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Le rugby, un sport plus exposé au Covid?

Après le "cluster" en équipe de France pendant le Tournoi des six nations, quatre matches de Top 14 ont dû être reportés ce week-end en raison du Covid-19: sport de contact par excellence, le rugby est-il plus exposé que les autres? Oui et non, répondent les médecins.

D'ordinaire collés les uns aux autres dans un grand moment de communion patriotique, les joueurs ont été contraints lors du dernier Tournoi de se tenir à un mètre de distance au moment des hymnes.

Accueillie avec résignation par certains acteurs - "c'est dommage, mais on fait avec", avait regretté l'international français Brice Dulin -, la mesure avait interloqué: à quoi bon faire cela avant de se rentrer dedans pendant 80 minutes?

"Ce n'est pas paradoxal. C'est de la statistique", assure le Dr Bernard Dusfour, président de la commission médicale de la Ligue nationale de rugby. "Il faut éviter de multiplier les risques. On ne tolère donc que les contacts indispensables à la pratique du jeu".

Peut-on vraiment contracter le Covid en poussant en mêlée, tête contre tête, ou en se jetant corps et âme dans un ruck? "L'ailier qui reste un peu sur son aile a forcément moins de risques que les joueurs de première ligne au combat", estime le médecin.

Son confrère Philippe Izard, médecin du Stade toulousain, est plus circonspect: "Je ne pense pas que la pratique elle-même du rugby soit plus à risque que les autres sports. Plaquer quelqu'un ou le pousser, ce n'est pas en soi quelque chose d'extrêmement contaminant. Et les mêlées ne sont pas si fréquentes et ne durent que quelques secondes".

De plus, relève-t-il, "c'est un sport que l'on pratique en plein air, ce qui est très favorable en terme de contagiosité parce que l'on sait que c'est surtout dans les milieux confinés que se propage le virus".

- Des effectifs très larges -

Le rugby semble tout de même davantage touché par le Covid qu'un autre sport collectif d'extérieur comme le football.

Douze joueurs du XV de France ont contracté la maladie en plein milieu du Tournoi. Et de nombreux matches de championnat ont été reportés depuis le début de la saison, dont quatre sur les sept de la 21e journée après la découverte la semaine dernière de cas positifs dans trois clubs différents: Toulon, Bordeaux-Bègles et Brive.

Les effectifs très étoffés des écuries du Top 14 peuvent être un élément d'explication, diagnostique le Dr Izard: "Ce n'est pas le basket. On s'entraîne quasiment à une quarantaine de joueurs".

Afin de limiter leurs interactions en dehors du terrain, le médecin toulousain a scindé en trois le vestiaire des Rouge et Noir et réduit la taille des tablées à la cantine, aérée le plus possible, comme la salle de musculation.

"Les vrais moments de contagiosité d'un groupe, c'est l'extra-rugby, quand ils mangent ou boivent un coup ensemble", explique-t-il, conscient que les clubs ne peuvent pas contrôler tout ce que font leurs joueurs en dehors des matches et des entraînements.

"On réduit au maximum le risque ici, mais on ne sait pas trop ce qui se passe chez eux", reconnaît-il. "On ne peut pas dire aux mecs de ne pas voir leurs enfants ou de ne pas aller les chercher à l'école".

Le Top 14 a d'ailleurs subi cette nouvelle vague de reports alors que les indicateurs sont à des niveaux très élevés dans le pays.

"On suit l'évolution de l'épidémie nationale", observe le Dr Dusfour. "Il y a plus de cas en ce moment, ce n'est donc pas étonnant de se retrouver avec plusieurs matches reportés alors que ça n'avait pas été le cas depuis un moment". Le rugbyman est aussi un homme ordinaire.

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