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Finale NBA: jour de match dans la bulle de Disney World

LeBron James crie dans l'étrange huis clos de l'AdventHealth Arena, au coeur de Disney World. Aurait-on ressenti de la même manière sa rage, sa joie et son soulagement mêlés au Staples Center de Los Angeles devant 20.000 personnes en furie ? Sûrement pas.

Il y a toujours de l'électricité dans l'air durant une finale NBA, mais en l'absence de fans, coronavirus oblige, elle n'est que statique. Elle ne dépasse pas le terrain et ce ne sont pas les vitres en plexiglas qu'il faut blâmer.

Si à 39 secondes de la fin d'un match N.4 tendu et indécis, un panier à trois points d'Anthony Davis scelle la victoire des Lakers mardi, le hurlement libératoire de LeBron ne fait que fendre l'air climatisé de la salle. Avant que le silence ne retombe aussitôt, là où des clameurs feraient en temps normal des étincelles.

Mais 2020, c'est entendu, récuse toute normalité. Et dans ces conditions imposées par la pandémie, la NBA aura fait son maximum pour que la finale entre les Lakers et Miami soit la moins factice possible.

Or dès qu'on pénètre dans l'immense complexe ESPN Wide World of Sports, là aussi, le silence est presqu'aussi accablant que la moiteur floridienne. Le personnel de sécurité se fait discret, des chiens renifleurs les accompagnent. Des bus-laboratoires dédiés aux tests sont disposés non loin.

- Bruit de foule -

Le décorum NBA s'affiche en grand sur la façade de l'AdventHealth Arena, avec les bannières des Lakers et du Heat, séparées par une reproduction du trophée Larry O'Brien. Encore présents le soir du premier match de la finale, les fanions des vingt autres équipes, toutes éliminées, ont été retirés. Ils bordaient les allées sur le chemin de la salle.

Si au dehors l'atmosphère est évidemment étrange -- comment pourrait-il en être autrement dans cette bulle qui aura au moins eu l'immense mérite de rester hermétique au Covid-19 depuis trois mois ? --, à l'intérieur l'ambiance est donc... feutrée.

Ce n'est pourtant pas faute d'utiliser de gros moyens technologiques pour rendre l'ensemble aussi exaltant que possible, à l'image de cet écran géant haute-définition qui entoure les trois quarts du parquet, sur lequel défilent des montages vidéos d'exploits des équipes, en alternance avec des messages appelant au vote et promouvant Black Lives Matter.

Pendant que le "King" exécute sa routine de shoots -- ce qu'il ne fait jamais sur le parquet du Staples Center, car il a une salle dédiée --, la voix de Lawrence Tanter résonne soudain. "Et avec le numéro 23, du lycée St Vincent-St. Mary, LeBroooon James!": l'annonceur des Lakers répète ses gammes.

Sauf que celui-ci n'est pas dans la salle. C'est un enregistrement qui passe et repassera au moment de présenter les joueurs, sur un bruit de foule reconstitué dont on augmente le volume selon la popularité de chacun, "LBJ" l'emportant logiquement aux décibels, même dans une salle vide.

- Obama "virtuel" -

Juste avant passe l'hymne national, lui aussi enregistré -- lors du match N.2 il fut joué par Flea, bassiste des Red Hot Chili Peppers, fan des Lakers --. Comme à chaque fois depuis le 30 juillet, c'est genou à terre que les joueurs, à l'exception de Meyers Leonard (Heat), entraîneurs et arbitres accompagnent ce moment.

En face, certains restent assis sur leur chaise, d'autres sont debout dont Adam Silver, patron de la NBA.

Durant le match, les temps-morts le sont vraiment, sans pom-pom girls ni animations. Mais un public virtuel apparaît sur l'écran géant. Tiens, Barack Obama est "à côté" de Shaquille O'Neal. Pour Jack Nicholson, habitué à être "courtside" au Staples Center, ça attendra.

Mardi, comme l'annonçait le cri de James, les Lakers se sont imposés (102-96) et ne sont désormais qu'à une victoire du record des Celtics de 17 sacres. Mais il s'agit de vite quitter les lieux et de retourner dans une autre bulle, à l'hôtel.

Le lendemain, à l'heure du café qui suit la prise de température et le test quotidien pour le Covid-19, un homme attend l'ascenseur, en t-shirt blanc, short, claquette. C'est Pat Riley, 75 ans, coach légendaire des Lakers période "showtime" dans les années 1980, puis de Miami dont il est aujourd'hui le président.

Normalement on ne devrait le croiser qu'en costume de luxe. C'est aussi ça, la vie dans la bulle NBA.

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