Accueil Sport

Mondial-2019 de rugby: la France, sifflet d'or au Japon

A couper le sifflet: avec un tiers des arbitres centraux de la Coupe du monde de rugby (20 septembre-2 novembre), la France est la nation la mieux représentée au Japon, une situation qui s'explique par des facteurs conjoncturels et structurels.

Jérôme Garcès, Romain Poite, Pascal Gaüzère et Mathieu Raynal porteront les couleurs tricolores au pays du Soleil levant, accompagnés d'Alexandre Ruiz, retenu comme juge de touche. Alors que les autres nations plafonnent au maximum à deux arbitres centraux (Australie, Angleterre et Nouvelle-Zélande, le pays de Galles et l'Afrique du Sud complétant le panel).

Quatre arbitres centraux, c'est un de plus que lors du Mondial-2015 en Angleterre, où la France figurait déjà en haut du podium (Garcès, Poite et Gaüzère). En 2011 en Nouvelle-Zélande, seul Poite officiait au centre.

Et "pendant des années, et même avant que je n'arrive (début des années 2000), il n'y avait qu'un ou deux arbitres français (au niveau international), jamais plus. C'était compliqué d'avoir gens qui s'installaient au très haut niveau", rappelle auprès de l'AFP Joël Jutge, ancien sifflet international français, aujourd'hui responsable des arbitres à l'EPCR, organisateur des Coupes d'Europe.

- Merci le Top 14 -

Ils sont donc désormais quatre voire cinq (Ruiz), et derrière eux certaines jeunes pousses, comme Pierre Brousset ou Ludovic Cayre, montrent les dents.

Garcès est par ailleurs dans la "short list" pour arbitrer la finale, le 2 novembre, après avoir officié lors de la finale de Coupe d'Europe Leinster/Saracens en mai. Il a aussi dirigé le choc Angleterre/Nouvelle-Zélande en novembre 2018, comme un test-match de la série des Lions britanniques et irlandais chez les All Blacks à l'été 2017, un des deux autres revenant à... Poite.

L'arbitrage français profite notamment de l'âpreté des joutes du Top 14. "Quand on arbitre 10/15 matches de Top 14 chaque saison, on est, à mon avis, préparé pour arbitrer les grandes échéances internationales. C'est un bon terreau d'apprentissage", avance Joël Dumé, directeur technique national de l'arbitrage jusqu'à cet été.

Mais le championnat de France proposait déjà des matches au couteau il y a une dizaine d'années. Il faut alors chercher les raisons dans l'avènement d'une "génération d'excellente qualité", quand "certains pays se sont retrouvés en difficulté", notamment en Europe (pays de Galles, Irlande mais surtout Ecosse), souligne Dumé.

- Nombril et politique -

Surtout, la politique de la Direction technique nationale de l'arbitrage a porté ses fruits. Les arbitres sont devenus professionnels en 2001 et, "contrairement à d'autres nations, on ne mettait pas tous nos espoirs sur une seule et même personne", raconte Dumé.

"On essayait de répartir les matches internationaux quand c'était possible, de lancer dans le grand bain plusieurs arbitres en même temps", ajoute-t-il.

Ceci afin de pouvoir s'appuyer sur un maximum d'arbitres fiables en championnat. "Le Top 14, c'est 182 matches par saison, il faut a minima 15 bons arbitres", explique Dumé.

La France a enfin cessé de regarder son propre nombril et d'être "en marge de ce qu'il se faisait au niveau international", toujours selon Dumé.

Elle a désormais le vent en poupe et doit en profiter, car "il faut être conscient que les choses vont se complexifier dans les mois et années à venir", prévient Jutge puisque "les arbitres français devront faire face à une concurrence plus forte".

Etre bien représenté à l'international constitue en effet un enjeu important en terme d'influence pour les fédérations. La puissante néo-zélandaise, par exemple, a mis un coup de fouet pour faire émerger les prometteurs James Doleman (28 ans), qui a dirigé la finale du championnat du monde des moins de 20 ans, remportée par la France en juin, et Paul Williams (34 ans), arbitre d'un test-match entre l'Australie et l'Irlande à l'été 2018.

À lire aussi

Sélectionné pour vous