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Finale NBA: Milwaukee, le loser a fait sa mue

Sorti prématurément en 2019 et 2020, Milwaukee s'est réinventé cette saison, grâce à un casting enfin complémentaire, et peut devenir champion NBA dès mardi sur son terrain.

Mi-mai, avant le début des play-offs, les bookmakers leur préféraient encore cinq équipes dans la course au titre.

Champion en 1971 avec Milwaukee, Kareem Abdul-Jabbar ne voyait pas les Bucks passer les Brooklyn Nets et leur armada offensive.

Après leur succès de samedi, les "cerfs" sont pourtant à une victoire d'un sacre dans cette finale qu'ils mènent désormais 3-2 face aux Phoenix Suns, avec l'avantage de jouer chez eux mardi.

Et leur parcours aura été tout sauf tranquille pour en arriver là.

Menés 2-0 contre les Nets, battus d'entrée chez eux par les Atlanta Hawks au tour suivant, les Bucks ont, à chaque fois, retourné des situations compromises.

Milwaukee pourrait même devenir la cinquième équipe de l'histoire à gagner une finale après avoir été menée 2-0.

- Equipe chamboulée -

Sur le papier, la star est la même que dans l'équipe qui s'est effondrée deux fois de suite en play-offs en 2019 et 2020. Son lieutenant et l'entraîneur aussi.

Mais pour le reste, tout, ou presque, a changé.

Le Milwaukee des années passées, dominateur en saison régulière, trouvait systématiquement ses limites en play-offs, forcé par ses adversaires à se caricaturer.

L'étoile Giannis Antetokounmpo était poussée hors de la raquette, où il est le plus efficace, et les Bucks calaient dès que leurs tirs à trois points ne rentraient plus.

En défense, les joueurs de Mike Budenholzer affichaient le même déséquilibre, trop tendres avec les shooters dans une ligue qui ne jure plus que par les missiles longue portée.

"Ce que nous avons traversé ces deux ou trois dernières années nous a préparés pour ce moment, à jouer et être efficace des deux côtés du terrain", a analysé l'entraîneur samedi après le match.

Jusqu'à la saison dernière, "quand on était face à une vraie adversité, en play-offs, on n'arrivait pas à la surmonter", a reconnu samedi le shooter Pat Connaughton.

Outre l'expérience, la différence s'est aussi faite cette saison sur le casting.

Exit Eric Bledsoe, meneur trop individualiste, remplacé par Jrue Holiday. L'arrivée du vétéran trentenaire "a changé toute la construction de l'attaque des Bucks", avait expliqué en avril l'ancienne gloire de Milwaukee Marques Johnson.

Compact, puissant, l'ancien des Sixers et des Pelicans est devenu la troisième flèche du trident offensif que Milwaukee cherchait depuis plusieurs saisons.

Ce n'est pas un pur shooter mais un puncheur, à l'aise au contact, qui partage avec Khris Middleton, fidèle lieutenant de Giannis Antetokounmpo, le goût des joutes physiques, comme le sont souvent les play-offs.

Holiday a permis de rééquilibrer l'attaque et de replacer Antetokounmpo près du panier et d'insuffler le rythme et la circulation qui manquaient tant les saisons précédentes.

- Un peu de vice -

Mieux: ultra-dépendant de son demi-dieu grec les années passées, Milwaukee sait même désormais gagner sans lui.

"La meilleure chose qui soit arrivée aux Bucks, ça a été la blessure de Giannis" en finale de Conférence Est, annonçait l'ancien joueur Charles Barkley il y a quelques jours sur la chaîne TNT.

Leur génie de retour dans sa bouteille, les verts et blancs ont, en effet, enchaîné deux victoires autoritaires sur Atlanta pour se qualifier pour la finale.

Samedi, c'est avec le MVP 2019 et 2020 sur le banc que les Bucks sont revenus dans le match, comme un symbole.

Excellent sur l'homme, Jrue Holiday a aussi dynamisé la défense extérieure des Bucks.

En finale, il a effectué un énorme travail sur le meneur Chris Paul et offert une victoire à l'extérieur aux siens grâce à une interception décisive au match 5.

En cours de saison, Milwaukee a aussi recruté un autre défenseur de premier plan, l'ailier cubique PJ Tucker.

Holiday, Tucker et le pivot remplaçant Bobby Portis, adepte des hurlements rageurs, ont apporté à ces Bucks un peu de vice, de méchanceté, qui leur manquait sans doute pour s'extraire de la meute en play-offs.

Cette saison, "lorsqu'on est menés, on trouve quand même des moyens de gagner les matches", expliquait samedi Antetokounmpo.

Très mal démarré (-16 après 9 minutes), le match 5 aura été la parfaite illustration de ce Milwaukee nouveau, capable de faire le dos rond puis de se sortir de l'ornière.

"On a déjà été derrière", a martelé le "Greek Freak", "et on n'a pas réagi comme si c'était la fin du monde". Pour Pat Connaughton, "c'est ça, le basket qui gagne des titres."

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