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JO-2020: "Les gens ne se rendent pas compte", estime Nikola Karabatic, à propos des Experts

"Les gens ne se rendent pas compte de la difficulté de gagner", explique Nikola Karabatic dans un entretien à l'AFP à propos des récents succès de l'équipe de France de handball, double championne olympique (2008, 2012) et vice-championne olympique 2016.

Le palmarès des Experts a créé une "obligation quasiment de ramener une médaille" des JO de Tokyo, estime le leader des Bleus, écarté des terrains durant sept mois après une rupture du ligament croisé du genou droit en octobre et qui dispute à 37 ans ses quatrièmes JO à partir de samedi.

Q: Êtes-vous en pleine possession de vos moyens après cette longue convalescence ?

R: "Physiquement, je me sens bien. J'ai beaucoup d'envie et d'énergie. Je sais pas si j'ai retrouvé les mêmes capacités, je ne me pose pas trop la question. J'essaie de jouer et de m'entraîner du mieux possible. Si je suis là avec eux à l'entraînement, c'est que j'ai le niveau pour participer au stage avec l'équipe."

Q: L'objectif fixé était-il de revenir pour les Jeux ?

R: "Ce que j'avais en ligne mire était de me remettre de ma blessure. Je ne savais pas au moment où je me suis blessé si ma rééducation durerait sept ou dix mois. On voit que ça dépend des athlètes. Rater les Jeux olympiques était une possibilité. Le plus important était de bien me remettre et le plus vite possible pour me donner des chances de faire la fin de saison avec mon club et prétendre faire la préparation aux JO. J'avais un double objectif et je me préparais tous les jours pour me battre contre ma blessure. Mais j'évitais de trop penser aux Jeux olympiques.

Q: Pourquoi ?

R:" Quand tu as une grosse blessure comme ça, il y a énormément de choses qui peuvent arriver (il a souffert d'une thrombose avec embolie pulmonaire après l'opération, ndlr). Je me fixe des objectifs à la semaine et je m'y tiens, j'évite de regarder ce qu'il y a plus loin. Ca ne sert à rien de se mettre de la pression, elle va arriver assez vite. Donc je ne me projette jamais."

Q: Qu'avez-vous pensé de l'équipe de France en votre absence lors du Mondial égyptien en janvier ?

R: "Il y a eu du positif et du négatif. On a fait des très bons matches, mais ça a été fluctuant, on a alterné avec un niveau beaucoup plus bas. Terminer dans les quatre premiers, c'était plutôt un bon résultat même si quand tu arrives en demi-finale, tu ne t'en satisfais pas. Surtout quand tu +joues+ la Suède qui a moins de talent que nous. On est tombé sur une équipe qui a mieux joué au handball, ça nous a montré toute la marge de progression qu'on avait. On est plutôt confiant mais on est conscient qu'il y a du boulot pour pouvoir prétendre aux meilleures places."

Q: En cas de troisième titre olympique à Tokyo, Luc Abalo, Michaël Guigou et vous deviendriez les handballeurs les plus décorés dans l'histoire olympique, c'est une motivation supplémentaire ?

R: "Les stats, les records, j'en ai déjà eu plein. Bien sûr quand on joue une compétition c'est pour la gagner. Par notre histoire, celle de l'équipe de France, tous les titres qu'on a eu (deux olympiques, quatre mondiaux et trois européens, rien que pour les Experts depuis 2008, ndlr), on a l'obligation quasiment à chaque compétition de ramener une médaille. C'est beaucoup de pression et pas forcément facile. Les gens ne se rendent pas compte de la difficulté de gagner des compétitions internationales et de ramener des médailles presque à chaque fois."

Q: Si ce n'est pas les records, quel est votre moteur à 37 ans alors ?

R: "Pour moi cette blessure était une nouvelle expérience. Je n'ai jamais été écarté aussi longtemps des terrains. C'était un challenge de revenir en forme, le plus vite possible. J'ai pris cette blessure et cette rééducation comme une compétition. Cette fois pas contre un adversaire mais contre mon corps et mon opération, ma ligamentoplastie."

Propos recueillis par Clément VARANGES

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