Accueil Sport

Mekhissi: "la plus dure des cinq"

Sacré pour la 5e fois champion d'Europe jeudi à Berlin, Mahiedine Mekhissi a estimé que cette victoire historique était la "plus dure".

Q: Vous êtes en quelque sorte l'assurance tous risques de l'athlétisme français...

R: "Je ne vais pas dire ça, je suis un homme, je ne suis pas une machine. L'année dernière, je n'ai pas fait de médaille (aux Mondiaux, ndlr) mais on va dire que j'essaye de répondre présent à chaque moment. Je ne me fais pas de cadeau au quotidien. Il n'y a pas de hasard dans la vie, c'est beaucoup de travail, d'entraînement, de sacrifices depuis plusieurs années. On n'a rien sans rien, si on veut continuer à faire rêver les gens, les supporteurs. Quand je me sens soutenu, c'est là que je me sens le plus épanoui, le plus heureux. Aujourd'hui, j'étais tendu, en termes d'émotion c'est l'une des courses les plus dures que j'ai réalisées. Avant la course, je me suis dit que j'allais peut-être gagner mon 5e titre de suite, que ce serait historique. Rien que le fait de me dire ça, ça m'a donné de la pression, du stress."

Q: Cela ne s'est pas vu...

R: "Une fois que j'étais dans le stade, j'étais content d'être là, je me suis dit c'est bon, je vais pouvoir me libérer. Je n'avais qu'une envie, c'est qu'on donne le départ. La journée a été longue, il fallait attendre. Avec l'âge et déjà quatre titres de champion d'Europe, ce n'est parfois pas simple de se motiver. J'ai su me surpasser, trouver des ressources pour aller chercher ce 5e titre et rester invaincu en Europe. Cela fait plus de dix ans que je suis là, j'ai cinq victoires, je ne peux qu'être fier de moi."

Q: Où placez-vous cette victoire par rapport aux autres?

R: "Celle-là, c'est un pas dans l'histoire, la plus dure des cinq. En termes d'émotion, ce n'était pas simple, il fallait se motiver après quatre victoires. Quand tu es attendu, que tu es leader, ce n'est jamais évident, c'est pesant au quotidien. C'est ça qui me fatigue, ce n'est pas l'entraînement, les compétitions. J'ai l'impression que je n'ai pas le droit de me louper, je ne me fais pas de cadeau, je n'ai pas le droit à l'échec. Je suis dur envers moi-même et parfois je me dis que j'aimerais bien souffler un peu. Là on me parle du 5000 m (samedi, ndlr), mais pour l'instant je n'ai pas envie de faire le 5000 m. Je veux profiter de mon 3000 m steeple et demain on verra. Si je n'ai pas envie de courir, je ne courrai pas. J'ai tellement puisé au fond de moi-même que je me sens vidé. Toute cette saison, j'ai été fatigué mentalement. Je ne dis pas que je veux prendre ma retraite mais parfois on y pense. J'ai envie de souffler, de faire un bon break à la fin de la saison. Je n'ai plus rien à prouver. Je dis ça parce que je me sens fatigué."

À lire aussi

Sélectionné pour vous