché une levée de boucliers.

Désunis par cet épisode, les supporters du Racing le sont encore plus depuis le départ de Colombes, synonyme de moindre convivialité. La bodega est désormais accessible uniquement sur bracelet.

"Ça a cassé l'ambiance, même avec les joueurs", déplore Chivrac. "On ne les voit plus. Avant, à Colombes, ils étaient obligés de passer devant nous, on pouvait leur toucher deux-trois mots, prendre une photo". "On subit l'Arena comme tout le monde, on n'était pas forcément pour", renchérit D'hoossche.

Dans la toute petite tribune "16e homme" qui leur est dédiée, les supporters pourront de nouveau, la saison prochaine, suivre le match debout sans "gêner ceux qui sont un peu plus spectateurs", explique D'hoossche sans plaisanter.

De quoi faire redoubler les moqueries des supporters de Toulon, Clermont ou La Rochelle. Mais eux sont déjà en vacances, quand le Racing vise un 2e titre en 3 ans.

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