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JO-2020/Judo: Riner, le bronze à défaut de légende

Le bronze a amorti le choc: battu en quart de finale, Teddy Riner n'est pas parvenu à conquérir le troisième titre olympique consécutif qui l'aurait fait entrer dans la légende de son sport, mais il s'est remobilisé pour aller chercher une médaille de bronze, comme Romane Dicko quelques minutes plus tôt.

Le champion est tombé. Et forcément, quand il s'agit de Teddy Riner, cela fait du bruit. Celui qui ne perdait jamais - 154 victoires d'affilée sur presque 10 ans -, a chuté sur les tapis du Nippon Budokan, le temple du judo japonais, pour la troisième fois en 18 mois.

Les deux premières n'avaient pas vraiment porté à conséquence, mais elles étaient peut-être venues rappeler aux adversaires du Guadeloupéen que l'invincibilité n'existe pas.

Tamerlan Bashaev, N.1 mondial et finalement médaillé de bronze, avait peut-être cela en tête quand Riner l'a défié du regard avant d'entrer sur le tapis en quart de finale. Car le Russe n'a pas baissé les yeux et dans le temps supplémentaire d'un combat globalement maîtrisé par le décuple champion du monde, il a contré une attaque de Riner et l'a fait tomber en arrière.

Le Français a fait quelques gestes de dépit, mécontent de la décision des arbitres ou de son moment d'inattention, puis il a disparu le regard noir, le temps de préparer la suite.

- Très affûté -

Elle a été limpide: malgré une préparation chaotique marquée par de longues périodes sans combattre depuis les Jeux de Rio et, très récemment, par une blessure au genou gauche tenue secrète mais qui l'a privé de judo pendant deux mois, Riner était en pleine forme.

A l'échauffement déjà, quand il enchaînait les mouvements comme un danseur de tango de 135 kilos, il était clair que le Français était particulièrement affûté, comme il ne l'avait plus été depuis plusieurs années.

Sa force a de nouveau été évidente en repêchage, quand il a d'abord expédié le malheureux Brésilien Rafael Silva, désormais battu 10 fois en 10 combats et qui cette fois n'a tenu que 45 secondes.

Puis, pour le bronze, il a de nouveau martyrisé le Japonais Hisayoshi Harasawa, sa victime de la finale des Jeux de Rio en 2016, désigné pour ramener le titre des lourds au Japon et qui a échoué.

Riner s'est imposé aux pénalités dans le Golden Score, sans jamais avoir été inquiété, et puisqu'il avait eu deux combats faciles pour débuter, il aura finalement trébuché sur la seule attaque digne de ce nom réussie par ses cinq adversaires de la journée.

Le bronze n'était pas le métal souhaité mais sur le podium, Riner a tout de même embrassé sa médaille, sa quatrième après les deux ors de 2012 et 2016 et le bronze de 2008, et l'a brandie vers le camp français comme si elle était la plus belle.

- Ambitieux guide -

"La vérité, elle est kiffante. C'est la médaille du courage et de la fierté", a-t-il ensuite expliqué devant la presse. "Mes enfants voulaient une médaille, pour la couleur ils n'y verront que du feu", a-t-il aussi souri.

Riner a aussi laissé la porte ouverte pour les Jeux à Paris en 2024 et s'est montré très motivé à l'idée d'aller chercher un titre samedi dans l'épreuve par équipes mixtes, inscrite pour la première fois au programme olympique.

Sa nouvelle discipline diététique n'a donc pas entamé son appétit de victoires et il sera samedi le guide ambitieux de l'équipe de France qui, avec sept médailles décrochées au Budokan, a déjà égalé son record de Barcelone-1992 et Londres-2012.

Car le superbe séjour japonais de l'équipe féminine s'est poursuivi vendredi avec la jeune Romane Dicko (21 ans), qui a elle aussi obtenu le bronze pour ses premiers JO.

Impeccable lors de son match pour la troisième place face à la Turque Kayra Sayit, battue par ippon en un peu plus d'une minute, la double championne d'Europe avait déjà été expéditive lors de ses deux premiers combats.

Mais en demi-finale, elle a subi la loi de la Cubaine Odalys Ortiz, N.1 mondiale et légende de la catégorie, qui s'est imposée par waza-ari. Finalement médaillée d'argent, Ortiz a décroché sa quatrième médaille en quatre JO. Comme un certain Teddy Riner.

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