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Mondial de basket: désormais les grands savent sauter

L'époque des grands échalas malhabiles appartient à l'histoire: désormais, les doubles mètres du basket savent sauter, tirer, passer et dribbler, comme l'a amplement confirmé le Mondial qui s'est terminé par la victoire de l'Espagne, dimanche à Pékin.

"On ne voit plus au plus niveau un grand qui est embêté au niveau de la course et de la coordination générale. Ce sont désormais des individus qui ressemblent aux joueurs plus petits", explique Jacques Commères, le directeur du pôle haut niveau de la Fédération française (FFBB).

L'exemple type de ce joueur du XXIe siècle est le Français Rudy Gobert. D'une taille (2,17 m) et d'une envergure (2,36 m) extraordinaires, il court presque aussi vite et saute presque autant que d'autres qui mesurent 20 au 30 cm de moins que lui.

Défenseur exceptionnel, parfois dangereux aussi en attaque près du panier, le pivot des Utah Jazz n'est pas (pas encore) un danger offensif de loin, mais nombre de ses rivaux ont aussi ajouté le tir à trois points à leur panoplie.

"Ce qui est remarquable dans les toutes dernières années, c'est de voir le nombre de joueurs de très grande taille qui sont capables d'être performants près du cercle, bien sûr, mais aussi dangereux dans des secteurs qui n'étaient pas du tout les leurs avant. On voit des grands polyvalents, avec de multiples compétences", souligne Jacques Commères.

- "Vous êtes grands dans la famille?" -

C'était le cas au Mondial de l'Espagnol Marc Gasol (2,15 m), de l'Argentin Luis Scola (2,04 m), de l'Australien Aron Baynes (2,07 m) ou de l'Américain Brook Lopez (2,13 m) entre beaucoup d'autres. En équipe de France, un joueur comme Louis Labeyrie (2,09 m) s'y essaie également.

La clef de cette évolution est à chercher dans la formation. "Auparavant, ces joueurs étaient cantonnés à des tâches très précises de rebonds, de pose d'écrans, de tirs très près du cercle. Ils ont désormais une formation complète", explique Jacques Commères.

"Il leur faut une prise en charge particulière. Au début, ils manquent de motricité et de coordination et la présence de grands peut faire perdre des matchs chez les jeunes. Mais il faut l'accepter car ils ont des potentialités pour l'avenir. Quand on a détecté quelqu'un de grand, il faut vraiment s'en occuper", poursuit-il.

Les fédérations du monde entier sont évidemment à la recherche de jeunes gens de (très) grande taille. "Nous en avons découvert un très grand nombre grâce à l'opération +L'avenir en grand+ lancée en 2006 dans toutes les régions", dit le technicien. "Et quand on croise quelqu'un de haute taille on ne peut pas s'empêcher de lui demander: +vous êtes grands dans la famille?+, avoue-t-il.

- 2,02 m de moyenne pour les Français -

En revanche, les radios du poignet des enfants qui permettaient de déterminer leur taille définitive "sont désormais interdites sans justification thérapeutique".

La conséquence de ces efforts est une augmentation de la taille moyenne des équipes au très haut niveau: 2,02 m pour la France au Mondial et jusqu'à 2,06 m pour les Serbes. L'équipe de France des moins de 16 ans qui est allée cet été en finale de l'Euro mesurait en moyenne 2,02 m. Chez les Bleus à la Coupe du monde, un seul joueur, le meneur Andrew Albicy, 1,78 m, était moins grand que la moyenne des Français, qui est d'1,79 m pour les hommes selon une étude de 2018 de l'IRMES (Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport).

"Les joueurs ne sont plus grands seulement aux postes d'intérieur, mais aussi d'extérieur voire d'arrière. Quand un meneur mesure 1,85 m, on le trouve petit", souligne Commères.

Alors, le basket, un sport réservé aux géants? "Non", corrige-t-il. "Il ne faut jamais avoir de critères d'exclusion. On peut avoir des joueurs de petite taille qui arrivent au top niveau international, même si c'est rare". Au Mondial, l'Australien Patty Mills (1,83 m) et l'Argentin Facundo Campazzo (1,81 m) ont ainsi été parmi les meilleurs. "Et on peut aussi en avoir qui ont le morphotype idéal et qu'on ne retrouvera pas au plus haut niveau pour des raisons techniques et mentales notamment", conclut Jacques Commères.

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