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Dans un quartier d'Oulu, sur la côte ouest de la Finlande, les larges projecteurs illuminent la patinoire extérieure de la ville un soir d'hiver, au son des crosses et des palets frappant les parois du terrain.
A moins de 200 kilomètres du cercle polaire, une dizaine de jeunes joueurs de hockey - le sport roi dans le pays nordique champion du monde en titre - quittent la chaleur de leurs vestiaires pour entamer leur entraînement dans le froid hivernal.
Avec la montée en flèche des prix de l'énergie cet hiver, beaucoup d'équipes locales font aujourd'hui face à des difficultés.
A Oulu, l'équipe des "Ahmat" ("les carcajous") a dû renoncer à ouvrir sa patinoire intérieure et transféré ses activités sur la patinoire extérieure de la ville, face à la flambée des prix de l'électricité.
Si le consommateur en Finlande subit en moyenne une hausse de 40% à 60% de sa facture sur un an, le club aurait vu ses coûts énergétiques tripler s'il avait ouvert sa patinoire, autour de 150.000 euros pour la saison.
- Abandons -
"L'augmentation des prix a été telle qu'il n'a pas été possible d'ouvrir à ces tarifs", explique à l'AFP le responsable des entraînements, Maarko Paananen.
Dans le pays, beaucoup d'autres patinoires pourraient suivre si le niveau actuel des prix se maintient.
Les terrains de hockey extérieurs comme celui de Pateniemi - un terrain de football dont le sol est gelé en hiver pour servir de patinoire - sont des lieux appréciés des groupes d'amis et des familles qui souhaitent patiner.
En Finlande, 30.000 enfants sont inscrits dans un club et bien plus pratiquent ce sport entre amis ou à l'école.
Si pour les jeunes joueurs des Ahmat, le plus important reste de pouvoir bénéficier de leur temps d'entraînement sur la glace, parents et entraîneurs s'inquiètent des conséquences si la situation venait à perdurer.
"Bien qu'il ne fasse pas si chaud dans notre propre patinoire, c'est autre chose d'être à la merci de la météo extérieure", souligne Katja Koistinen, une mère d'un des joueurs.
Les Ahmat ont également dû faire des concessions en partageant leur temps d'entraînement avec d'autres équipes, engendrant des trajets plus longs et des incertitudes.
"Si on a des entraînements çà et là, on ne sait pas combien de joueurs de l'équipe vont venir", raconte l'entraîneur de 19 ans, Herman Hietajärvi.
Avec environ 400 licenciés, la plupart mineurs, Ahmat est considéré comme un petit club. Mais sa formation compte beaucoup d'anciens joueurs devenus champions du monde ou médaillés olympiques, comme le joueur de NHL Sakari Manninen.
"Le nombre de joueurs diminue beaucoup en ce moment. On ne peut pas avoir de nouveaux joueurs quand notre propre patinoire est fermée", souligne M. Paananen.
- Saison difficile -
"Cette saison s'annonce plutôt difficile et surtout à la nouvelle année où les coûts pourraient augmenter à beaucoup d'endroits", explique Jukka Toivakka, de la fédération finlandaise de hockey.
Si la situation n'est pas encore dramatique, l'association exhorte les clubs à faire des économies d'énergie et les municipalités à maintenir des niveaux de prix raisonnables.
Après la mise à l'arrêt des importations d'électricité depuis la Russie du fait de l'invasion de l'Ukraine par Moscou, la Finlande a lancé une campagne d'économie d'énergie en octobre pour la première fois depuis la crise pétrolière des années 70.
Un autre emblème du pays nordique a été appelé à la modération: le sauna, du moins la version alimentée à l'électricité.