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Des tapis de gym à la formation en sécurité privée en passant par les pièces souvenir aux élèves et de nouvelles piscines en Seine-Saint-Denis: on trouve de tout dans ce qui est présenté comme "l'héritage" des JO de Paris, un concept destiné aussi à susciter l'engouement.
Le jour de l'allumage de la flamme à Olympie en Grèce, le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach a félicité les organisateurs des JO de Paris pour avoir "créé un héritage avant même l'allumage de la flamme".
L'idée est de laisser un legs tant matériel, avec des équipements sportifs neufs ou rénovés par exemple, mais aussi immatériel comme l'augmentation de la pratique sportive pour faire durer l'effet olympique.
"C'est une notion qui est systématiquement activée quand l'olympisme est en crise et il est en crise depuis une trentaine d'années", décrypte auprès de l'AFP Michaël Attali, historien du sport à l'université Rennes II, qui a travaillé sur l'héritage social des événements sportifs. Car les JO ont parfois généré des dettes et des équipements inutilisés dissuadant de nombreux pays de vouloir les organiser.
La première évocation de cette notion d'"héritage" ("legacy" en anglais) remonte aux JO de Melbourne en 1956, puis elle largement tombée dans l'oubli avant d'être introduite dans la charte olympique en 2003.
- "Légitimer l'événement" -
"L’héritage est un outil de légitimité de l’événement", résume le chercheur, pour "faire valoir que les Jeux ont des conséquences sur la vie des individus au-delà des seules festivités".
Dans le budget du comité d'organisation des JO de Paris (Cojo), l'"héritage" est doté de 50 millions d'euros sur un total de 4,4 milliards. Mais l'Etat et les collectivités locales participent aussi. Quelque 170 mesures avaient été envisagées initialement à ce titre.
"Sur la Seine-Saint-Denis, il n'y a pas photo, c'est un héritage matériel, il y a des grands équipements, des piscines supplémentaires", constate l'ex-député de gauche Régis Juanico, spécialiste du sport. Il met un bémol sur "la dimension nationale de l'héritage" car pour lui il n'y a "pas eu grand-chose de concret" pour les villes centres de préparation aux JO et labellisés "Terres de Jeux" en France.
Mesure phare d'héritage impulsée par le Cojo: les 30 minutes d'activité physique à l'école primaire. D'après le dernier pointage du ministère de l'Education, auquel un peu plus de la moitié des écoles ont répondu, 91,5% des établissements primaires et élémentaires ont mis en oeuvre la mesure "même partiellement".
"Il faudrait déjà faire les 3 heures d'EPS dans le premier degré", relève Régis Juanico, un peu à l'unisson des profs d'EPS qui ne sont pas très fans de la mesure.
- Pièces en vente sur internet -
De nombreuses autres mesures sont présentées comme un héritage.
Ainsi la formation rémunérée pour devenir agent de sécurité privée, filière à la peine, est présentée comme "un héritage" des JO par des interlocuteurs du Cojo et de l'Etat pour l'avenir de ce secteur rongé par le turnover et de bas salaires.
"Tout ce qui passe est héritage", observe Michaël Attali. "Ça part un peu dans tous les sens", renchérit Régis Juanico.
A l'Assemblée, le 9 avril, le député d'opposition Fabien Di Filipo (LR) a interpellé la ministre des JO Amélie Oudéa-Castéra sur la pièce de deux euros donnée aux élèves en souvenir. "Quel héritage pour les JO alors que beaucoup ont déjà été utilisées ou sont en vente sur internet?", a-t-il interrogé préconisant plutôt de financer, avec ces 16 millions d'euros, des "brevets d'Etat d'entraîneur".
Des pièces sont actuellement proposées sur un site de vente en ligne entre 25 et 500 euros.
"Je pense que si nous ne l'avions pas fait, nous l'aurions regretté et la représentation nationale aurait eu raison de nous le reprocher", s'est-elle défendu, après avoir mis en avant l'héritage du village olympique transformé en logements.
Quand l'Etat ajoute une dizaine de millions d'euros au budget du Cojo pour des équipements sportifs, normalement achetés par le Cojo, l'héritage est de nouveau mis en avant: ils seront redistribués à des clubs, avance l'Etat.
Sur la pratique sportive, autre héritage immatériel promis, Michaël Attali relève qu'en général, "l'année des JO on a un léger décollage, l’année n+1 on a un plateau et l’année n+2 on a un retour antérieur voire parfois il y a moins de licenciés qu’avant les JO". Il faudra attendre un peu pour voir si les JO en France font mieux.