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JO-2020: "A ce moment-là, je pensais que c'était foutu", raconte Riner, à propos de son genou blessé

"A ce moment-là, je pensais que c'était foutu", raconte Teddy Riner, en quête d'un troisième sacre olympique à Tokyo, dans une interview accordée fin juin à l'AFP, après la présentation à la presse d'un documentaire de France Télévisions montrant sa blessure au genou gauche survenue à cinq mois des JO.

Riner, dont le documentaire qui suit au long cours sa préparation olympique sera diffusé jeudi, s'est fait une déchirure du ligament croisé postérieur fin février lors d'un stage au Maroc et a dû porter une atèle sur-mesure pendant deux mois. Une sérieuse blessure qui n'avait pas été rendue publique jusque-là.

Mais le décuple champion du monde de judo se veut rassurant: "Bien sûr, de temps en temps, (mon genou) me fait mal, mais ça ne m'empêche pas de m'entraîner, d'aller au bout de moi-même".

Q: Qu'est-ce qui vous a traversé la tête au moment où vous vous blessez ?

R: "A ce moment-là, je pensais que je m'étais fait les (ligaments) croisés... Je pensais que j'allais prendre sept mois et que c'était foutu. Ca va tellement vite, je me dis putain ça c'est grave, j'ai mal, j'ai mal, j'ai mal. Puis je me dis, non, il ne faut pas te dire ça, Teddy, pense positif. Je me tiens le genou. Mais je me force à marcher dessus, je remonte sur le tapis. Et après, j'arrête. Je fais un premier examen et on me dit ce n'est rien, c'est un petit kyste. Je me dis ça va. Et quand je rentre en France, je repasse des examens et on me dit, non. Là, le truc que je demande, c'est combien de temps ? C'est ça que je veux savoir: combien de temps ? C'est une course contre la montre."

Q: Et quelle réponse vous donne-t-on ?

R: "On commence à me dire deux, trois mois. Je dis non, ce n'est pas possible. Je compte sur une chose: toute ma carrière, à chaque fois que j'ai eu des blessures, quand on m'annonce quatre semaines, en général en deux semaines je suis guéri. Là, je parle à mon genou, je me parle à moi-même, je me dis si on peut optimiser, je vais guérir. Je fais les choses correctement, je commence à glacer, à prendre des anti-inflammatoires, à porter mon atèle d'homme bionique tout le temps, même si c'est chiant. Elle a été faite sur-mesure, avec des mesures laser. Elle m'empêchait d'utiliser mon genou, ça le poussait pour qu'il se recolle. Je la gardais même dans l'eau. Je fais tout bien, c'est comme ça que j'ai réussi à revenir plus vite. Après, oui, il y a des douleurs encore, oui, c'est compliqué, mais ça ne m'empêche pas de faire du judo et c'est ce qu'il faut retenir."

Q: Combien de temps avez-vous été privé de judo ?

R: "Pendant deux bons mois, je n'ai pas pu faire de judo."

Q: Vous avez fait le choix de partir en Guadeloupe pendant cette période...

R: "Il faisait gris à ce moment-là à Paris, et voir les mecs s'entraîner devant toi alors que toi, tu es en rééducation, j'ai dit non. Autant aller se ressourcer, changer d'air, voir la famille et s'entraîner différemment. Ca a été bénéfique, ça m'a fait du bien à la tête, de me recentrer un peu sur moi. Parce que c'est chiant une blessure, c'est vachement chiant. Et moi, je suis capable d'aller d'un coup sur le tapis. Donc pour me canaliser, c'était mieux aussi."

Q: Avez-vous repassé des examens depuis que vous avez retiré votre atèle fin avril ?

R: "J'en ai repassé. Ca s'est consolidé, c'est allé plus vite (qu'attendu)."

Q: Vous qualifiez l'état de votre genou de stable. Qu'est-ce que ça signifie ?

R: "Bien sûr, de temps en temps, mon genou me fait mal, mais ça ne m'empêche pas de m'entraîner, ça ne m'empêche pas d'aller au bout de moi-même. Ca, c'est cool, c'est le point positif, clairement."

Q: A quel point cette blessure a-t-elle été une frustration après votre retour convaincant à Doha en janvier ?

R: "J'étais bien (à Doha). Et tu retombes, tu dois tout rebosser. Heureusement aujourd'hui, c'est chose faite et je me sens bien, mais c'est chiant."

Q: Devrez-vous envisager une opération après les Jeux de Tokyo ? En particulier dans la perspective de ceux de Paris ?

R: "Non. Ce n'est pas un ligament qui est important, donc on laisse comme ça."

Q: Comment qualifieriez-vous cette préparation olympique si particulière depuis votre retour à l'entraînement fin 2018 ?

R: "Horrible, horrible. C'est très dur de vivre tout ça. On a été sans cesse dans l'inconnu de savoir si ces Jeux allaient se tenir, si j'allais pouvoir y aller avec la blessure. Ca a été des rebondissements sans cesse. En vrac, en haut, moyen, ça a été deux années très fatigantes."

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